Hoyos: "Le fédéral a créé la bulle photovoltaïque"
Invitée de la rédaction de La Libre, la coprésidente d'Ecolo rejette la faute sur le gouvernement fédéral dans le dossier du photovoltaïque qui a coûté cher aux Verts.
- Publié le 14-03-2014 à 19h58
- Mis à jour le 18-03-2014 à 12h50
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La coprésidente d'Écolo était l'invitée de la rédaction de La Libre Belgique cette semaine. Emily Hoyos a évoqué de nombreux dossiers, de l'alliance perpétuelle de son parti avec le PS à l'inimaginable coalition avec la N-VA en passant par la fiscalité verte et la fameuse bombe photovoltaïque.
Comment allez-vous défendre le dossier pourri du photovoltaïque face aux électeurs ?
Ce ne sera pas facile, d’autant plus que ce n’est pas notre dossier. On a joué aux pompiers suite à des décisions prises lorsque nous n’étions pas au pouvoir. La première chose que Jean-Marc Nollet a faite, c’est de supprimer la prime wallonne pour désamorcer la bombe. C’était le feu au Parlement car on détricotait ce qu’avait fait la précédente majorité. Mais cela n’a pas suffi, on n’a pas pu aller assez vite. A Bruxelles, où nous étions au pouvoir, il n’y a pas eu de bulle des certificats verts, le système s’adapte tout seul.
Ce n’est pas votre dossier au départ mais on reproche à Jean-Marc Nollet de ne pas avoir réduit les aides assez vite ?
On ne voulait pas toucher aux engagements passés, d’ailleurs on n’y a pas touché stricto sensu. On voulait prendre des mesures pour le futur. Ce qui a créé la bulle en Wallonie, c’est l’annonce de la fin des déductions fiscales fédérales. Il y a eu un pic des installations de panneaux. Ecolo n’était pas au fédéral, il n’a pas pris cette décision complètement… sotte.
Vous risquez tout de même de perdre des plumes…
Je suis lucide sur l’impact que ce dossier peut avoir d’un point de vue électoral, on en payera sans doute un peu les frais. J’aimerais remonter dans le passé pour glisser des conseils à l’oreille du CDH. Je le répète, on a dû éteindre l’incendie mais tous ceux qui ont investi dans le photovoltaïque vont avoir un rendement de minimum 7 %. En Wallonie, on a quand même réussi à relancer la filière. En Flandre, il n’y a plus une seule entreprise photovoltaïque. Le système a été mis en place sans Groen et ils se sont plantés.
Aujourd’hui, il y a encore de l’incertitude concernant la future taxe sur les panneaux.
Il y a de l’incertitude et c’est regrettable. On parle d’un tarif d’injection mais ce n’est pas encore décidé. Jean-Marc Nollet n’a pas le texte qu’a visiblement l’association "Touche pas à mes certificats verts". Actuellement, les propriétaires de panneaux ne paient pas l’utilisation du réseau. Ce n’est pas à leurs voisins, qui n’ont pas les moyens ou l’envie d’investir dans des panneaux, de payer le choix des autres. C’est dans cet esprit que la CWaPE est chargée de faire une proposition. Il aurait été bien plus simple de régler cela dès 2007. Ceci dit, l’investissement dans le photovoltaïque doit rester rentable.
Il y a aussi eu des erreurs de communication, notamment la sortie de Nollet sur l’électricité gratuite…
Ce n’est pas ça qui a provoqué le mécontentement des gens. Les personnes engagées dans le photovoltaïque et celles n’ayant pas de panneaux mais qui doivent payer une note très salée auraient de toute façon rouspété. Le plus important est que le projet de tarification progressive ait finalement été adopté.
En ce qui concerne l’éolien, l’année 2013 a été difficile avec seulement douze projets aboutis en Wallonie.
Les promoteurs ont des projets plein les cartons mais les communes temporisent avant l’adoption du décret. Il faut que l’on sorte rapidement de cette période d’incertitude. Actuellement, le territoire wallon est pris d’assaut par des promoteurs comme au temps du Far West. C’est notre rôle de fixer des règles pour un développement harmonieux de l’éolien.
Le mécontentement des riverains à l’encontre des projets éoliens grandit aussi.
Les études montrent que les gens sont davantage contre les éoliennes avant qu’elles n’arrivent près de chez eux. Les nuisances sont souvent surestimées.
Pendant ce temps-là, on dit que le projet du petit éolien du CDH Carlo Di Antonio avance bien.
Ce projet n’interfère pas avec celui du grand éolien. Ceci dit, les études les plus enthousiastes montrent que le petit éolien ne peut répondre à nos besoins énergétiques. On ne va quand même pas construire des autoroutes supplémentaires pour héberger des éoliennes (rires).
Découvrez les quatre pages d'entretien avec Emily Hoyos dans La Libre de ce samedi