La Wallonie inaugure son premier tronçon d’autoroute à vélos vers Bruxelles
La première (petite) portion est désormais opérationnelle. D’autres suivront, mais le défi est de taille.
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Publié le 05-05-2023 à 19h51
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Le réseau des autoroutes à vélo a enfin son premier tronçon en Wallonie. Ce vendredi était inauguré un premier segment d’1,85 kilomètre le long de la N275 entre La Hulpe et la frontière de la région flamande. Une première certes encore timide, mais qui devrait en appeler d’autres dans les prochains mois et années. C’est que la Wallonie entend combler son retard en matière de réseau cyclable et compte bien faire du vélo un moyen de transport utilitaire. Elle compte pour cela sur les “cyclostrades”, ces autoroutes à vélo, comme il en existe déjà des centaines de kilomètres en Flandre et dans la capitale.
La cyclostrade, c’est la Rolls-Royce de la piste cyclable. Selon la définition donnée par le Service public de Wallonie (SPW) Mobilité, il s’agit des voies exclusivement destinées aux vélos ou aux trottinettes, séparée du trafic automobile. Ces voies sont aménagées avec une largeur cyclable recommandée de deux mètres par sens de circulation afin de rouler à deux de front, de permettre le dépassement et circuler avec des engins larges (comme les vélos-cargos). La circulation doit y être rapide en évitant au maximum les interruptions du parcours des cyclistes, à l’instar des autoroutes pour voitures. Mais surtout, ces cyclostrades sont installées le long d’itinéraires à haut potentiel cyclable. Objectif fixé par le SPW : 2000 cyclistes par jour.
Cinq axes vers Bruxelles
Le premier tronçon inauguré vendredi intègre un axe plus grand qui devra relier à terme Bruxelles à Ottignies. Les études concernant la suite du parcours seront lancées dans le courant de l’année. C’est en fait cinq corridors vélos qui relieront Bruxelles aux grands pôles du Brabant wallon (voir infographie). L’ambition est ici claire : faire du vélo une alternative à la voiture pour les navetteurs.
À l’ouest, la piste flamande F20 (qui va jusque Hal) sera prolongée de quelques kilomètres pour atteindre Tubize. Une autre cyclostrade est prévue dans la continuité de la F207 jusque Braine l’Alleud. Des études sont en cours pour l’axe vers Genappe, en passant par Waterloo. Enfin, une cinquième route est prévue vers Louvain-la-Neuve.

Voilà pour les axes qui relient Bruxelles à sa périphérie sud. Mais d’autres projets existent également entre les pôles wallons. Le Brabant wallon a par exemple reçu une subvention afin de se pencher sur la construction d’une cyclostrade le long de la vallée de la Dyle. Des études sont actuellement lancées pour établir le tracé d’une cyclostrade entre Namur et Louvain-la-Neuve. Une quinzaine de projets sont également à l’étude en région liégeoise. D’autres encore sont attendus du côté de Charleroi.
Tous devraient, à terme, être estampillés du logo C dans un triangle bleu, symbole des cyclostrades.
Les communes peu enclines ?
Si l’ambition politique est là, les défis demeurent nombreux. Ce type d’infrastructure demande parfois de solides aménagements de territoire ou la construction d’ouvrages de génie civil comme des ponts ou des passerelles. Dans les cas les plus complexes, il faut parfois passer par des expropriations. Et de manière plus générale, il s’agit de repenser les voiries en prenant une partie de l’espace aujourd’hui alloué à la voiture. Autant de décisions qui sont généralement mal reçues. “Lors de notre dernier baromètre cyclable réalisé en Wallonie, seules deux communes ont été considérées comme vraiment favorables au vélo”, illustre Luc Goffinet, Monsieur Wallonie au sein du Gracq, une des associations de défense des cyclistes.
L’organisation réalisera d’ailleurs un nouveau baromètre à la fin de l’année afin de voir si les mentalités ont évolué. “Si on veut créer un réseau de voies où les cyclistes se sentent à l’aise entre les grands pôles, il faut la participation de l’échelon local. Les cyclostrades à elles seules ne vont pas sauver la Wallonie”, sourit M. Goffinet. “Dans les villages, cela n’a par exemple pas vraiment de sens. D’autres aménagements sont plus efficaces, à l’instar des rues cyclables limitées à 30 km/h où les cyclistes ont la priorité. La Flandre et Bruxelles le font. Mais on sent bien que dès qu’il est question de prendre de la place à la voiture, cela éveille des hostilités”, pointe-t-il encore.