L'empire N-VA contre-attaque

Déstabilisés, les nationalistes reviennent à leurs fondamentaux économiques.

Mathieu Colleyn
L'empire N-VA contre-attaque
©Photonews

Elle est loin l’heure de gloire de 2010-2011. Depuis les diverses prises de pouvoir de la N-VA lors des élections communales d’octobre 2012, l’image du parti de Bart De Wever ne cesse d’être écornée. Par des dissensions locales – marginales mais amplifiées dans les médias –, par des prises de position contradictoires, par des erreurs de communication, dont Sigfried Bracke qualifiant le drapeau flamand de chiffon est un exemple presque comique, ou encore par des saillies de l’extrême droite venue faire ressurgir des liens anciens et connus.

Si la N-VA caracole toujours en tête des sondages, elle a incontestablement perdu beaucoup de son aura. La presse néerlandophone ne salue plus aussi unanimement l’extraordinaire ascension des nationalistes et Bart De Wever ne fait plus la joie des téléspectateurs dans des émissions people. Le mayeur d’Anvers n’est plus ce comique rondouillard qui, de ses sarcasmes bien sentis, faisait rire jusqu’au-delà de la frontière linguistique. Rechignant à s’exprimer en français devant les caméras de RTL-TVI et de la RTBF, il a à nouveau affiché sa défiance à l’égard des médias francophones à l’occasion de la présentation de la vision socio-économique de son parti en vue des élections.

Beaucoup d’observateurs s’accordent à dire que cette communication a aussi et surtout pour but de revaloriser l’image de la N-VA en la faisant revenir sur l’un de ses fondamentaux : séduire l’électorat de droite. Ce programme socio-économique sera soumis aux militants du parti avant le congrès programmatique fixé au 31 janvier.

Que dit-il ? Tant Bart De Wever que Ben Weyts en sont convaincus, les recettes libérales qu’ils souhaitent appliquer à la Flandre ne pourront l’être qu’après une transformation radicale de l’Etat belge. Objectif : que le Nord ne soit plus l’otage du PS qui continue de dominer le paysage politique francophone, disent-ils en substance. C’est pourquoi la N-VA a levé hier un coin du voile sur le confédéralisme qu’elle appelle de ses vœux. Il s’agit de vider l’Etat fédéral de ses principales compétences (emploi, sécurité sociale, soins de santé) au profit de deux entités linguistiques distinctes. En dessous, une Région bruxelloise qui, sans être véritablement niée, est reléguée derrière les autres niveaux de pouvoir.

Des recettes connues

Pour le socio-économique proprement dit, les recettes de la N-VA ne sont pas surprenantes : limitation des dépenses de l’Etat, des allocations de chômage, des réductions d’impôts sont proposées (lire ci-dessous). Un programme de droite “compatible avec ceux de l’Open VLD, du CD&V ou encore du MR, a précisé Bart De Wever, candidat au pouvoir après les élections de mai prochain. Théoriquement en effet, les idées socio-économiques de la N-VA pourraient séduire des partenaires politiques potentiels. Mais comment imaginer les partis francophones s’inscrire dans un projet confédéral tel que celui ébauché hier ? Avec une Région bruxelloise marginalisée et une Région wallonne fondue dans l’actuelle communauté française. Il faudrait en outre détricoter la sixième réforme de l’Etat qui vient à peine d’être ficelée. Cette incompatibilité-là dessine les blocages auxquels le pays pourrait être confronté l’an prochain. On en saura un peu plus mercredi, jour où la N-VA a prévu de présenter son modèle institutionnel. Il est très attendu pour ce qui concerne Bruxelles.

Un modèle à trois

Sans surprise, la N-VA mise sur la prédominance de deux communautés linguistiques pour gérer les intérêts des Flamands et francophones de Belgique. C’est à ces réceptacles que sont promis les compétences personnalisables et les leviers économiques qui demeurent au niveau fédéral. La Région bruxelloise garderait des compétences liées au droit du sol mais on en saura plus mercredi sur les intentions de Bart De Wever pour la capitale. Pour la N-VA la majorité des leviers fiscaux doivent être défédéralisés, à l’exception de la TVA et des accises.

La fiscalité en baisse

“La Flandre sera responsable de la perception de l’impôt sur le revenu et nous baisserons ainsi la taxe sur les salaires moyens à 40 %”, a indiqué le chef de groupe à la Chambre, Jan Jambon. “La tranche de 45 % sera supprimée et celle de 50 % sera réservée aux très hauts revenus.” Ensuite, la N-VA entend faire baisser l’impôt sur les bénéfices des entreprises de 33,9 à 27,13 %, soit la moyenne des taux de l’Europe de l’Ouest. Ce qui permettrait de supprimer la déduction des intérêts notionnels et d’une série d’autres exonérations.

Dépenses gelées

“Nous devons nous débarrasser de la hausse des impôts, de l’augmentation de la dette et d’un (e administration) gouvernement (ale) sans cesse en croissance” a lancé Bart De Wever, président de la N-VA. Les nationalistes entendent mettre un stop à l’augmentation des dépenses de l’Etat, notamment de la sécurité sociale. Pour ce faire, ils proposent un gel des dépenses à tous les niveaux de pouvoir entre 2014 et 2016 au moins. C’est l’unique moyen selon la N-VA d’atteindre les objectifs budgétaires imposés par l’Europe.

Le chômage limité

Des indemnités de chômage limitées à deux ans, telle est la proposition de la N-VA qui prévoit tout de même une année supplémentaire éventuelle dotée d’un montant forfaitaire d’allocation. En matière de pensions, la N-VA ne touche pas au départ à 65 ans mais entend limiter drastiquement les procédures qui permettent de partir plus tôt à la retraite. La N-VA propose également de supprimer l’indexation automatique des salaires. “Ce système sera remplacé par des accords sur les salaires fixés tous les deux ans par secteur”, a précisé Jan Jambon.


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