Quel parti politique est le plus geek ?

La campagne officielle est lancée ; la campagne en ligne aussi. Quels partis misent sur le web, les réseaux sociaux, les nouveaux supports ? LaLibre.be vous propose un tour de table des stratégies des différents partis.

François Paquay
Quel parti politique est le plus geek ?
©Etienne Scholasse

La campagne officielle est lancée depuis une semaine et les candidats aux élections communales doivent se plier à la réglementation en matière de dépenses électorales. Or, un moyen efficace et pas cher s'offre à eux : faire campagne sur le web. Du simple site internet aux réseaux sociaux, en passant par les applications pour smartphones et tablettes, LaLibre.be vous propose un tour de table des stratégies des différents partis.

PS: Des supports démultipliés

Au PS, on n'a rien laissé au hasard. Tous les candidats socialistes, sans exception, ont reçu un guide des nouveaux médias, dans lequel ils peuvent apprendre à utiliser les réseaux sociaux et les blogs, grâce à des conseils pratiques, des suggestions, des outils graphiques... Selon Ermeline Gosselin, porte-parole du parti, le but est de garantir une cohérence et une harmonie, tout en préservant la grande autonomie des sections locales.

Le parti a su se positionner sur le marché des nouveaux supports de communication, comme les smartphones et les tablettes. "Nous avons été le premier parti à lancer une application complète et ludique avec des résumés des programmes et des vidéos", explique la porte-parole. "Dès la rentrée, nous lancerons une deuxième application, où les électeurs pourront consulter les listes de candidats, grâce à la géolocalisation notamment."

MR: A fond sur Facebook

Du côté des libéraux, la stratégie est très différente: la présence en ligne ne fait clairement pas partie des priorités. "Nous ne comptons pas utiliser le web beaucoup plus que pendant les périodes non-électorales", explique Frédéric Cauderlier, responsable de la communication du parti. "Nous sommes déjà très présents en ligne, via notre site et les réseaux sociaux. Nous n'allons pas créer de site spécial, et nous ne demandons pas aux candidats de s'investir en ligne. Sur les réseaux sociaux, quand on veut être efficace, il faut y être depuis longtemps. Sur Twitter, par exemple, les habitués remarquent vite si un candidat débarque en pleine période électorale."

Pas d'innovation sur le web, donc. Juste un nouvel onglet, prévu pour fin août, mais qui restera "très basique". Frédéric Cauderlier explique ce minimalisme: "La présence en ligne représente un impact budgétaire énorme, ça prend du temps, et ça ne se crée pas en quelques mois. Et personnellement, je n'y crois pas, pour des élections locales. La fréquentation sur les sites des sections locales est quasi nulle. Donc nous privilégions Facebook, qui permet d'être plus proactif, offre une gestion plus facile, une grande interactivité, et est gratuit."

Ecolo: Des candidats formés aux nouveaux médias

Chez Ecolo comme chez les autres, l'utilisation d'internet est tout à fait facultative. "Nous laissons beaucoup de liberté aux antennes régionales et communales", explique Baptiste Erkes, de l'équipe de campagne en ligne d'Ecolo. "Pour la campagne sur les marchés, nous offrons du matériel, mais il n'y a pas d'obligation de l'utiliser. Pour les réseaux sociaux, c'est pareil ; obliger les candidats, c'est le meilleur moyen pour qu'ils les utilisent mal."

Ainsi, chaque antenne et chaque candidat peut gérer son contenu et sa communication en ligne de manière autonome. Le parti met toutefois à disposition un site internet "clé-sur-porte", aux couleurs d'Ecolo. Les candidats qui le souhaitent peuvent également bénéficier d'une formation.

