Ducarme: "Magnette a du caviar dans la commissure des lèvres"

La Belgique a-t-elle bien fait d'intervenir au Mali? L'Afsca donne-t-elle un exemple lamentable? Quel sera le principal enjeu des élections de 2014? En tant qu' Invité du samedi de LaLibre.be, le député Denis Ducarme (MR) répond à ces questions, ainsi qu'aux attaques de Paul Magnette et il qualifie la N-VA de "bâton de dynamite".

Jonas Legge
Ducarme: "Magnette a du caviar dans la commissure des lèvres"
©Montage Chelle (lalibre.be)

Quelle sécurité dans nos aéroports? La Belgique a-t-elle bien fait d'intervenir au Mali? L'Afsca donne-t-elle un exemple lamentable? Quel sera le principal enjeu des élections de 2014? En tant qu'Invité du samedi de LaLibre.be, le député Denis Ducarme (MR) répond à ces questions, ainsi qu'aux attaques de Paul Magnette et il qualifie la N-VA de "bâton de dynamite.

Après cet enfant qui est monté dans un avion en déjouant tous les contrôles de sécurité, on a assisté cette semaine à un impressionnant braquage à Zaventem. Même si ces affaires ne sont pas comparables, elles suscitent de nombreux questionnements. Faut-il revoir les mesures de sécurité dans nos aéroports?

Dans le cas du braquage, on a eu de la chance qu'il n'y ait pas eu d'effusion de sang. Mais on ne peut pas prendre le risque d'espérer avoir de la chance une seconde fois. Il faut donc revoir la sécurité et faire le point sur les manquements.

Le périmètre de l'aéroport de Zaventem est de 25 km, ce qui est énorme. Est-il possible d'assurer la sécurité d'un tel lieu?

On a eu affaire à des truands qui sont entrés sur le tarmac sans forcer de barrière ou sans couper de grillage. Donc, oui, on est obligé d'assurer la sécurité même si l'aéroport est très grand.

Ces derniers jours, la Sûreté de l'Etat a défrayé la chronique. On a entendu des politiques exiger sa disparition, d’autres plaider pour son maintien. On sait que ce dossier est hyper politisé. Chaque parti a-t-il tenté de placer ses pions en vue de la succession d'Alain Winants?

Je le pense. Quand je vois le s.pa et le PS, incarnés par M. Landuyt et M. Moureaux, proposer la suppression de la Sûreté, je tombe de mon siège. J'ai le sentiment qu'il y a une totale perte de conscience des réalités de notre pays qui doit faire face au radicalisme religieux et au développement des réseaux d'extrême gauche. Derrière cette image romantique de la gauche qui demande la suppression de la Sûreté, j'entrevois que certains veulent la peau de M. Winants.

Pour quelles raisons?

Peut-être sont-il choqués par le fait qu'il communique. Il a donné des interviews, il s'est rendu à la Chambre pour alerter l'opinion publique et le politique sur la situation en matière de surveillance, de lutte contre les radicalismes,... tout en précisant qu'il manque de moyens pour assurer ses missions. C'est sans doute un peu perturbant pour certains politiques de lire ou d'entendre cela de la part d'une des élites de notre administration.

Au niveau international, la Belgique a-t-elle eu raison de s'engager au Mali?

Je crois, même s'il aurait été souhaitable que ce soit une opération européenne dès le départ. Mais sans intervention, je crains que le Mali serait devenu un Etat islamiste d'un radicalisme rare. Le fait que la Belgique soit associée à une telle opération était nécessaire. Mais j'espère qu'un jour, par rapport à des démarches si importantes à produire sur le plan militaire en Afrique, la Belgique osera reprendre poste en première ligne si nécessaire.

Peter De Crem est ministre de la Défense depuis plus de cinq ans. En tant que vice-président de la commission Défense, quel regard portez-vous sur son action politique?

Tout d'abord, au niveau de l'équilibre linguistique dans la Défense, compte tenu des blocages de Peter De Crem, on a perdu du temps, de l'énergie et beaucoup trop de salive. Les propositions que je porte, depuis plus de trois ans, seront votées en plénière dans les prochaines semaines. Les francophones de l'armée étaient dans une situation de découragement par rapport à ce qu'ils pouvaient espérer en termes de carrière, de promotion et de responsabilités. Ensuite, je constate qu'on investit de moins en moins dans la Défense. Or, ce que nous faisons en missions nous permet de peser sur des décisions internationales.

