Emily Hoyos, les deux facettes d'une coprésidente
Entre des discours politiques et un thé dansant typique à Lesve, les journées d’Emily Hoyos sont remplies. Journée de campagne avec la coprésidente d'Ecolo.
Publié le 13-05-2014 à 22h13 - Mis à jour le 14-05-2014 à 07h20
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Entre des discours politiques et un thé dansant typique à Lesve, les journées d’Emily Hoyos sont remplies.Regard direct et sourire de circonstance, Emily Hoyos attend "ses" invités. A 37 ans, la coprésidente d’Ecolo joue gros à la veille d’un scrutin que d’aucuns estiment décisif. Ses invités ? Ou plutôt "la famille Ecolo", comme elle aime à le répéter.
Ce dimanche, c’est congrés national et les verts se sont donné rendez-vous à Tour&Taxis dans le centre de Bruxelles. En coprésidente bien éduquée, Emily Hoyos fait la bise à chaque militant qui arrive. Ou presque. "On fait chacun sa campagne de son côté, dans les marchés, et cela fait du bien de se revoir. J’ai besoin de cette énergie pour la dernière ligne droite et je veux leur transmettre aussi toute ma détermination". Les médias sont au rendez-vous et l’ancienne présidente du Parlement wallon s’isole pour revoir son discours avec Olivier Deleuze, l’autre coprésident d’Ecolo. "Sois naturelle", lui souffle le bourgmestre de Watermael-Boitsfort. A la tribune, les gros calibres du parti enchaînent les interventions. Le bruit d’un avion survolant la zone du Canal interrompt le ministre bruxellois Christos Doulkeridis. "Ça, ce n’est pas nous et nous n’en voulons plus !" Les militants applaudissent, tout comme ils acclament les nouveaux venus dans la "famille Ecolo", dont l’ancienne journaliste de la RTBF Martine Cornil. Emily Hoyos clôture le Congrès. "Nous allons rendre l’avenir désirable", lance-t-elle. Les mains battent à l’unisson. "Elle s’améliore", confie un militant, "pas vraiment convaincu" par les premiers débats télévisuels de sa coprésidente. "Mais elle s’affirme de plus en plus. Olivier Deleuze se met peu à peu en retrait pour lui laisser de l’espace".
Un manifestant se dénude devant elle
A peine le temps d’embrasser sa fille, l’ancienne députée wallonne file à une manifestation contre la réforme du chômage près de la Gare du Midi. "La vie de famille ? Ce n’est pas évident en campagne, mais on est bien organisés. J’ai expliqué à ma fille que nous étions dans l’équipe des verts, elle m’a demandé si elle pouvait être pour les roses". Le temps est pluvieux, les drapeaux du PTB s’emmêlent à ceux d’Ecolo. Un nouveau front commun contre le gouvernement Di Rupo ? "Non, non, le PTB est un bon thermomètre pour prendre la température sociale, mais on ne vote pas avec un thermomètre. Le PTB propose des solutions du passé, irréalisables".
Dürüm en main, Emily Hoyos ne se prive pas de dénoncer le PS qui a "bradé ses principes pour avoir le poste de Premier ministre". Soudain, un manifestant se dénude complètement devant la coprésidente et la Molenbeekoise Zoé Genot, qui a poussé Emily Hoyos à venir à cette manifestation. Gênées, les deux femmes se retournent. "Il est rhabillé ?", demande timidement la coprésidente.
Pas le temps de souffler. Le dürüm à peine avalé, l’ancienne présidente de la Fédération des étudiants francophones appelle un "ami-chauffeur". Direction Profondeville, au sud de Namur. C’est ici qu’Emily Hoyos s’est installée en 2004. "A la base, je suis Bruxelloise", rappelle-t-elle. La route est longue, mais bucolique entre la Meuse et les échoppes vendant des fraises de Wépion.
Mais pas de fraises, cet après-midi. Au programme, c’est thé dansant dans une salle communale de Lesve, l’un des villages de la commune. Le lieu a été prêté aux bénévoles de la radio Chevauchoir, rendue célèbre par une émission "Strip Tease" de Manu Bonmariage et le film "Les convoyeurs attendent" avec Benoît Poelvoorde. "Et nous serons bientôt à l’affiche d’un nouveau film", explique fièrement Jean-François, le beau-fils du fondateur.
"Radio Chevauchoir n’est pas ringarde"
Ce sont des garagistes qui ont lancé, au début des années 80, cette radio reconnue pour ses dédicaces et autres petits services rendus à la population locale. "On nous traite de ringards, reprend Jean-François, mais nous organisons régulièrement des enterrements de vie de garçon et des brûlages de culottes."
Mais radio Chevauchoir vit des moments difficiles. Il y a quelques mois, elle a failli disparaître, suite à un très lourd montant (12 000 euros) impayé pour les "droits voisins" aux autorités compétentes. Les bénévoles ont décidé de relever la tête. Ils organisent très régulièrement des thès dansants pour éponger leur dette. "Nous avons déjà récolté près de 10 000 euros", expliquent-ils fièrement.
Cet après-midi, parmi la petite centaine de personnes, assises sur des chaises en plastique, il y a Gisèle, qui se présente comme "l’ancienne femme de ménage" d’Emily Hoyos. Gisèle ne danse pas aujourd’hui. "Ils ont changé de disc-jockey, je préfère la valse", regrette-t-elle. "Mais je viens dès que je peux. C’est mieux que de rester seule à la maison, non ?" Gisèle a fêté son anniversaire la semaine dernière et a reçu "65 coups de téléphone" grâce à Radio Chevauchoir.
Quand Emily Hoyos rentre dans la salle, les regards se tournent. "Je vous ai vue à la télé", explique une dame vendant des CD d’époque en promotion. Mais la superstar du jour, c’est Baldo, "chanteur d’amour" depuis 40 ans. Baldo est venu "de son Borinage" bénévolement, pour égayer un public essentiellement féminin. Ses tubes sont repris en chœur par la salle. Clin d’œil de la coprésidente, qui vient de gagner une vieille horloge sans pile à la tombola. "C’est fort diffférent de Bruxelles, hein ?", sourit-elle.