L'opposition épingle le budget fédéral : "Tout ce cinéma pour un tel résultat?"

Selon Jean-Marc Nollet, Charles Michel et le MR se sont une nouvelle fois "couchés devant la N-VA".

belga

Pour les Verts, le budget approuvé vendredi soir par le Premier ministre et les vice-Premiers ministres du gouvernement fédéral est une "énorme déception". "Pourquoi un tel cinéma jeudi si c'est pour revenir à ce qui était connu et qui ne répond pas aux défis qui nous font face? ", déplore samedi Jean-Marc Nollet, chef de groupe Ecolo à la Chambre. "De nouvelles économies, de nouvelles factures, ça, c'est décidé, mais en terme de justice sociale, c'est le grand vide qui s'approfondit. Charles Michel relance même la très mauvaise habitude initiée par le gouvernement Di Rupo de réduire l'enveloppe bien-être. (...) Notre pays mérite mieux."

Selon Jean-Marc Nollet, Charles Michel et le MR se sont une nouvelle fois "couchés devant la N-VA". "La majeure partie de l'effort est réalisée dans la sécurité sociale. Comme à l'habitude, la majorité aura été dure avec les malades, les retraités, les plus précarisés, et faible face aux multinationales et aux plus nantis."

Ecolo veut continuer à mettre la pression sur le gouvernement et invite également la société civile à poursuivre ses efforts. "Le gouvernement ne pourra pas éternellement nager à contresens de l'histoire et des légitimes revendications", conclut Jean-Marc Nollet.

Charles Michel doit présenter cet accord budgétaire à la presse à 11h samedi.

"Un exercice comptable minimaliste à nouveau sur le dos des citoyens"

Le groupe cdH à la Chambre qualifie samedi l'accord sur le budget fédéral survenu vendredi soir de "minimaliste, pressé in extremis par les délais européens, et sans ambition". "Les réformes structurelles porteuses d'emploi sont mises au frigo: rien sur l'impôt des sociétés, rien sur la mobilisation de l'épargne, rien sur le plan d'investissements publics de relance", déplore le groupe cdH.

"Depuis deux ans, ce gouvernement fait payer aux citoyens, aux familles et à la classe moyenne les décisions qu'il a lui-même prises. Il ne cesse de les sacrifier et sans le moindre résultat sur les plans sociétal, économique ni même budgétaire", poursuit le communiqué.

Le groupe cdH dénonce tout particulièrement les coupes dans les soins de santé, signe d'un "manque total de considération" pour les patients et les familles. De plus, ce gouvernement fait fi des partenaires sociaux et prend seul des décisions lourdes de conséquences.

Catherine Fonck, cheffe du groupe à la Chambre, déplore encore la mesure visant à responsabiliser l'employeur sur l'écartement des salariées enceintes. "En faisant porter à l'employeur 10% de l'indemnité de mutuelle, ce gouvernement pénalise les femmes jeunes qui auront encore plus de mal à se faire engager. Et par ailleurs, cela pénalise également de nouveau plus fortement les PME."

"Derrière le théâtre des embrassades et rabibochages forcés entre partenaires du gouvernement, cet exercice minimaliste qui impacte les citoyens et les malades, sans vision pour l'avenir du pays démontre la fragilité du gouvernement: ce qui les divise est plus fort que ce qui les unit", conclut-elle.

Un budget "totalement déséquilibré"

"Après une semaine de négociations difficiles, le gouvernement Michel accouche d'un budget qui fait porter les deux tiers de l'effort budgétaire sur la sécurité sociale et la fonction publique", déplore par voie de communiqué samedi Elio Di Rupo, président du PS. Pour ce dernier, le budget porte "la marque de la N-VA". Ce budget "fait payer les plus faibles, mais en plus il détricote encore davantage la sécurité sociale, qui garantit la solidarité entre tous les Belges".

Le président du parti socialiste regrette que la réponse apportée par le gouvernement aux licenciements collectifs de ces dernières semaines soit de "dissuader fortement les prépensions en les rendant plus chères pour l'employeur".

Le gouvernement évoque, dans son accord budgétaire, le "travail faisable". "Mais comment profiter de sa vie privée quand on preste jusqu'à 243 heures supplémentaires par an, dont 143 sans repos compensatoire? Comment profiter de sa vie privée quand on ne sait pas si on travaillera 38 ou 45 heures la semaine prochaine? ", s'insurge Elio Di Rupo.

Il ajoute que le gouvernement Michel compte diminuer le salaire minimum des jeunes de 21 ans, "alors que le gouvernement Di Rupo l'avait relevé. Concrètement, les jeunes qui travaillent et qui ont moins de 21 ans perdront jusqu'à 30% de leurs revenus".