Avec le PS, Ecolo est le seul parti à s'adapter aux nouveaux supports ; les électeurs peuvent suivre la campagne des verts sur leur tablette ou smartphone grâce à une application, qui n'est cependant pas spécifique aux élections communales.

cdH: Le web participatif

Du côté des humanistes, on conçoit la campagne en ligne comme un partenariat entre parti et électeurs. "Nous avons créé le site www.iletaitunevoix.be, qui propose aux citoyens de s'exprimer sur différents sujets de société", explique Audrey Jacquiez, porte-parole du cdH. Le but: enrichir le programme du cdH pour la campagne des communales et provinciales.

Autre initiative lancée par le cdH: une campagne d'affichage, à Liège notamment. De prime abord, cela peut sembler un peu vieillot, mais l'astuce consiste à utiliser ces affiches pour renvoyer les citoyens vers le site www.jesuisliegeois.be, où la contribution du citoyen est une nouvelle fois sollicitée. Cette campagne a également été menée à Namur et à Charleroi.

En ce qui concerne ses candidats, le cdH propose un encadrement à ceux qui souhaitent réaliser une vidéo de campagne. Sinon, les réseaux sociaux sont évidemment autorisés ; le parti laisse une totale liberté à ses candidats, et demande simplement qu'ils respectent les valeurs du parti.

FDF: Une certaine méfiance

Chez les amarantes, le web n'est pas une priorité. Faute de moyens, notamment. "Nous n'avons pas les ressources humaines nécessaires, nous sommes un petit parti", explique Christophe Verbist, chef de cabinet à la présidence du FDF.

La campagne sur le web se limite donc à un onglet "Elections 2012" sur le site du parti. Pour le reste, l'encadrement des candidats est très light. "Nous avons fourni à nos candidats les recommandations d'usage concernant l'utilisation des réseaux sociaux, notamment à propos du respect de la vie privée. Mais il n'y a pas de systématisation. Les candidats ou les listes qui le souhaitent peuvent les utiliser. Mais nous vérifions les propos tenus en ligne."

Christophe Verbist se méfie des réseaux sociaux: "Facebook est un média à double tranchant. C'est très bien, c'est hype, c'est jeune, mais ça ne permet pas de toucher tout le monde; notamment les personnes âgées. Facebook est intrusif, il faut le magner avec précaution."

Parti Pirate: Une communication à moindre coût

Petits nouveaux de ce scrutin, les pirates connaissent bien la communication en ligne. Plusieurs moyens sont utilisés : les sites internet classiques, les mailings lists, mais aussi les réseaux sociaux. "Les tweets sont gratuits et parfois très efficaces", explique Paul Bossu, coordinateur du parti. "Par exemple, le 17 juillet, nous n'avions toujours pas reçu les documents nécessaires pour récolter les signatures en vue des provinciales, alors que la campagne officielle avait déjà commencé. Nous avons donc lancé le hashtag #hellopaul, à l'adresse du ministre Paul Furlan. Il a été repris par beaucoup de monde pendant la journée, et deux jours plus tard, nous recevions les papiers..."

Ne bénéficiant pas d'une dotation publique, les pirates sont obligés de se débrouiller. "Nous ne sommes pas une grande armée. Nous sommes un petit parti, avec des cotisations peu élevées, et donc peu de moyens." Mais miser sur la communication en ligne pour les élections n'est certainement pas une erreur, selon Paul Bossu. "L'impact des réseaux sociaux est progressif ; chaque année, la génération de ceux qui communiquent par réseaux augmente..."

Un impact incertain

L'avenir dira si la présence en ligne aura été déterminante ou non pour l'issue de ce scrutin ; un exemple comme celui d'Obama, passé maître en la matière, est difficilement comparable à la situation d'un candidat aux communales... Quoi qu'il en soit, tous s'accordent sur le fait que la campagne ne se jouera pas (uniquement) sur le web. La présence sur le terrain et le dialogue avec les électeurs restent les éléments clés d'une campagne. Comme nous le confiait un représentant de parti, "rien ne remplace une poignée de main, ou un débat autour d'une bière en terrasse !"


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