Noir c’est noir. Mais il y a de l’espoir
Paradoxe des paradoxes : la législature qui s’achève, prématurément, a connu une très forte aggravation des comptes de l’Etat belge (déficit et dette publique, notre cancer national). Pourtant, tous les observateurs s’accordent à dire que la rigueur a été bien supérieure au cours de ces trois années que lors des huit années qui avaient précédé, de 1999 à 2007. Attention: ceci n’est pas un BelgicainTurtelboom fâchée contre plusieurs bourgmestres flamands de BHVPour mieux comprendre BHV ...
Publié le 18-05-2010 à 10h00 - Mis à jour le 18-05-2010 à 10h21
:focal(99x81:109x71)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/JUFC4NFHGBC3DG6GWLJVPYF6TA.jpg)
Paradoxe des paradoxes : la législature qui s’achève, prématurément, a connu une très forte aggravation des comptes de l’Etat belge (déficit et dette publique, notre cancer national). Pourtant, tous les observateurs s’accordent à dire que la rigueur a été bien supérieure au cours de ces trois années que lors des huit années qui avaient précédé, de 1999 à 2007.
A l’époque, on se disputait, non pas pour savoir comment répartir les sacrifices mais bien pour savoir comment distribuer les fruits de la croissance. Pourtant, ces coalitions ont tout juste réussi à maintenir l’équilibre budgétaire grâce à une multitude d’opérations "one shot" (non récurrentes) dont on payera longtemps encore l’addition salée : "sale et leaseback" de bâtiment ou, dans le même esprit, reprise des fonds de pension de certaines entreprises publiques. Il faut être juste : ces opérations ont quand même permis de faire fondre la dette à 84 % du Produit intérieur brut en 2007, réduisant ainsi les charges d’intérêt. N’empêche : si on avait assaini plus drastiquement en période de haute conjoncture, la situation actuelle serait meilleure.
Catastrophique la situation actuelle ? Non, mais très difficile. Et le fait que nombre de pays européens ont une situation budgétaire bien plus problématique que la nôtre, ne doit évidemment pas dispenser la Belgique de poursuivre son assainissement budgétaire. Comment est-on passé d’un quasi-équilibre budgétaire en 2007 - artificiel on l’a vu - à un déficit de 4,8 % en 2010 et comment la dette est-elle repassée en trois ans de 84,2 % à 100,6 % ? Deux explications. Il y a d’abord eu la très longue crise gouvernementale. L’impossibilité de créer un gouvernement fédéral, au lendemain des élections de juin 2007 a plongé le pays dans une très longue crise politique. Avec des gouvernements intérimaires, des Premiers ministres de passage (Verhofstadt, Leterme, Van Rompuy, Leterme ), cette très longue période n’a pas permis une gestion très dynamique des finances publiques. Le déficit s’est creusé.
L’aggravation des finances publiques trouve son origine principale dans la crise bancaire qui a entraîné un cataclysme financier et économique. En septembre 2008, les plus grandes banques du pays ont connu la déroute et n’ont dû leur salut que grâce aux interventions massives de l’Etat belge, soit en participations, (Dexia Fortis, Ethias), soit en prêts (KBC, Kaupthing), soit en garanties de l’Etat. Des investissements dans les banques (participations et prêts) évalués à quelque 15,4 milliards tandis que les garanties portées à 91,9 milliards. L’impact sur les finances publiques a été immédiat : le déficit a plongé à 5,9 % du PIB en 2009 et la dette a repassé la barre 100 % en 2010.
Autre paradoxe de cette situation : ces opérations publiques dans les banques rapportent plus que ce que l’Etat a investi : 713,4 millions d’euros en 2009 et 1,147 milliard en 2010. Et si l’Etat devait revendre ses participations (il est aujourd’hui le plus gros actionnaire de BNP-Paribas-Fortis avec 11,69 %, il en retirerait sans doute une belle plus-value (sauf en cas de nouveau crash boursier, évidemment).
La Belgique a déposé un programme de stabilité auprès de la Commission européenne qui prévoit un retour assez rapide à l’équilibre : sans encombre - ce qui reste évidemment à démontrer - le déficit devrait être de 4,1 % en 2011, de 3 % en 2012. Et l’équilibre devrait être atteint en 2015. Si tout va bien