Luperto démissionne de son poste de président du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Jean-Charles Luperto est soupçonné d'outrage public aux mœurs en présence de mineurs de moins de 16 ans. Son avocat prend sa défense: "Monsieur Luperto conteste s'être exhibé à l'égard de qui que ce soit".

Belga & L.S.& rédaction en ligne
Luperto démissionne de son poste de président du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles
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Jean-Charles Luperto est soupçonné d'outrage public aux mœurs en présence de mineurs de moins de 16 ans. Son avocat prend sa défense: "Monsieur Luperto conteste s'être exhibé à l'égard de qui que ce soit". Le président du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Jean-Charles Luperto (PS), a annoncé lundi sa démission à la suite de révélations de soupçons d'outrage public aux moeurs en présence de mineur(s) de moins de 16 ans qui le concernent.

"Afin d'assurer ma défense dans la sérénité et compte tenu que les accusations dont je fais l'objet nuisent à l'autorité indispensable au bon fonctionnement des institutions, je crois utile d'une part de démissionner de ma fonction de président du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et, d'autre part, de procéder à la désignation d'un échevin en qualité de bourgmestre faisant fonction de la Commune de Sambreville", a-t-il indiqué dans un communiqué transmis à l'agence BELGA par ses avocats, Mes Marc Preumont et Pascal Rodyens.

"Ces décisions n'impliquent de ma part aucune reconnaissance d'une quelconque culpabilité pénale et j'estime pouvoir bénéficier, comme tout citoyen, de la présomption d'innocence, garantie démocratique de notre état de droit", a ajouté le député wallon.

La démission de Jean-Charles Luperto fait monter la première vice-présidente Valérie De Bue (MR) au perchoir de l'assemblée, a confirmé le greffe. Il n'abandonne en revanche pas son mandat de député wallon et communautaire, qui lui confère l'immunité parlementaire.

Son avocat réagit et prend sa défense

"Monsieur Luperto conteste s'être exhibé à l'égard de qui que ce soit, qu'il soit majeur ou mineur", a annoncé lundi soir Me Rodeyns, un de ses avocats.

M. Luperto s'entretiendra avec les enquêteurs jeudi. D'après Me Rodeyns, Jean-Charles Luperto est complètement atterré par les faits dont il est soupçonné.

"Il est rentré hier/dimanche de voyage et ça lui est tombé dessus! Il ne savait pas que plusieurs plaintes avaient été déposées", assure l'avocat, rappelant que son client est suspecté et pas inculpé.

Ses avocats s'interrogent sur le respect du secret de l'instruction. "Monsieur Luperto a été contacté par des journalistes dimanche après-midi, plusieurs heures avant le début des perquisitions à son domicile et à la commune de Sambreville. Cela pose question quant au secret de l'instruction", poursuit-il. Le procureur du roi de Namur, Vincent Macq, avait évoqué lors d'une conférence de presse dimanche soir des "fuites désolantes" dans cette affaire. Un deuxième dossier est d'ailleurs entre les mains d'un autre juge d'instruction pour violation du secret professionnel.

La démission était nécessaire (MR)

La démission de Jean-Charles Luperto de la présidence du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles constitue une prise de responsabilité nécessaire, a estimé lundi soir le MR, principal parti d'opposition au parlement wallon. "L'enquête est en cours et la justice doit faire son travail, il faut aussi respecter la présomption d'innocence", a rappelé le chef de groupe des réformateurs wallons, Pierre-Yves Jeholet.

Les faits reprochés sont cependant d'une "certaine gravité", a-t-il ajouté, rappelant que le dossier sur lequel enquête le parquet fait état de mineurs d'âge.

"La démission représente (pour Jean-Charles Luperto) le meilleur moyen d'assurer sa défense, mais c'était aussi un acte nécessaire pour préserver la crédibilité et l'image de l'institution", a ajouté le député libéral.

"Outrage public aux mœurs en présence de mineur(s) de moins de 16 ans"

Ce lundi après-midi, le parquet de Namur a tenu pendant une trentaine de minutes une conférence de presse afin de donner plus de précisions.

La qualification retenue par le parquet de Namur à l'encontre de Jean-Charles Luperto, bourgmestre de Sambreville, député wallon, est l'outrage public aux mœurs en présence de mineur(s) de moins de 16 ans, a indiqué lundi le procureur du Roi de Namur, Vincent Macq.

Depuis mai, une enquête est en cours et des témoins ont été auditionnés. D'audition en audition, d'autres faits ont été révélés. Le procureur évoque quatre faits distincts entre avril et octobre 2014. Le dossier a été mis à l'instruction le 14 octobre dernier.

Plusieurs perquisitions, mais toujours présumé innocent

Quatre perquisitions ont été jusqu'à présent effectuées: une au domicile de M. Luperto et une à l'administration communale de Sambreville dimanche, ainsi qu'une au parlement wallon et une autre dans ses bureaux au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles lundi.

Des PC portables, tours, tablettes, smartphones, clés usb et CD ont de même été saisis à son domicile. Concernant la saisie du matériel informatique, le procureur a expliqué que "de façon générale, dans ce type de délinquance, sexuelle, pour connaître le profil, on s'intéresse au matériel informatique". Jean-Charles Luperto n'a pas souhaité être présent lors de la saisie en raison de la présence de journalistes. En outre, des vêtements ont été saisis au domicile du président du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, vêtements peut-être portés sur l'aire de stationnement de Spy, le long de la E42, au moment des faits par quelqu'un qui ressemblerait très fort au député-bourgmestre de Sambreville.