M. Di Rupo déplore encore la diminution de l'enveloppe bien-être et les économies qui touchent les soins de santé. "Après avoir augmenté le coût de la consultation chez le médecin spécialiste, le gouvernement MR/N-VA veut augmenter le coût des antibiotiques. Il nous dit que c'est pour éviter la surconsommation. Mais ce sont les médecins qui prescrivent les antibiotiques! Les patients, eux, n'auront d'autre choix que de payer plus."

"Ce gouvernement reste, comme nous le dénonçons depuis le début, fort avec les faibles, et faible avec les forts."

CGSLB : "Le gouvernement penche à nouveau en faveur des grandes fortunes"

"Le gouvernement roule toujours pour les grandes fortunes et les employeurs", estime samedi le syndicat libéral CGSLB, à l'issue de l'accord sur le budget fédéral intervenu vendredi soir. "Les travailleurs et les allocataires sociaux font les frais de l'opération, que ce soit dans les économies, les nouvelles rentrées, les réformes du marché du travail ou de la norme salariale définie par la loi du 26 juillet 1996." "Je voyais bien les nuages noirs s'amonceler à l'horizon, mais là c'est un ouragan qui s'abat sur nous", réagit Mario Coppens, président national. "La taxation des plus-values nécessite encore une analyse poussée tandis que la réduction de l'impôt sur les sociétés serait exécutée d'un coup de cuiller à pot. Tout cela est tellement révélateur de la manière discriminatoire dont le gouvernement traite deux composantes de la société."

Le syndicat dénonce des mesures qui auront des conséquences catastrophiques. Le durcissement de la norme salariale et la limitation de l'enveloppe bien-être à 75% "ne vont pas faciliter les négociations collectives interprofessionnelles".

Pour la CGSLB, des assouplissements de la réglementation dans le volet Travail faisable/Travail maniable élargissent la possibilité pour les employeurs de s'affranchir du principe de la semaine des 38 heures et des efforts de formation sont bien prévus. "Nous aurions toutefois préféré un cadre juridique contraignant définissant un droit individuel à la formation."

"Les mesures budgétaires augmentent sensiblement la pression sur le citoyen en imposant de sévères économies dans les soins de santé. Dans le domaine de l'assurance chômage, le gouvernement s'attaque encore une fois aux groupes de demandeurs d'emploi qui ont déjà maintenant" beaucoup de difficultés à retrouver du travail, conclut Mario Coppens.

La taxation sur les cartes essence n'est pas raisonnable, selon Touring

L'organisation de mobilité Touring estime que la taxation sur les cartes essence décidée dans le cadre de la confection du budget fédéral n'est pas raisonnable, indique-t-elle samedi. "Il s'agit ni plus ni moins d'un impôt supplémentaire pour les entreprises. Cela alors que ce gouvernement entend justement réduire les impôts sur les entreprises. Le secteur de l'automobile doit à nouveau sauver les meubles", déplore-t-elle. "De telles décisions peuvent également avoir un effet inverse pour les autorités. L'augmentation des accises sur le diesel déjà décidée a eu pour conséquence une moindre utilisation de ce carburant et donc moins de revenus pour le gouvernement", souligne Touring, pour qui il vaut mieux bien étudier les conséquences à long terme de telles décisions avant de les entériner.

L'organisation de mobilité se montre par contre moins critique avec la décision de principe sur la mise en place d'un budget mobilité. "Mais le gouvernement devra veiller à ce que les entreprises mettent à disposition des travailleurs ce budget aux mêmes conditions fiscales que celles des voitures de société".

PTB: Le gouvernement ne devra pas s'étonner d'une reprise de la résistance sociale

"Si le gouvernement a décidé de faire sauter dans les faits la concertation sociale sur les salaires, le marché du travail, les pensions, l'e-commerce, il ne devra pas s'étonner d'une reprise de la résistance sociale", met en garde samedi le porte-parole du PTB Raoul Hedebouw, en réaction à l'accord sur le budget du gouvernement Michel. "Ce gouvernement n'est et ne sera jamais le gouvernement de la justice fiscale, mais bien de l'injustice sociale", juge-t-il. "Quand il s'agit de faire contribuer les plus riches, on reporte à plus tard. Quand il s'agit de faire payer les travailleurs, on applique la décision immédiatement", dénonce le parti du travail de Belgique. Il n'y a même plus aucune trace dans le budget d'une taxe sur les plus-values sur actions, ce qui constituait prétendument un point de rupture pour le CD&V, observe le PTB, qui réclame de son côté une taxe des millionnaires.

