Les chiffres fous des vols de vélos en Belgique : "Les bons voleurs arriveront à bout de n'importe quel cadenas"
Lors du premier trimestre 2022, environ 600 vélos ont été volés chaque jour en Belgique mais de nombreuses victimes sont dissuadées à l’idée de porter plainte.
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Publié le 06-03-2023 à 09h19 - Mis à jour le 06-03-2023 à 09h20
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Jeudi dernier, Philippe, un jeune trentenaire bruxellois, était avec des amis dans le quartier Flagey lorsque, en l’espace de quinze minutes, son vélo de course a été volé. "Je l’avais accroché à un arceau vélo avec un cadenas Abus pliable de niveau 9. Je pense qu’il a été volé par des professionnels. Les arceaux vélos se multiplient dans les rues et je pensais que c’était une bonne chose mais visiblement, ce n’est pas suffisant. La meilleure solution reste de mettre un traceur GPS sur son vélo", estime ce Bruxellois dont le même vélo avait déjà fait l’objet d’une tentative de vol un mois auparavant… devant un commissariat.
La pratique du vélo est en constante évolution en Belgique mais dans le même temps, le nombre de vols n’a jamais été aussi élevé. Selon les derniers chiffres communiqués par la police fédérale, 26.714 déclarations de vols de vélos ont été enregistrées durant l’année 2021, soit plus de 73 déclarations par jour. Sur le premier trimestre 2022, 13.386 déclarations ont été enregistrées (149 par jour) mais dans la réalité, le nombre de vols est largement supérieur et avoisine quotidiennement 600.
"Beaucoup de victimes sont dissuadées de porter plainte car bien souvent, cela n’aboutit à rien. La police a d’autres priorités que les vols de vélos", explique Luc Goffinet, chargé de politique wallonne et fédérale au Gracq, l’association de défense des cyclistes en Belgique. "Selon la police, il convient dès lors de multiplier par trois ou quatre les déclarations de vols pour avoir une idée plus réaliste du nombre de vols en Belgique. Nous recommandons de systématiquement porter plainte en ligne sur police-on-web.be pour que cette problématique devienne une priorité des zones de police et que plus de moyens soient mis en œuvre pour lutter contre ce fléau."
Selon lui, la priorité absolue doit être mise sur le développement de parking sécurisé avec code d’accès afin d’éviter toute mauvaise surprise. "On conseille souvent d’avoir un bon cadenas mais cela ne suffit pas. Les voleurs bien équipés arriveront rapidement à bout de n’importe quel cadenas. Aucun cadenas n’est infaillible. Nous demandons dès lors d’accélérer le nombre de parkings sécurisés dans l’espace public et dans les pôles multimodaux comme les gares et stations de métro, avec un véritable contrôle d’accès pour éviter à n’importe qui de pouvoir y accéder", poursuit Luc Goffinet.
"A Bruxelles, toute nouvelle construction d’immeuble doit être accompagnée d’un local sécurisé pour les vélos mais pas en Wallonie."
La situation est particulièrement préoccupante dans les grandes villes comme Bruxelles, Namur ou Anvers où la densité du bâti ne permet pas de multiplier les boxes vélos. "Les listes d’attente sont énormes. Les habitants n’ont pas la possibilité de laisser leur vélo chez eux car bien souvent, ce sont des vieilles maisons avec des couloirs étroits. Il est très facile de procéder à l’effraction d’une porte d’entrée et d’accéder à un couloir. Désormais, le règlement régional d’urbanisme à Bruxelles impose aux nouveaux immeubles d’avoir un local fermé mais en Wallonie, on est encore loin du compte. Il n’y a aucune obligation de prévoir de stationnement vélo sécurisé dans les nouveaux immeubles alors que cela permettrait d’inciter un maximum de personnes à se mettre au vélo", conclut-il.