En fin d'année 2012, un rapport anonyme ciblait à nouveau les errements de l'armée. Celle-ci semble constamment dans la tourmente. Des critiques qui se justifient?

Il est vrai qu'un certain nombre de polémiques ont secoué l'armée ces dernières années. Peut-être que la personnalité de Peter De Crem y est pour quelque chose. Mais nous restons une armée de référence, réputée dans le monde. On n'a donc pas à rougir. On devrait peut-être prendre des décisions plus rapidement, dans des dossiers comme la présence d'extrémistes et de salafistes dans nos rangs.

Durant des mois, voire des années, des centaines de chevaux impropres à la consommation, qui auraient dû être euthanasiés, ont fini dans les assiettes des Belges. Il semble que l'Afsca était au courant. Faut-il poursuivre ce service public?

Il y a encore un certain nombre d'améliorations à apporter. Mais, en Belgique, nous avons un système de sécurité alimentaire qui est un des plus performants, notamment dans la traçabilité de la viande. Dans notre pays, ça devient de plus en plus compliqué de tromper le consommateur.

L'Afsca se montre intransigeante envers les commerçants, restaurateurs, producteurs et agriculteurs avec des normes parfois excessives. Donc si l'Afsca savait que les animaux étaient impropres et qu'elle n'a rien dit, ne donne-t-elle pas un exemple lamentable?

L'enquête est en cours. Cette affaire date de 2011. Et des améliorations avaient été apportées dès 2012. Mais des leçons devront être tirées de ce dossier.

En 2014 se tiendront les prochaines élections. Quel sera le principal enjeu?

Le socio-économique. Il faut augmenter le pouvoir d'achat, diminuer les charges sociales, donner la possibilité aux gens de profiter davantage du fruit de leur travail, améliorer la flexibilité du monde du travail,... C'est en faisant cela qu'on va redresser l'économie, et non comme Paul Magnette le fait aujourd'hui en jetant l'opprobre sur les entreprises, sur les gens qui génèrent de la richesse et de l'emploi mais aussi sur le MR. Tout le monde sait que quand il dit que le MR "n'a pas de valeurs", que ce sont des "nantis", M. Magnette a encore du caviar dans la commissure des lèvres. Il n'est pas crédible quand il désigne le méchant, le coupable, quand il exhibe la lutte des classes. Paul Magnette vaut mieux que ça.

La N-VA fait énormément parler d'elle ces dernières semaines. Quel regard portez-vous sur ce parti?

Cette formation est un bâton de dynamite placé sous le siège du pays. Il faut être extrêmement méfiant. C'est aux partis flamands à faire la démonstration de leur capacité à supplanter la N-VA sur le fond des dossiers. En un an, ça a évolué favorablement et on voit que les autres partis cessent de copier constamment la N-VA. Parce que c'est facile d'être dans l'opposition quasiment partout. Maintenant, on va voir cette formation à l’œuvre, et notamment à Anvers, où Bart De Wever va devoir faire face à la réalité et donc dépasser les mots.

Lorsqu'il évoque les dernières mesures prises à Anvers par la N-VA, le socialiste Yvan Mayeur parle d'un "fascisme soft" et se demande si ce parti est encore démocratique...

Ce sont des propos à surveiller. Parler de fascisme victimise et renforce la N-VA, qui est tout de même vue comme un espoir par près de 40% de Flamands. Mais de telles mesures sont inquiétantes et je ne les comprends pas. La législation doit être respectée.

De telles annonces participent à une véritable stratégie de communication de la N-VA?

C'est du marketing de provocation. La manière dont la N-VA fait ses annonces sert juste à allumer des mèches et recentrer le débat sur elle. C'est pour cela que les autres partis doivent éviter de théâtraliser et de rétorquer par des envolées lyriques. Quand les socialistes francophones se prêtent au jeu, c'est encore mieux pour la N-VA...

Le MR a laissé de la place à droite, dans laquelle tentent de s'engouffrer des partis comme le PP et La Droite. Quel regard portez-vous sur ces formations?

Je ne pense pas qu'on ait laissé de la place à droite. Je mise toujours sur le bon sens de la population. Les citoyens sensibles à des dossiers comme les intégrismes religieux ou l'immigration savent pertinemment que les avancées concrètes se feront par la voie du MR, et non avec les rebuts du FN, les excités de La Droite ou les inexistants du PP.

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