"M.Luperto n'est pour le moment pas inculpé et est toujours présumé innocent", tient à préciser le parquet de Namur. Le bourgmestre de Sambreville n'a pas non plus été auditionné. Une audition qui sera faite en temps et en heure a indiqué le procureur de Namur.

L'enquête ne nécessite pas la levée de l'immunité du député wallon, a expliqué le parquet. Une expertise psychologique pourrait être réalisée.

Le procureur de Namur a expliqué qu'il avait eu vent de cette affaire à la veille des élections mais qu'il avait voulu être prudent. Le procureur du roi a confirmé que Luperto est aujourd'hui une personne "en grande difficulté ".

Théoriquement, si la prévention d'outrage public aux moeurs en présence de mineur(s) est déclarée établie par un tribunal, le prévenu encourt jusqu'à trois ans de prison. "Nous n'en sommes évidemment pas là", a encore commenté Vincent Macq.

Ce lundi matin, les enquêteurs se sont rendus au Parlement wallon - plus précisément à la Maison des parlementaires - afin de mener de nouvelles perquisitions. Celles-ci visaient cette fois les collaborateurs socialistes qui travaillent pour Jean-Charles Luperto, indique l'Avenir.

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Encore aucun contact entre Luperto et son avocat

L'avocat Marc Preumont, qui était présent au palais de justice de Namur ce lundi matin, a confirmé qu'il défendrait les intérêts du bourgmestre de Sambreville, député wallon et président du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il rencontrera son client dans la journée. N'ayant pas encore pris connaissance de l'entièreté du dossier, Me Preumont n'est pas en mesure de s'exprimer actuellement sur les faits dont est accusé Jean-Charles Luperto.

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La Computer Crime Unit est sur place

Selon L'Avenir, des membres de la Computer Crime Unit, l'unité de la police spécialisée dans la criminalité impliquant des ordinateurs, sont aussi descendus sur place. Les faits reprochés à Jean-Charles Luperto ne concerneraient pas ses mandats politiques et l'affaire semble extrêmement sensible.

Pas la première fois qu'il connait des ennuis judiciaires

Ce n'est pas la première fois que Jean-Charles Luperto connaît des ennuis judiciaires. En 2007, il avait été suspecté d'avoir fait une mauvaise blague par téléphone au bourgmestre de l'époque de Jemeppe-sur-Sambre, Joseph Daussogne. Jean-Charles Luperto avait été inculpé et son immunité parlementaire avait été levée. Il avait ensuite bénéficié d'un non-lieu.

À Sambreville, c'est l'effarement

L'annonce de perquisitions a pris tous les élus locaux de court. " Je ne peux que dire mon étonnement, sincèrement, je ne sais trop que dire ", réagissait François Plume, échevin PS. " Mais je veux d'abord rappeler que tout le monde est présumé innocent, et qu'à ce stade nous n'avons encore aucune idée de ce pour quoi ces perquisitions ont lieu ".

Au MR, le groupe politique qui historiquement est dans la commune le plus en conflit avec le PS, Samuel Barberini glisse: " On ne sait pas de quoi il retourne et Jean-Charles Luperto a toujours laissé l'impression de quelqu'un qui est dans les rails. La première réaction est donc la surprise. La seconde est la curiosité. Si le bourgmestre est incriminé, il devra en tirer les conséquence. Il y a eu à Sambreville des antécédents ou des membres de l'exécutif ont été poussés vers la sortie. L'échevin Maniscalco qui a fait l'objet d'une motion de méfiance suite à l'affaire du Foyer Taminois, ou l'échevin Duray qui a été condamné pour avoir renversé un passant avec délit de fuite ". Bernard Riguelle, chef de file du CDH, reste prudent face à cette nouvelle qui l'a sorti d'une séance de jardinage. En admettant: " Si ces accusations ont un fondement, ce serait un tremblement de terre à Sambreville où le bourgmestre prend une place énorme ..."

Le PS ne veut pas réagir pour le moment, prudence dans les groupes politiques wallons

" Le PS a pris connaissance des perquisitions au domicile et dans les bureaux de Monsieur Luperto. Ne disposant à ce stade d'aucune information, nous attendons que la justice fasse la lumière sur cette affaire. Soucieux de la présomption d'innocence, le PS ne fera pas d'autre commentaire avant de connaître les éléments du dossier ", a déclaré lundi matin le PS dans un communiqué.

Les groupes politiques du parlement wallon observaient avec une grande prudence lundi l'évolution du dossier Luperto, du nom du président du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles Jean-Charles Luperto (PS), soupçonné par le parquet d'outrage public aux moeurs en présence de mineur(s) de moins de 16 ans, mais qui n'est pas inculpé par la justice. Le groupe MR au parlement wallon s'est dit abasourdi des suspicions portées à l'encontre du président du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles Jean-Charles Luperto (PS).

Il renvoie toutefois au PS et à l'intéressé le soin de se positionner sur la question. "Ce n'est pas à nous de le faire", concernant cette affaire privée, indiquait-on dans le principal parti wallon d'opposition.

Le souvenir de l'affaire Trusgnach - des faits de moeurs reprochés en 1996 par un jeune homme de 16 ans au vice-Premier ministre PS de l'époque Elio Di Rupo, qui s'étaient révélées mensongères - reste dans les mémoires des responsables politiques, qui insistent dès lors la présomption d'innocence.

"Aucun commentaire, laissons la justice faire son travail", commentait-on chez Ecolo. Le groupe cdH ne disait pas autre chose.

Le PS en matinée avait refermé la communication, disant ne disposer à ce stade "d'aucune information" et attendre "que la justice fasse la lumière sur cette affaire". Jean-Charles Luperto, pour sa part, restait injoignable.


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