Une enquête sur les signes convictionnels à la Stib suscite l’embarras : “Nous sommes consternés par cette enquête et par sa fuite dans la presse”
L’entreprise de transport doit proposer une nouvelle politique de neutralité dans les prochaines semaines.
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Publié le 21-02-2023 à 18h55 - Mis à jour le 21-02-2023 à 22h34
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La fuite de l’enquête interne de la Stib en aura irrité plus d’un. Le centre d’action laïc révélait lundi, par communiqué de presse, les résultats d’une enquête menée auprès du personnel de l’entreprise de transport bruxellois sur la perception des enjeux de la neutralité. Il en ressortait qu’un travailleur sur cinq affirme avoir été confronté à des collègues insistants ou cherchant à les faire adhérer à certaines de leurs idées religieuses, politiques ou philosophiques.
La moitié des travailleurs interrogés indique aussi se sentir à l’aise si un collègue porte un signe ou vêtement à caractère philosophique, politique ou religieux sur le lieu de travail et 40,9 % déclarent, à l’inverse, se sentir mal à l’aise par rapport au port d’un signe conventionnel.
Une autre question portait sur l’idée de porter des signes conventionnels au travail. Et là, les résultats cumulés montrent que 62,6 % des travailleurs préfèrent que les signes à caractère religieux ne soient pas portés au travail.
Consternation du représentant syndical
Les résultats de l’enquête et sa publication vers l’extérieur ont suscité un certain malaise. Tant chez les travailleurs qu’au sein de la direction.
“Nous sommes consternés par cette enquête et par sa fuite dans la presse”, indique Oliver Rittweger de Moor, chauffeur de bus, représentant syndical CSC et représentant des travailleurs au sein du conseil d’entreprise. “Sur le terrain, nous observons plutôt une grande fraternité entre les membres du personnel, peu importe la confession. Moi-même, en 19 ans à la Stib, je n’ai jamais assisté à des faits de prosélytisme. Les résultats de cette enquête ne reflètent pas la réalité”, assène-t-il.
Le travailleur déplore d’ailleurs que les syndicats n’aient pas été associés à cette enquête. Il décèle par ailleurs une erreur de pondération dans les résultats. “Les ouvriers n’avaient ni le temps, ni les moyens de répondre. Seuls les cadres ou les professions de bureau en ont eu l’occasion”. La méthodologie de l’enquête précise toutefois que les 1 329 réponses retenues ont été pondérées selon le poids relatif de chaque catégorie de personnel dans l’organisation de l’entreprise.
L’enquête, un élément parmi d’autres
Pour rappel, le 3 mai 2021, la justice belge condamnait la Stib pour discrimination basée sur les convictions religieuses et le genre. Le gouvernement bruxellois avait alors donné un cadre à l’entreprise. L’interdiction du port des signes convictionnels doit rester le principe de base mais des dérogations doivent être possibles pour les fonctions qui ne relèvent pas d’une fonction d’autorité ou qui ne sont pas en contact relationnel avec le public. C’est sur cette base que l’enquête qualitative interne qui a fuité dans la presse ce lundi a été lancée.
”Cette enquête est l’un des éléments du trajet que nous avons entamé en juin 2022 afin de repenser notre politique de neutralité, précise l’entreprise, dont le travail a été bousculé par la publication de cette enquête. La STIB a également organisé d’autres actions comme des groupes de discussion, des entretiens individuels, une journée thématique réunissant des participants internes et externes à l’entreprise. Tous ces éléments, participent au travail de construction de la future politique de neutralité qui sera proposé prochainement aux organes de gestion. Nous savons déjà que nous ne pourrons pas satisfaire tout le monde à 100 % et que la solution qui sera mise en place sera nécessairement une solution de compromis. Le souhait de la STIB est d’aboutir à une solution qui ne sera peut-être pas parfaite mais avec laquelle chaque stibien pourra vivre et travailler sereinement au sein de l’entreprise.”
Du côté du gouvernement bruxellois, on se refuse pour l’heure à commenter ces chiffres. “Un processus est encore en cours, et il devra en résulter une proposition de la direction de la STIB”, nous précise le cabinet d’Elke Van den Brandt (Groen), ministre bruxelloise de la Mobilité.
Ce fameux processus prévoit également que le ministre-président bruxellois, Rudi Vervoort (PS), présente au gouvernement un avant-projet d’ordonnance visant à interdire dans les services et entreprises publiques de la région bruxelloise toute forme de prosélytisme.