Le parti d'extrême gauche regrette par ailleurs que les personnes malades devront à l'avenir payer davantage. Alors que la ministre de la Santé publique Maggie De Block a évoqué "des économies au scalpel fin" en ce qui concerne la sécurité sociale, le PTB parle lui plutôt d'économies à la hache en raison du montant qui atteint 900 millions d'euros.

Le PTB critique également le fait que le temps de travail par semaine pourra être allongé jusqu'à 45 heures. "Ce n'est pas une modernisation du 21e siècle mais une dérégulation du marché du travail qui nous ramène vers le 19e siècle. Et la nouvelle loi sur le travail sera présentée un dimanche à la Chambre, et c'est là bien plus qu'un symbole", commente encore le porte-parole du PTB.

FGTB: Le budget se résume encore à des mesures d'austérité sur le dos des citoyens

Le budget approuvé par le gouvernement fédéral se résume une fois de plus à des mesures d'austérité sur le dos des citoyens, dénonce samedi le syndicat socialiste, après avoir pris connaissance des grandes lignes de l'accord conclu vendredi soir. La participation au budget du capital reste "tristement faible" et la légère amorce en vue d'un impôt sur les plus-values -à savoir la taxe sur la spéculation- a tout simplement disparu, pointe-t-il. La FGTB dit par ailleurs constater que la concertation sociale, mais aussi les syndicats, sont mis hors-jeu par cet accord. "On va chercher l'argent dans le secteur des pensions, chez les malades et les chômeurs. Les détenteurs de capitaux et les grandes entreprises sont encore et toujours épargnés", regrette la FGTB.

Le gouvernement va chercher plus de la moitié des efforts budgétaires dans la sécurité sociale alors que les ministres compétents avaient annoncé qu'opter pour une telle voie ne serait pas socialement raisonnable, épingle la FGTB. Il y a de nouvelles coupes dans l'enveloppe pour la liaison au bien-être alors que la pauvreté augmente en Belgique et que le gouvernement avait promis de s'atteler au problème en relevant les minima, relève également le syndicat. Et au lieu de créer de l'emploi, on sanctionne les chômeurs, ajoute-t-il.

Les travailleurs devront travailler plus longtemps et de façon plus flexible et ce, pour moins de salaire, indique encore le syndicat socialiste, alors que le dossier 'travail faisable' a été approuvé. "Les travailleurs devront travailler de façon plus flexible sur une année complète et accepter plus d'heures supplémentaires, qui donneront droit à moins de sursalaire et de repos compensatoire. Il y aura encore plus de modération salariale qu'actuellement et les salaires seront quasiment gelés les prochaines années", analyse le syndicat.

La FGTB déplore par ailleurs que le gouvernement compte "sabrer à nouveau" dans les services publics alors que "le personnel de la fonction publique est déjà sur la corde raide et que les services sont compromis".

Le syndicat socialiste dit constater que bon nombre de décisions du gouvernement répondent à des revendications patronales, comme le travail de nuit pour l'e-commerce dans tous les secteurs, l'abaissement du salaire minimum pour les jeunes, la flexibilité du travail, la réduction des efforts de formation pour les entreprises, un nouveau cadre pour la formation des salaires ou la diminution du sursalaire ou du repos compensatoire pour les heures supplémentaires.

La réforme fiscale en faveur des bas et moyens revenus encore oubliée, déplore DéFI

"Le gouvernement De Wever/Michel est toujours incapable de mener une véritable réforme fiscale en faveur des bas et moyens revenus", déplore samedi Olivier Maingain, le président de DéFI, en réaction à la conclusion du budget fédéral. Selon lui, la Belgique et l'immense majorité des citoyens belges s'appauvrissent. De nouveaux prélèvements sur le pouvoir d'achat sont imposés aux personnes à faibles ou moyens revenus, notamment en augmentant une nouvelle fois leurs contributions au financement des soins de santé, constate le parti siégeant dans l'opposition.

La réforme de l'avantage fiscal en faveur des voitures de société est une "illusion" car elle ne vise pas à en réduire drastiquement les effets néfastes sur la mobilité, poursuit DéFI, ajoutant que les travailleurs qui ne bénéficient pas d'une telle possibilité ne gagnent, eux, rien en revenus nets complémentaires.

Olivier Maingain évoque un gouvernement "passéiste qui n'est même plus capable d'assumer des vrais choix économiques malgré sa prétendue cohérence idéologique".

Le parti amarante se montre dès lors préoccupé, pointant du doigt une croissance économique belge inférieure à la moyenne constatée des autres pays de l'Union européenne et une création d'emplois deux fois plus faible en Belgique que dans la majorité des autres Etats européens.

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