La Stib propose de démonter le toit du Palais du Midi pour débloquer le chantier du métro 3
Le chantier de cette portion de 120 mètres est aujourd’hui à l’arrêt. La Stib cherche une solution.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/f166b05f-7afb-4a3b-822a-63b609d32f88.png)
Publié le 10-02-2023 à 06h32 - Mis à jour le 10-02-2023 à 13h10
La construction de la nouvelle ligne de métro bruxellois butte depuis quelques mois sur un pépin de taille à l’endroit de la future station Toots Thielemans. Au cœur du quartier Stalingrad, un tunnel doit passer sous le Palais du Midi, une imposante construction de la fin du XIXe siècle située le long du boulevard Lemonnier. Problème : cette portion de 120 mètres traverse l’ancien lit de la Senne et les terres marécageuses qui l’entourent. Le sous-sol y est donc particulièrement meuble. Y construire un ouvrage de l’ampleur d’une nouvelle ligne de métro demande donc quelques aménagements, et non des moindres.
Dans un premier temps, il était prévu d’utiliser une technique particulière, différente de celle employée sur le reste du chantier du métro, consistant en l’injection de piliers en ciment dans le sol. Cette technique doit garantir la stabilité et l’étanchéité de l’ouvrage. Mais, dès l’entame des travaux à la mi-2021, le consortium d’entreprises en charge des travaux (qui réunit Besix, Jan De Nul Group et Franki Construct) soupçonne des soucis d’étanchéité. Les travaux sont alors suspendus, le temps de régler le problème.
Les mois passent et le chantier ne reprend pas. “Les travaux n’avançaient pas sous le Palais du midi, alors nous avons contacté plusieurs bureaux d’études pour dégager une solution technique permettant de remettre le chantier en marche”, raconte le CEO de la Stib, Brieuc de Meeûs.
Démonter le toit du Palais du Midi
La solution qui est alors proposée consiste en la construction de piliers plus larges, qui descendent plus profondément dans le sol afin de les poser sur un socle suffisamment dur. Mais le consortium d’entreprises a évalué, en juin 2022, ces travaux à près de 170 millions d’euros pour un délai d’environ 8 ans. Beaucoup trop, aux yeux de la Stib, sachant que le creusement des quelque 800 mètres de tunnel avant d’arriver sous le Palais du Midi coûte la même somme.
La société de transport a alors demandé aux entreprises d’appliquer les prix prévus dans les contrats initiaux, moyennant quelques adaptations telles que l’inflation. “Au mois de janvier de cette année, nous avons constaté que les travaux n’avaient pas recommencé. À la fin du mois, nous avons fait signifer un défaut d’exécution, ce qui est extrêmement rare dans ce genre de chantier ! Le 3 février, l’entreprise a dit refuser la reprise des travaux”, raconte le CEO.
Mais le blocage n’est pas une option. Afin de sortir de l’impasse, deux scénarios sont sur la table et doivent faire l’objet de négociations : soit l’entreprise revoit le coût des travaux initiaux à la baisse, soit il faudra utiliser une autre technique. “Si on ne sait pas passer par en dessous du Palais du Midi, il faudra qu’on passe dans le Palais du Midi”, résume le CEO de la Stib.
Les deux façades demeurent
”Il s’agit en fait de démonter une partie du toit du Palais du Midi pour faire entrer les grues à l’intérieur du bâtiment. Nous pourrions alors utiliser la même technique que celle que nous avons employée sur le reste du chantier”, développe Brieuc de Meeûs. Cette technique, en l’occurrence, consiste à réaliser deux murs en béton de chaque côté de l’endroit où circulera le métro. L’espace entre les deux murs est ensuite recouvert d’une épaisse chappe en béton. Cela crée une sorte de caisson dont on extrait ensuite la terre et les gravats à travers des sortes de puits percés à la surface. La technique a fait ses preuves puisqu’elle a été utilisée pour construire l’ensemble du métro bruxellois.
Mais cette méthode implique de faire entrer les grues et les excavatrices entre les murs du bâtiment historique situé en plein cœur de Bruxelles, qui abrite aujourd’hui une salle de sport.
À noter qu’il n’est pas question de détruire ou de démanteler l’ensemble du bâtiment. “Les deux façades resteraient en place, un peu comme on le fait actuellement sur la place De Bouckère”, précise M. de Meeûs.
Une facture encore inconnue
Mais deux inconnues demeurent, et pas n’importe lesquelles : le coût des travaux et leur durée. Ce sont pourtant les deux critères qui permettront de choisir entre les deux techniques. “Nous devrons choisir celle qui est la plus raisonnable du point de vue du prix et du délai”, explique le CEO, qui glisse par ailleurs un autre argument en faveur du passage par le toit du Palais du Midi. “Si les sommes mobilisées sont similaires, on pourrait avoir en prime une rénovation du Palais du Midi. Je reste très prudent mais il faudra bien mesurer la valeur ajoutée pour la ville de chacune des deux techniques.” Pas question d’y aller au forcing, assure la Stib. “Nous n’avons pas de préférence, cela va vraiment dépendre des délais et du coût total. Mais nous devons être prêts à envisager les deux”, assure Brieuc de Meeûs.
Il revient désormais à l’entreprise générale d’évaluer le coût de tels travaux. La réponse devra parvenir avant le 8 mars, la dernière échéance fixée par la Stib avant de décider d’une exclusion des entreprises.