PS: l'heure du bilan avant la campagne
Le Parti socialiste a fini de manger son pain noir. Depuis mars dernier, il a enregistré une série de victoires symboliques. Coup d’œil sur le bilan de la formation du Premier ministre; sur les mesures en sa faveur et sa défaveur.
Publié le 10-12-2013 à 05h39 - Mis à jour le 26-12-2013 à 07h11
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La réforme bancaire pourrait aboutir ce vendredi. À moins de six mois des élections, le Parti socialiste pourrait en profiter et partir en campagne électorale avec un nouvel argument de vente. Certes, la séparation des métiers entre banques de dépôt et banques d’affaires ne devrait être que très limitée, mais le PS pourra sans doute faire valoir une limitation assez nette des rémunérations des patrons de ces institutions.
La législature se termine donc bien pour les socialistes et leur Premier ministre Elio Di Rupo. Il n’en a pas toujours été ainsi… Les quinze premiers mois de la vie du gouvernement ont été laborieux pour les locataires du boulevard de l’Empereur. Assainissement des finances publiques, réforme du chômage, réforme des pensions… Le PS a mangé son pain noir, pris des coups, vu le PTB le chatouiller sur sa gauche, les syndicats et les ouvriers le bouder, etc. Il a eu beau jouer la carte du "sans nous, ce serait pire", les élections communales d’octobre 2012 n’ont pas été terribles.
Mais le PS a tenu bon. Il n’avait pas le choix, sinon c’est son Premier ministre qui aurait trinqué. Avoir le poste de chef du gouvernement, surtout pour des francophones wallons socialistes - presque une insulte dans certains milieux flamands - ça se paye. Parfois, très cher. Souvenez-vous du CD&V d’Yves Leterme…
Puis, est venu le tournant. En marge du contrôle budgétaire de mars dernier, le gouvernement décida d’assouplir la trajectoire d’assainissement des finances publiques. Accord de l’Europe. Il a pu relâcher la bride. Ce fut une victoire incontestable du Parti socialiste qui défendait cet assouplissement depuis des mois.
Dans la foulée, juste avant l’été, tant le boulevard de l’Empereur que le 16 rue de la Loi ont communiqué à tous crins sur les réalisations du gouvernement Di Rupo - en insistant sur le "Di Rupo". Essentiellement la finalisation de la réforme de l’État, les budgets 2013 et 2014, et le statut unique entre ouvriers et employés. Tout cela, parsemé d’un début de reprise économique.
Parmi d’autres, viendront encore le plafonnement des rémunérations des top-managers des entreprises publiques, le plan de relance, et probablement la réforme bancaire. Des symboles forts. Le PS a relevé la tête. Mais les sondages restent médiocres…
La tripartite brouille les cartes
"Ce qui est très frustrant pour les partis au pouvoir, c’est que la campagne électorale va sans doute se jouer sur des éléments qu’ils ne maîtrisent pas.", analyse Pierre Vercauteren, politologue avec l’UCL-Mons. "Je vois deux éléments principaux. D’une part, la reprise économique (NdlR, sachant que la crise nourrit les formations protestataires comme le PTB ou l’extrême droite). Le petit frémissement va-t-il se confirmer ? Le PS et les sociaux-démocrates, CDH et CD&V, profitent d’une tendance générale qui traverse l’Europe et qui consiste à dire qu’on a été trop loin dans l’austérité. D’autre part, il y aura la qualité de la campagne de la N-VA sur laquelle les partis francophones n’ont pas la moindre prise…"
Comprenez : le bilan, chiffré et détaillé, de la majorité n’aura qu’une influence marginale sur le choix des électeurs. "Dans une tripartite, il est plus difficile de s’identifier à un bilan. Le travail gouvernemental est un minimum nécessaire pour chacune des formations, mais pas nécessairement suffisant…" C’est d’autant plus vrai pour le PS, poursuit Pierre Vercauteren, qu’il est présent à tous les niveaux de pouvoir, "à chaque fois dans une tripartite qui a dû prendre des mesures difficiles".
Pour couronner le tout, le Parti socialiste ne pourra compter que modérément sur la popularité - elle, intacte - d’Elio Di Rupo. "Dans le mode actuel de communication, on constate que des personnalités fortes se détachent, mais sans tirer nécessairement leur parti derrière elles."
Finalement, "si les partis restent dans le jeu classique de la défense des bilans, c’est parce qu’ils peuvent difficilement faire autrement…" Sauf s’ils ont, à quelques jours de l’échéance électorale, "la capacité de sortir un élément fort qui fera basculer la campagne."