Budget: Chastel annonce un contrôle light de 78 millions
Le ministre du Budget ne cache pas sa satisfaction à la lecture de la dernière évaluation du Comité de monitoring des finances de l’Etat. Cela dit, l'effort devra être maintenu.
Publié le 07-07-2012 à 10h10
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Olivier Chastel, ministre du Budget (MR), ne cache pas sa satisfaction à la lecture de la dernière évaluation du Comité de monitoring des finances de l’Etat. Mais il veut rester prudent. Et prévient : toute dépense nouvelle, y compris pour la relance de l’économie, devra être compensée.
A vous voir souriant, on devine que les nouvelles budgétaires sont bonnes… ?
L’analyse du Comité de monitoring est rassurante : il nous dit que pour l’Etat belge dans son ensemble, la différence entre la situation d’aujourd’hui et le contrôle budgétaire de mars représente 214 millions d’euros en négatif. Nous sommes à -2,9 % de déficit par rapport au PIB au lieu des -2,8 % de notre trajectoire budgétaire. Ce montant se divise ainsi : 78 millions pour l’entité 1 (Etat fédéral et sécurité sociale) et 136 millions pour l’entité 2 (les Régions, Communautés, les pouvoirs locaux). Je ne veux pas m’exprimer sur l’entité 2 d’autant que les 136 millions sont le fruit d’un boni de 58 millions pour les entités fédérées et d’un mali de 194 millions pour les entités locales. Je ne peux que donner ce chiffre, qui n’interviendra pas dans nos prochaines discussions budgétaires. Le fédéral, lui, devra trouver 78 millions.
Ce n’est finalement pas grand-chose…
En effet. Nous avons additionné un certain nombre de bonnes nouvelles sur le plan macroéconomique. La croissance est un peu plus au rendez-vous que prévu. La comité retient 0,5 % pour toute l’année. Nous venons de 0,3 % au 1er trimestre. On nous annonce par contre des trimestres plus compliqués, à la fin de l’année. Autre élément important : l’inflation diminue, ce qui a pour effet de retarder le moment où l’on franchira l’index pour l’augmentation des salaires des fonctionnaires, des pensions et des allocations sociales.
Il n’y aura donc pas d’indexation en 2012 ?
La prochaine fois, ce sera en janvier 2013, selon la dernière analyse en la matière. C’est donc une bonne nouvelle pour le budget 2012 et notre trajectoire. En mars, nous avions intégré une indexation pour octobre-novembre. Le deuxième élément positif, c’est la manière dont nous gérons ce budget. Depuis six mois, nous contrôlons toutes les dépenses de l’Etat. Cette technique de prudence budgétaire donne d’évidents résultats.
Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes…
On ne peut évidemment aller jusque-là. Dans une économie ouverte comme la nôtre, il faut une croissance d’au moins 2 % pour retrouver un différentiel positif en matière d’emplois, donc de cotisations sociales et de réduction du chômage. On n’en est pas là. On va perdre 30 000 emplois cette année, 20 000 l’année prochaine en chiffre net. On perd donc plus d’emplois qu’on en crée.
Les 11 milliards d’économies, l’an dernier, sont-ils bien au rendez-vous ?
Le Comité de monitoring a passé au crible les cinq premiers mois de l’année. Cela permet de tendre vers des bonnes estimations, mais il faut rester prudent. Il faudra voir par exemple la deuxième volée de versements anticipés ou encore le deuxième semestre en matière de TVA.
On pourrait se dire que les nouvelles prévisions (0,5 %) de croissance représentent 700 millions en plus…
Mais ce n’est pas si simple. Le comité n’en tient pas compte, car il est probable que toutes les mesures décidées en début d’année n’atteignent pas leur rendement escompté. Nous l’évaluerons en fin d’année. Mais nous sommes sur la bonne voie.
Quels sont les postes qui sont en retrait ?
Les taux d’intérêt pour les emprunts liés à la charge de notre dette sont au plus bas. On va gagner 148 millions grâce à cela. En revanche, les recettes fiscales sont de 54 millions inférieures aux prévisions. Mais les transferts vers l’Union européenne et les Régions et Communautés, seront de 40 millions inférieurs à ce qui était prévu. Les recettes non fiscales affichent un manque à gagner de 213 millions. Autre élément important : le comité, comme en mars, ne croit pas au 250 millions liés aux compétences usurpées (payées par le fédéral mais portées par les entités fédérées, NdlR). Donc s’il y avait une franche collaboration avec ces entités, nous aurions un boni de 180 millions à utiliser, qui sait, à des politiques de relance.
Le fédéral a-t-il renoncé à récupérer ces 250 millions ?
Une discussion politique va à nouveau s’ouvrir au gouvernement. Moi je continue à vouloir négocier. C’est important pour 2012 mais encore plus pour 2013 car là, on parlera de 300 millions.
Les dépenses sont-elles sous contrôle ?
On semble être dans le bon pour ce qui concerne les dépenses primaires de l’Etat. On pourra probablement atteindre l’objectif de 850 millions non dépensés en fin d’année. Cela montre toute la rigueur dont nous faisons preuve. Il faut aussi noter une bonne tenue de la sécurité sociale dont le résultat s’améliore de 274 millions d’euros. Mais il faut être prudent, et continuer à éplucher les dépenses de l’Etat. Certains ministres ne sont pas toujours contents qu’on remballe leurs projets, mais cela porte ses fruits. Je plaide aussi pour le maintien d’un gel des dépenses jusqu’en septembre, où l’on aura les perspectives 2 013.
On parle beaucoup de la stratégie de relance : il faudra bien y consacrer quelques moyens…
Il y a des mesures de relance qui ne coûtent rien. Plein ! D’autre peuvent coûter
Comme les exonérations de charges sociales pour les premiers emplois dans les PME, ou la hausse de la quotité exemptée d’impôt…
Oui. La question est de savoir si l’on anticipe en 2012 ces mesures prévues en 2013. On verra si le gouvernement décide d’engager des dépenses pour cela mais je rappelle ce qui est exigé : que toutes les dépenses nouvelles soient compensées dans le budget. Ces éventuels moyens viendront s’ajouter aux 78 millions qu’il faut trouver. Idem pour les quelques demandes des dernières semaines.