De Wever - Magnette: dans les coulisses d'un ring de boxe
Le combat entre Paul Magnette (PS) et Bart De Wever (N-VA), ce n'était pas qu'un direct télévisé. Avant la montée sur le ring, les deux hommes se sont intensivement préparés, concentrés. Ils se sont même salués. Retour dans les coulisses d'un duel tendu et attendu.
- Publié le 13-05-2014 à 21h01
- Mis à jour le 14-05-2014 à 11h33
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Ballet des voitures devant le grand bâtiment de VTM, la chaîne privée flamande, à Vilvorde. Le parking est bondé, blindé. Les voitures aux couleurs noir et jaune des supporters de la N-VA se garent n’importe où aux côtés des voitures aux couleurs du PS, affublées d’affichettes électorales d’Elio, de Paul…
Il est 10h30, ce mardi, et l’enregistrement du duel va bientôt commencer. En attendant, Paul Magnette et Bart De Wever se concentrent dans leur loge. Ils sont là, derrière ces deux petites portes qui portent leur nom, perdues au bout d’un couloir étroit rempli de caméramens, de photographes et de journalistes excités.
A la moindre charnière qui grince, tout le monde se précipite, les caméras se dressent sur les épaules, et puis, non. C’est encore un porte-parole soucieux qui sort de la petite pièce où se trouve son président de parti... Ah, cette fois, ça y est. Paul Magnette est le premier à sortir, la mine détendue, beau gosse sûr de lui. Il se dirige dans la salle de maquillage sous le crépitement des flashs et malgré la cohue.
De Wever inquiétant
Quelques minutes après, De Wever sort à son tour, franchi le couloir secoué par la même agitation journalistique, mais il a la mine sombre, sérieuse, crispée, inquiétante. Comme d’habitude, en fait. Les deux leaders politiques se retrouvent comiquement côte à côte devant de grands miroirs, entourés d’un essaim de maquilleuses qui les préparent. Pas un mot entre eux deux. Glacial. C’est la guerre ? Non, ils se sont salués un peu avant, nous explique-t-on.
Autour de cette froideur, beaucoup de "chaleur" médiatique… Trop, même. "Dat is genoeg, dat is genoeg, allez !" , lance une responsable de VTM en sortant par le bras les photographes les plus résistants qui veulent rester dans la pièce pour prendre encore quelques clichés. "Geen foto’s meer… Allez mannen !"
Chacun retourne dans sa loge pour retrouver un peu de calme, avant de monter sur le plateau, en forme d’arène, où le duel sera enregistré. Dans la pièce, Paul Magnette est assis et semble assez calme, il est entouré des "spin doctor" du parti, qui ont l’air plus tendus.
Le bourgmestre de Charleroi a déjà affronté le chef des nationalistes flamands et bourgmestre d’Anvers en combat singulier, mais seulement dans les matières socio-économiques. Ici, on risque de parler de tout. "Je suis aussi à l’aise sur les matières institutionnelles face à la N-VA , nous confie-t-il. Mais, ici, c’est un débat télévisé, c’est encore différent. J’ai accepté d’affronter la N-VA aujourd’hui car ce parti stigmatise tout le temps le PS, le soi-disant assistanat en Wallonie et le gouvernement Di Rupo. Je veux affronter ce discours."
"Du calme !"
C’est l’heure du combat annoncé, De Wever versus Magnette. Comme deux stars de la boxe en route pour le ring, ils se dirigent ensemble vers l’ascenseur qui les emmène dans le studio déjà rempli de supporters des deux camps. A nouveau, la folie… Grosse bousculade pour rentrer avec eux dans l’ascenseur. "Rustig ! Rustig ! Du calme !", tente sans y croire la même dame de VTM, dépassée. "Pour la presse, ce n’est pas par là qu’il faut aller", explique-t-elle en flamand aux professionnels qui n’ont pas envie de l’entendre. Un caméraman arrive à se glisser aux côtés des deux stars de la politique belge. Les portes se referment. "Maar allez…", se plaignent ses quelques collègues restés dans le couloir tout dépités. Ils n’auront pas les meilleures images pour le JT du soir.
Le patron du PS et le patron de la N-VA se retrouvent dans le studio, ils attendent le feu vert de la régie pour rejoindre les deux présentateurs sur le plateau. Autour d’eux, de part et d’autre, 40 militants socialistes font face à 40 militants nationalistes. A quelques jours désormais des élections, tous les ingrédients pour un choc politique Nord-Sud, droite-gauche, sont réunis...