Comment Nethys peut vaincre l’opacité
- Publié le 24-01-2017 à 10h51
- Mis à jour le 24-01-2017 à 10h53
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Qu’elle entre en Bourse ou non, la filiale privée de Publifin doit s’imposer des règles strictes.Autant le souligner d’emblée : dénicher le dernier rapport annuel du groupe commercial Nethys, filiale privée de l’intercommunale Publifin, relève d’un véritable parcours du combattant. Et pour cause, celui-ci n’existe pas. Ou en tout cas pas dans une forme officielle. Ce que l’on sait avec certitude, c’est que cette société dont le capital est détenu par les seules communes emploie aujourd’hui quelque 3 000 personnes et enregistre un chiffre d’affaires de près d’un milliard d’euros.
" Au regard de sa taille, exposait ce dimanche sur le plateau de la RTBF Philippe Delaunois, l’un des trois administrateurs indépendants du groupe, il est clair que Nethys rejoindrait le Bel 20 si la société devait être un jour cotée en Bourse". Et le même de traduire : "Autrement dit, cela signifie que les rémunérations seraient elles aussi à aligner sur celles en vigueur dans les sociétés du Bel 20". Face à lui, le manager de Deminor, société de conseil aux investisseurs, Pierre Nothomb, n’a pas manqué de saisir la balle au bond : "Si on suit votre raisonnement et compte tenu de l’actionnariat public de Nethys, il me paraît indispensable que ce groupe industriel se dote d’un cadre de gouvernance similaire à celui d’une société cotée".
Proximus, société anonyme de droit public
S’appuyant ainsi sur le "business model" de Proximus, société anonyme de droit public, Pierre Nothomb s’est livré à cette analyse comparative : " Proximus et même pas mal de sociétés non cotées sont soumises à un paquet de réglementations et au contrôle, notamment, de l’autorité des services et marchés financiers, la FSMA. Je ne vois pas pourquoi Nethys, société tout aussi publique, devrait être exemptée de règles de ‘compliance’ et de transparence. Elle doit rendre des comptes à son actionnaire, aux communes, donc aux citoyens".
Contacté ce lundi par nos soins, Pierre Nothomb nous a développé la suite de son analyse : "Le fait que Nethys soit une filiale privée [d’une intercommunale] qui diversifie ses activités, qui fait de l’argent, qui crée de la valeur n’est pas en soi un problème. Au contraire, c’est plutôt une belle réussite. Il faut la laisser se développer. La question fondamentale est évidemment de savoir ce que veut l’actionnaire. Aujourd’hui, chez Publifin, cela part dans tous les sens. Qui va payer le jour où les chiffres de Nethys seront mauvais ? Ce sont les communes qui pleureront. On pourra alors se préparer à un scénario à la Dexia…"
Stéphane Moreau et le CA de Publifin
Et le même de fulminer : Comment expliquez-vous qu’il n’y ait pas un seul administrateur indépendant présent dans le comité de rémunération de Nethys ? Il n’y a strictement aucun contrôle exercé sur les salaires. Et je ne peux pas croire un seul instant que Stéphane Moreau n’ait pas de liens forts avec les personnes qui sont au conseil d’administration de Publifin. Il s’agit d’une suspicion légitime […]. Ce qu’il manque chez Nethys, c’est une autorité indépendante qui supervise la mise en place d’un cadre réglementaire. Que le groupe produise un rapport annuel, établisse des comptes consolidés, fasse un ‘reporting’ sur la manière dont le CA fonctionne et dont sont réglés les conflits d’intérêts, qu’il s’assure qu’il y ait assez d’indépendants au sein des comités de rémunération, de stratégie, d’audit, qu’il s’assure de la présence de femmes au sein du CA… Nethys doit s’apparenter à une grosse société familiale comme il en existe en Belgique".
Autre invité de l’émission dominicale ertébéenne, le président de la fédération liégeoise du PS, Willy Demeyer, a d’ailleurs souscrit à cette proposition consistant à envisager pour Nethys un statut similaire à celui de Proximus.