Le CD&V broie du noir... avant d'être broyé?

A une semaine des élections communales, le CD&V a le moral dans les talons. Dans toutes les grandes villes où il se présente, le parti de Wouter Beke est en difficulté. Le mot d'ordre: limiter la casse, face à la N-VA florissante.

V.d.W.

Rien ne va plus au CD&V. À une semaine des élections communales, ses responsables ont le moral dans les talons. Ils broient du noir en attendant de se faire broyer. Chronique d’une déroute annoncée.

Qu’il est loin, le temps où le CVP, le Christelijke Volkspartij, dominait tout le paysage politique flamand et même belge. Le temps où le parti fournissait tous les Premiers ministres (Tindemans, Esykens, Martens 1,2,3,4 ..9, Dehaene, Leterme, Van Rompuy).

Le temps où le parti colonisait l’administration. Le temps où l’État était un État CVP. Certes, à l’époque, tout le monde s’en plaignait. Mais le CVP, malgré tout, était un élément de stabilité. Puis, en 1999, le parti a été rejeté dans l’opposition - après 50 ans de pouvoir ! - par la coalition arc-en-ciel dirigée par Guy Verhofstadt.

Pour revenir au pouvoir, le CVP devenu CD&V s’est radicalisé. Sa nouvelle religion : le confédéralisme. Et le président de l’époque, Yves Leterme, a eu l’idée "géniale" de s’allier à la N-VA. C’était un 14 février, jour de la Saint Valentin. Le CD&V est devenu le cheval de Troie de la N-VA. Le parti s’est radicalisé de l’intérieur.

Fermé à tout compromis qui aurait permis la conclusion d’un accord de gouvernement, Bart De Wever a claqué la porte du cartel CD&V/N-VA et tenu un discours radical-nationaliste. Le CD&V, désormais lié par des accords de gouvernement, ne pouvait plus le suivre. En gommant toute idée de scission de la Belgique, De Wever s’est crédibilisé aux yeux des Flamands modérés, conquis en outre par son discours libéral.

Aux mains d’un Flamby flamand, Wouter Beke, le CD&V n’a pas trouvé la parade, incapable de faire la synthèse entre la ligne dure et la ligne pragmatique. Dès lors, c’est la ligne de Kris Peeters, le ministre-Président flamand, qui s’est imposée. Mais Peeters, s’il a gagné en popularité, est en train d’enterrer son parti. Car plutôt que de contester De Wever, il tient le même discours.

Comme De Wever, il passe son temps à critiquer le gouvernement fédéral. Comme De Wever, il juge la 6e réforme de l’État insuffisante et appelle de ses vœux la 7e. Plutôt que d’attirer de nouveaux électeurs, Peeters jette les siens dans les bras de De Wever.

De plus, les responsables du CD&V sont les rois de la gaffe. Récemment encore, Beke a reconnu que son parti n’avait pas de ligne, De Clercq, hurlant avec les patrons flamands, a dit que son parti était bien membre d’un gouvernement marxiste. L’ancien président Schouppe a laissé entendre que les trois autres partis tentaient de sceller des accords pour écarter la N-VA. Du tout bon pour Calimero De Wever.

Jeudi dernier, les têtes pensantes du CD&V se sont vues pour dresser un état des lieux. Un mot d’ordre : limiter la casse. Donc, silence dans les rangs, on ne dit plus rien. Mais, trop tard. Les sondages sont là. Dans toutes les grandes villes où il se présente, le CD&V est en difficulté. La N-VA, elle, pavoise. Si son implantation locale se concrétise, la N-VA risque bien de devenir ce que le CD&V fut jusqu’il y a quelques années : un grand parti populaire.


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