Crise politique : voici ce qu'il pourrait se passer en FWB et à Bruxelles
Publié le 03-08-2017 à 06h17 - Mis à jour le 03-08-2017 à 06h19
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Le premier domino est tombé. La semaine dernière, le PS a été éjecté de la majorité wallonne et un nouveau gouvernement MR-CDH a pu voir le jour. Le président des humanistes, Benoît Lutgen, avait lancé un appel, le 19 juin, à former des gouvernements régionaux sans les socialistes. Son espoir, à présent, c’est que le premier accord en entraîne deux autres, en Région bruxelloise et à la Communauté française (aussi appelée Fédération Wallonie-Bruxelles).
En ce début du mois d’août, c’est le calme plat. Les présidents du MR et de Défi, Olivier Chastel et Olivier Maingain, sont en vacances en France. Les choses devraient se clarifier à leur retour, après le 15 août. Cela dit, des contacts ont lieu ces jours-ci entre responsables libéraux, humanistes et de Défi. "Nous ne sommes impliqués dans aucune discussion gouvernementale", assure de son côté Patrick Dupriez, coprésident d’Ecolo, contacté par "La Libre". Et il résume la situation : "Beaucoup attendent l’initiative d’Olivier Maingain."
Un méga-gouvernement francophone
"Je reprendrai une initiative à la mi-août", avait-il en effet annoncé à "Moustique" (sur le site, puis dans le magazine), confirmant des propos déjà tenus par ailleurs. "Il faut qu’on trouve une issue pour sauver la Fédération Wallonie-Bruxelles. Si on l’abandonne, les francophones n’auront plus aucune protection et ce sera le confédéralisme comme le veut la N-VA." "Je formulerai une proposition pour qu’il y ait une solution stable pour finir la législature." Il lève un coin du voile : "La Fédération Wallonie-Bruxelles doit de plus en plus refléter la réalité des deux régions. On ne pourra former une nouvelle majorité en Fédération Wallonie-Bruxelles qu’en partant de la réalité des gouvernements régionaux."
Rappelons que le Parlement de la Fédération est une émanation des parlements régionaux (les 75 députés wallons y siègent en compagnie de 19 députés bruxellois). Le président de Défi dit ici que la majorité francophone devrait être une synthèse des majorités régionales : MR-CDH en Wallonie et, pour le moment, PS-Défi-CDH à Bruxelles. On aurait une sorte de méga-gouvernement francophone regroupant les quatre formations. Solution toutefois difficilement concevable. D’abord en raison de l’instabilité que générerait une telle coalition dans laquelle il y aurait trop de partenaires à satisfaire. Ensuite parce que M. Lutgen a très clairement indiqué qu’il ne voulait plus gouverner avec les socialistes; et le MR a répondu à son appel.
On en reviendrait donc au point de départ : le blocage. En Région bruxelloise et en Communauté française, la présence de Défi dans une majorité sans le PS est numériquement indispensable. Or le parti amarante refuse, pour l’heure, de lâcher son allié socialiste. Si les contacts actuels entre présidents de parti ne donnent rien, la rentrée politique sera animée. On peut s’attendre à une guerre d’usure entre CDH et Défi. Une bataille de la communication. A celui qui fera le mieux passer son message dans l’opinion publique.
Chez Défi, on rejettera le blocage des institutions sur Benoît Lutgen. En face, on insistera sur le "scotchage" d’Olivier Maingain au PS. En lui posant inlassablement la même question : "Acceptez-vous de gouverner sans les socialistes, largement éclaboussés par les scandales éthiques de ces derniers mois ?"
Le statu quo n’est pas envisageable
La confrontation pourrait durer plusieurs semaines, mais, à moyen terme, le statu quo n’est pas envisageable parce que tout nouveau projet est devenu impossible dans les deux exécutifs. En plus, il en va de la crédibilité du CDH. Si l’appel du 19 juin ne reçoit pas l’écho espéré, les centristes ne vont pas pouvoir rester indéfiniment aux côtés du PS et devront sans doute quitter les majorités.
Olivier Maingain a deux options. Soit il confirme son alliance avec le PS. On pourrait alors se retrouver avec des gouvernements minoritaires à Bruxelles (PS-Défi) et en Communauté française (MR-CDH). Et Défi ferait le pari que le CDH bruxellois, son concurrent direct au centre de l’échiquier politique, soit sanctionné par l’électeur. Piste crédible. D’autant plus que la confiance entre les deux formations est fortement abîmée.
Soit M. Maingain lâche le PS après un long moment de tergiversation, prétextant avoir tout fait pour le maintenir à bord et ainsi préserver de futures alliances. L’hypothèse n’est pas sotte. Faut-il rappeler que l’électorat de Défi, plutôt bourgeois, est sociologiquement nettement plus proche de celui du MR que du PS… ?