Le CD&V ne veut pas lâcher la N-VA, ni en Flandre ni au fédéral
Depuis une semaine, les observateurs du nord du pays l’affirment : ce sont les démocrates chrétiens flamands qui seront les vrais arbitres et qui dicteront l’architecture des prochains gouvernements, en Flandre et au fédéral.
Publié le 05-06-2014 à 20h59 - Mis à jour le 06-06-2014 à 10h36
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Depuis une semaine, les observateurs du nord du pays l’affirment : ce sont les démocrates chrétiens flamands qui seront les vrais arbitres et qui dicteront l’architecture des prochains gouvernements, en Flandre et au fédéral. Pourquoi dès lors les entend-on si peu ? Pour l’instant, les responsables du parti attendent en silence. Mais les démocrates chrétiens ne sont pas inactifs et font passer des messages très clairs. Un élément semble de plus en plus évident : le CD&V ne veut pas lâcher la N-VA. Le CD&V veut gouverner avec la N-VA. Et ce, aussi bien en Flandre qu’au niveau fédéral.
Pourquoi ? En fin de campagne électorale, on avait pourtant vu Kris Peeters, le ministre-président flamand, mener des assauts très durs contre la N-VA et son programme "antisocial". C’était évidemment de la stratégie. Car, dès le lendemain des élections, les principaux responsables du CD&V, réunis en G7, ont tous marqué leur nette préférence pour une association avec la N-VA et ce à tous les niveaux de pouvoir (Flandre et fédéral).
N’y aurait-il donc aucune résistance à l’égard des nationalistes ? Non. Ou si peu. Les états d’âme, c’est fini. Même l’ACW, l’aile gauche du parti, fortement affaiblie depuis quelque temps, ne s’oppose plus à un gouvernement "des droites". Car, d’après ce qui s’est dit à ces réunions, les députés ont senti le vent du boulet : les électeurs leur ont donné une dernière chance. Voter pour le CD&V, OK, à condition qu’il s’allie à la N-VA. Sinon, la prochaine fois…
Malgré les antagonismes, notamment sur le programme institutionnel, les électeurs du CD&V et ceux de la N-VA se sentent souvent frères ou cousins. D’aucuns rêvent toujours de reconstituer un cartel. Donc, le CD&V a décidé de tout faire pour garder la N-VA à bord. Et la N-VA fera tout pour garder le CD&V, son allié privilégié.
Mardi l’informateur royal, Bart De Wever aurait dû déposer une note allant dans ce sens : des négociations, socio-économiques avec quatre partis : la N-VA, le CD&V, le MR et le CDH. Mais on voit mal comment le CDH, allié à des partenaires "progressistes" en Wallonie pourrait participer à un gouvernement fédéral "de droite".
L’attitude du CD&V a précipité la décision des socialistes Le PS vient de remporter haut la main le second tour des élections. Il se débarrasse de son meilleur ennemi francophone, le MR, dans les entités régionales. Et il lui met une pression énorme au fédéral. Le MR va-t-il, comme il l’avait annoncé, renoncer au pouvoir fédéral et laisser le PS se débrouiller seul avec la N-VA ? Pas sûr… Au PS, on pense que les libéraux vont se dégonfler et qu’ils participeront bien à la future majorité. Il y a un bien un risque pris par le PS pour sa future présence au fédéral mais, en fait, c’est le MR qui en subira les désagréments : s’il veut se venger des socialistes, il devra vendre son âme à la N-VA… Et ça, c’est la sanction électorale assurée aux prochaines élections.
Au PS, tout s’est précipité ces derniers jours en raison de l’attitude du CD&V. Les sociaux-chrétiens flamands n’ont plus donné signe de vie aux socialistes francophones. Et cela a semé le doute au boulevard de l’Empereur : et si, finalement, le MR, le CD&V et le CDH acceptaient de former un gouvernement avec la N-VA ? Le CD&V serait-il en train de pousser à l’alliance anti-PS prônée par Bart De Wever ? Le CD&V met en effet la pression sur son alter ego francophone du CDH pour qu’il franchisse ce tabou politique. Le PS s’en est rendu compte et a anticipé dans les Régions et à la Fédération Wallonie-Bruxelles un éventuel renvoi dans l’opposition également. Le PS vient de gagner une première grande victoire au Stratego des alliances par une guerre éclair tactique.
D’autres facteurs plus idéologiques et psychologiques ont joué. Sur le plan purement politique, le PS craint le PTB sur sa gauche et avait tout intérêt à nouer des majorités progressistes pour ne pas se faire accuser de gouverner avec "la droite libérale". Autre élément plus personnel : ce n’est pas un secret, au PS, de nombreux mandataires, à commencer par ceux qui occupent les postes les plus importants au sein du parti, n’aiment pas Charles Michel. Ils n’ont pas confiance en lui comme ils n’ont pas confiance en Didier Reynders, nous explique-t-on en haut lieu. Le CDH, manifestement, n’inspire pas la même réticence aux socialistes...