Zuhal Demir, le fruit parfait de l’"inburgering" (PORTRAIT)

Elle est comme elle est - "tout droit dehors" comme on dit à Bruxelles - et tant pis si ça déplaît à l’interlocuteur, qu’il soit syndicaliste - elle a vivement déploré les grèves politiques à répétition contre le gouvernement - ou même ministre, comme Kris Peeters dont elle a vivement critiqué plusieurs décisions bien qu’apparentant à la majorité fédérale. Et s’il le faut, elle n’hésite pas à bousculer les codes en acceptant de poser pour une séance photo glamour et sexy dans un Parlement fédéral dont les élus se muèrent hypocritement en "pères la vertu"…

Un choix mûrement réfléchi

A n’en pas douter, Bart De Wever n’a plus voulu rater son casting fédéral. Le départ d’Elke Sleurs dont le bilan est aussi étique que diaphane sera vite oublié avec cette "Dame de fer" qui aime d’autant plus son sobriquet qu’en turc son nom évoque aussi ce métal résistant… Pas grave qu’elle ne soit pas issue d’un milieu flamingant patenté et classique, tout au contraire : après le passage météorique désastreux d’Anissa Temsamani au SP.A, il y a quelques années, le parti nationaliste entend bien utiliser cet atout majeur d’une intégration vraiment réussie.

Et tant pis pour d’autres candidates plus traditionnellement "vlaamsvoelend" qui se bousculaient au portillon comme Sarah Smeyers, Valérie Van Peel ou Helga Stevens… Fruit de l’intégration totale, Zuhal Demir est aussi le modèle d’une parfaite "inburgering". Elle ne cesse d’ailleurs de répéter depuis jeudi soir "que tout le monde peut y arriver pour autant qu’on le veuille bien évidemment"…

Genk, deux fois bingo…

Remarquée par Jan Jambon, elle a déjà été élue à deux reprises à la Chambre comme députée d’Anvers où elle a aussi présidé un important district urbain. Zuhal Demir a cependant a décidé de retrouver ses racines à Genk, officiellement pour y encadrer ses proches. Un bel exemple de piété filiale qui est aussi un choix politique puisque cela pourrait permettre à la N-VA de renverser la majorité absolue chrétienne-démocrate et rafraîchir les cadres incarnés pour l’heure par Steven Vandeput et Jan Peumans. Une manière aussi de rendre hommage à son père qui l’invita à ne jamais oublier ses origines.

La nouvelle secrétaire d’Etat l’a montré en allant prêter serment vendredi matin au Palais de Bruxelles. Le roi Philippe a certainement remarqué qu’à son poignet, Mme Demir, pas intimidée pour un cent en tenue très cool, loin du traditionnel tailleur protocolaire, portait le foulard rouge de son père lorsqu’il descendait dans les mines du Limbourg…