6,2 millions d'excès de vitesse en 2022: voici les routes les plus à risques en Belgique (CARTE)
Les grandes autoroutes et nationales trustent, assez logiquement, les premières places des routes où les excès sont les plus nombreux.
- Publié le 02-06-2023 à 10h58
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Les chiffres viennent tout juste d’être dévoilés par la police fédérale. Et ils sont particulièrement interpellants. Sur l’ensemble de l’année 2022, près de 6,2 millions d’automobilistes ont été verbalisés pour avoir commis un excès de vitesse sur nos routes. Soit près de 17.000 verbalisations quotidiennes. Un chiffre en nette hausse par rapport aux années précédentes. Si on exclut les années 2020 et 2021 perturbées par le covid et les différents confinements, on constate une hausse de 52 % des infractions de vitesse depuis 2019.
Les automobilistes belges mais aussi étrangers ont-ils de plus en plus le pied lourd lorsqu’ils empruntent nos routes ? Selon Benoît Godart, porte-parole de l’Institut Vias et expert en matière de sécurité routière, les chiffres des infractions en 2022 sont à relativiser. Notamment car ils sont gonflés par la fin de la tolérance désormais ordonnée par le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne. Auparavant, les radars fixes ne flashaient pas tous 24 heures sur 24. Et une tolérance sur la vitesse était parfois mise en place. “Autrement dit, certains radars d’autoroute étaient éteints la nuit ou ne flashaient qu’à partir de 135 km/h voire plus, analyse Benoît Godart. Désormais, ils fonctionnent en permanence et flashent à partir de 129 km/h (NDLR : pour respecter la tolérance technique). Et, forcément, cela fait gonfler les chiffres des procès-verbaux.”
L’an dernier, 4 millions d’excès de vitesse (65 % du total) de moins de pas moins de 10 km/h ont été sanctionnés, contre “seulement” 2,7 millions en 2021. Soit une hausse de près de 50 % en un an.

Cela étant, on observe que près de 70 % des verbalisations sont recensées au nord du pays. Il n’en fallait pas plus pour des élus flamands comme Wouter Raskin (N-VA) ou Joris Vandenbroucke (Vooruit) pour alimenter le bashing anti-wallon et bruxellois, estimant qu’en matière de sécurité routière, la Belgique avance à deux vitesses. “Ces critiques étaient encore justifiées il y a quelques années mais elles le sont beaucoup moins aujourd’hui car la Wallonie s’est équipée de plus en plus de radars tronçons sur ses autoroutes, tempère Benoît Godart. Il est désormais très difficile de faire un trajet du quotidien sans passer devant un radar, même en Wallonie. Les chances de voir sa vitesse être contrôlée ont considérablement augmenté.”
De manière pas suffisante, toutefois, pour égaler le maillage de radars mis en place en Flandre. “On part de plus loin effectivement. Mais nous ne sommes pas dans une course à celui qui détiendra le plus de radars sur son territoire. Le but premier d’un radar n’est pas de remplir les poches de l’état mais d’améliorer la sécurité routière. Et la fin de la tolérance a déjà permis cela. Ceux qui avaient l’habitude de mettre leur cruise control à 140 km/h sur autoroute l’ont désormais baissé à 128 km/h. Et la mise en place d’un parquet national de sécurité a mis fin à l’impunité car toutes les infractions sont désormais poursuivies. Cela met fin à un certain sentiment d’impunité.”
Répondant aux critiques flamandes, la ministre wallonne de la Sécurité routière, Valérie De Bue, dit “s’atteler à améliorer drastiquement la sécurité routière, en plaçant des radars et des radars tronçons supplémentaires”.
Jusqu’en 2020, on ne comptait qu’un seul radar-tronçon en Wallonie : celui du tunnel de Cointe, pourtant installé dès 2008. Mais depuis son entrée en fonction à son poste en 2019, la ministre a appuyé sur l’accélérateur. Fin 2022, on comptait 29 radars-tronçons en Wallonie. Et une trentaine d’autres seront encore installés en 2023, portant à 62 leur nombre d’ici la fin de l’année.
Voici le TOP 100 des routes où l'on commet le plus d'excès de vitesse
La Dernière Heure en a profité pour analyser les rapports annuels des 185 zones de police du pays. Pour dresser une carte des routes (Top 30 en Wallonie, Top 20 en Flandre et à Bruxelles) où les excès de vitesse sont les plus nombreux. Fort logiquement, ce sont les autoroutes et rings autour des grandes agglomérations qui sont les plus sujets aux dépassements des limitations de vitesse. Avec, en première place du hit-parade, l’E19 à hauteur d’Anvers où près de 250.000 procès-verbaux – soit près de 700 par jour ! – ont été dressés. Ensuite le ring de Bruxelles avec 181.000 excès de vitesse constatés l’an dernier, dont un peu moins de 52.000 rien qu’à Zaventem et autant à Wezembeek.

Dans le Top 100 des routes les plus à risques, seules une vingtaine sont situées en Wallonie. Pour Benoît Godart, il ne faut toutefois pas voir en ces chiffres une preuve d’un certain laxisme wallon. “La densité de trafic n’est pas la même en Flandre que dans les endroits les plus reculés de Wallonie, commente-t-il. Si elle met en place un contrôle de vitesse mobile à Doische ou Lustin, la police pourra contrôler beaucoup moins de monde que sur l’autoroute d’Anvers. En restant une heure au même endroit, vous enregistrerez beaucoup plus de passage, et donc de possibilités d’automobilistes en infraction, du côté d’Anvers.”
Cela expliquerait aussi en partie les raisons pour lesquelles il y a beaucoup moins de radars fixes dans les endroits les plus reculés de Wallonie. “Même si ces routes sont parfois plus sujettes aux excès de vitesse en raison de longues lignes droites, je peux comprendre que la Wallonie préfère sécuriser les axes les plus fréquentés plutôt que de dépenser des dizaines de milliers d’euros pour mettre des radars sur une route où il passe moins de 500 automobilistes par jour.”
Voici la carte des routes les plus à risques par région

