Céline Fremault (cdH): "Les allocations familiales ne peuvent pas être un jackpot électoral"
- Publié le 01-09-2017 à 06h43
- Mis à jour le 01-09-2017 à 15h31
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Céline Fremault, ministre bruxelloise du CDH, ne compte pas démissionner. Entretien.
Céline Fremault, ministre CDH de l’Environnement et du Logement au gouvernement bruxellois, fait sa rentrée malgré la crise politique. Elle n’entend, en effet, pas démissionner malgré la position inconfortable de son parti au sein de la majorité. "Pas question de déserter le gouvernement, dit-elle. Cela impliquerait de laisser la gestion au PS et à Défi. Or, il y a toute une série d’actions pour lesquelles le CDH est indispensable. Je continuerai à exercer mes responsabilités avec loyauté mais sans complaisance."
Le ministre-président Vervoort appelle le CDH à respecter l’accord du gouvernement. OK ?
J’ai toujours été loyale. Je continuerai avec la même rigueur. Mais le maintien au gouvernement s’accompagne de toute une série d’exigences sur la gouvernance.
Etes-vous en mesure d’avoir des exigences, après ce qui s’est passé ?
Pourquoi pas ? Une série de dossiers doit avancer et puis des lignes ont bougé depuis le 19 juin. On voit par exemple que le décret inscription n’est plus un tabou. Mais la déclaration de politique générale reste la balise et les textes adoptés seront votés par le groupe CDH au Parlement.
Diriez-vous comme Olivier Maingain qu’il y a une rupture de confiance entre CDH et Défi ?
Nous sommes au sortir d’une crise qui a été longue et inédite. J’entends cela mais Monsieur Maingain n’a pas souhaité dialoguer sans le PS. Aujourd’hui, on doit entrer dans une période d’apaisement et nous consacrer à nos dossiers.
Les relations personnelles au sein du gouvernement ont-elles été affectées ?
Une crise n’est jamais agréable sur le plan personnel. Il y a des personnes qui ont été plus qu’exposées, je pense notamment à Joëlle Milquet qui a dû encaisser au-delà de ce qui est acceptable.
On vous accuse de faire le jeu de la N-VA avec le MR au fédéral…
Certains ont besoin de l’épouvantail de la N-VA pour exister et pour se définir. Je pensais que la mue de FDF en Défi aurait permis de dépasser ce réflexe communautaire. Le CDH a toujours été clair par rapport à la N-VA. Le CDH s’oppose au nationalisme, au populisme donc il n’est pas question pour le CDH d’être associé à un projet nationaliste et séparatiste. A titre personnel, ce qui était vrai hier sera encore vrai demain : je suis N-VA-incompatible.
Vous êtes maintenant plus proche du MR que du PS ?
C’est vous qui tirez cette conclusion. Nous sommes équidistants. Le MR est un partenaire en Wallonie. Un partenariat n’est pas un mariage, encore moins une fusion. En changeant de partenaire, on ne change pas l’être d’un parti. Nous sommes centristes et entendons le rester.
Paul Magnette affirme qu’il ne pourra plus travailler avec Benoît Lutgen et qu’on assiste à une fusion MR-CDH…
Paul Magnette devrait sortir d’une vision binaire gauche-droite, elle est dépassée en Europe. Notre vision de la société est différente de celle des libéraux, différente de celle des socialistes. Pour parler d’absorption, il ne faut pas connaître grand-chose du CDH et de son histoire.
Est-ce que l’appel de Benoît Lutgen n’a pas négligé la capitale ?
C’est une décision collective. Il est injurieux et méprisant de dire que Benoît Lutgen ne connaîtrait rien de Bruxelles parce qu’il habite à 150 km de la capitale où il a vécu une dizaine d’années.
Comment envisagiez-vous de gérer la question du survol avec le MR dont le ministre est jugé inerte à Bruxelles ?
Ma détermination sera intacte et ma position ne changera pas. Le MR bruxellois a toujours été soutenant dans le cadre de notre action en cessation environnementale.
Sur la gouvernance, quelles sont vos exigences ?
Certaines choses ne peuvent plus se produire. La Région ne peut pas être le Bancontact de la Ville de Bruxelles. Il est indispensable de renforcer l’indépendance entre le contrôleur et le contrôlé. La gouvernance, ce n’est pas seulement la question du décumul. Le CDH n’est pas frileux sur cette question mais il ne faut pas que ce soit le cache-sexe d’autres mesures. Ceux qui ont des convictions profondes en matière de décumul, qu’ils se les appliquent dès maintenant à eux-mêmes. Que Défi fasse le geste de convaincre ses mandataires de se l’appliquer immédiatement.
Et le CDH, pour ou contre ?
Cela doit faire l’objet d’un débat mais pas indépendamment d’autres exigences. Il faut réduire le nombre de parlementaires bruxellois. A 50 on peut y arriver. Il faut simplifier les institutions régionales. Je ne me prononce pas encore sur les modèles mais un travail doit démarrer pour donner de la lisibilité à nos institutions. C’est aussi à chaque ministre d’initier de nouvelles mesures. Je le ferai en matière de logement social où une objectivation des critères d’attribution sera menée. Je veux un cadastre des logements communaux et des CPAS. Ensuite, il s’agit de mieux contrôler la rémunération et les avantages des dirigeants des sociétés de logement. Mon projet d’ordonnance le permettra.
Quid des allocations familiales, un dossier bloqué à Bruxelles ?
Je ne veux pas d’un modèle qui soit un jackpot électoral qui pourrait faire plaisir à certains à court terme mais dont on ne verrait pas une série de perversités. Il ne faut pas un copier-coller des systèmes wallon ou flamand mais pour nous, il est important que le montant de base se rapproche le plus possible de ceux des autres régions pour éviter des effets collatéraux sur la classe moyenne. Il ne faut pas que le déménagement d’une région à l’autre devienne un casse-tête pour les familles.
Quel est le jackpot dont vous parlez ?
Cette vision qui veut que les enfants déjà nés basculent dans le nouveau système dès 2019. Vu que la réforme égalise le montant de base pour chaque enfant, les deux premiers enfants verraient leurs allocations fortement augmenter alors que la perte des familles nombreuses serait compensée par des suppléments sociaux. Ceci engendre un coût nécessitant une réduction du montant de base. Les enfants naissant après l’entrée en vigueur du nouveau système seraient donc défavorisés.
C’est cela que propose le PS à Bruxelles ?
Le modèle du PS est très en rupture avec ce qui est décidé dans les autres régions. Le dossier a été bloqué faute de consensus.