Le chantier des pensions avorté

C’est une petite note rédigée le 6 mai à l’intention du Conseil des ministres. Elle commence par ces mots : "Le ministre des Pensions (et la ministre des Indépendants) regrettent l’effet que la situation politique actuelle pourrait avoir sur les acquis résultant du Livre vert." Elle sonne en fait le glas de la conférence nationale des pensions.Participez à nos débats politiquesEdito: ExplosifPS: Des appareils dentaires gratuits pour jeunesMR: Généralisation du second pilier de pensionCDH: Une fracture d'hôpital plafonnée à 200 eurosEcolo: Meilleure protection pour les indépendantsNotre page élections 2010

V. R.
Le chantier des pensions avorté
©Johanna de Tessieres

C’est une petite note rédigée le 6 mai à l’intention du Conseil des ministres. Elle commence par ces mots : "Le ministre des Pensions (et la ministre des Indépendants) regrettent l’effet que la situation politique actuelle pourrait avoir sur les acquis résultant du Livre vert." Elle sonne en fait le glas de la conférence nationale des pensions.

La réforme des pensions devait pourtant être le grand chantier de la législature. Le vieillissement de la population doit commencer à produire ses effets dès l’an 2011. Et c’est peu dire que la Belgique n’est pas prête. Le fonds de vieillissement a été alimenté quelques années. Puis plus rien. Il dispose aujourd’hui d’un peu plus de 16 milliards d’euros. À peine de quoi financer une demi-année de pensions.

Le gouvernement s’était engagé à amorcer des réformes pour garantir le financement des pensions dans le futur. Une Conférence nationale a été mise sur pied. On y retrouvait les interlocuteurs sociaux et des représentants des partis de la majorité. Du retard a été pris, notamment parce que la ministre qui avait initié le processus, Marie Arena, a dû céder le flambeau à Michel Daerden pour des raisons internes au parti socialiste. Sous la férule de Michel Jadot, l’ancien patron du ministère de l’Emploi, cette Conférence nationale a fini par accoucher d’un livre vert. L’ouvrage fait 160 pages environ. Tous les constats sont dressés. Les questions posées. La deuxième vitesse pouvait dès lors être enclenchée. Une série de concertations et de consultations devaient avoir lieu et déboucher sur les grandes lignes d’une réforme. L’objectif était d’aboutir avant la présidence belge. Mais la crise politique a tout fait capoter. Le prochain gouvernement ne devra pas repartir de zéro. Mais presque.

Le futur exécutif devra aussi sérieusement se pencher sur le financement de la sécurité sociale - les deux débats sont étroitement liés. La crise a mené la Sécu dans le rouge - 4 à 5 milliards d’euros de déficit. Les trous ont été colmatés. Mais avec des bouts de ficelles. Des changements structurels s’imposent - notamment parce que le financement de la Sécu repose trop lourdement sur les revenus du travail. Laurette Onkelinx (PS), Alexander De Croo (Open VLD) ou Joëlle Milquet (CDH) ont tenté d’amorcer le débat. Mais cela n’est pas allé plus loin que de vagues déclarations.

S’il n’a guère pesé sur le long terme, le gouvernement fédéral aura pu gérer l’immédiat. Les plus basses pensions - y compris celles des indépendants - ont connu une nouvelle revalorisation. En soins de santé, des moyens supplémentaires ont été dégagés pour le traitement des cancers et une revalorisation du métier d’infirmières. La ministre de la Santé, Laurette Onkelinx (PS), est aussi parvenue à mettre sur pied un fonds d’indemnisation des accidents médicaux. Cela faisait près de 20 ans qu’on en parlait.

L’immédiat, cela a aussi été l’urgence. Mais on ne peut pas dire que la gestion de l’épidémie de grippe A/H1N1 a été des plus limpides. Commet a-t-on pu aller jusqu’à demander au Parlement des pouvoirs spéciaux ? Jusqu’à imaginer, dans un premier temps, pouvoir se passer des généralistes dans la campagne de vaccination ? Ces questions méritent une réponse. Pour se montrer à l’avenir moins désemparé.

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