"La RTB a œuvré à liquider la droite intellectuelle"
Publié le 12-03-2018 à 09h59 - Mis à jour le 12-03-2018 à 19h00
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Corentin de Salle est le directeur du bureau d’études du MR (le Centre Jean Gol). Docteur en philosophie, cet intellectuel (très) libéral examine la possibilité pour le MR de glisser vers la droite, comme le demande Alain Destexhe.
Il ne semble pas y avoir de droite politique du côté francophone. Pourquoi ?
En Belgique francophone, la droite s’est effondrée sur elle-même il y a trente ans, époque où la gauche a remporté la bataille des idées en dominant les médias et l’associatif qu’elle subsidie abondamment. Aujourd’hui, le MR, force progressiste, assure par défaut le rôle de la droite car toutes les autres formations francophones ont glissé à gauche. Dans les années 70, tant le Cepic (l’aile droite de l’ex-PSC) que le PRL, Jean Gol en premier, dénonçaient avec virulence la partialité de la chaîne publique - qui s’appelait alors RTB - qui, en dépit de son obligation à préserver le pluralisme idéologique, a œuvré efficacement à liquider la droite intellectuelle.
Liquider ? Le mot est fort…
La Flandre n’a jamais pratiqué la politique du cordon sanitaire. Nous, oui. L’avantage est que nous n’avons pas d’extrême droite mais nous n’avons plus de droite non plus. Car la légitimité politique de la lutte contre l’antiracisme a été instrumentalisée par la gauche pour étrangler insidieusement la liberté d’expression de la droite démocratique. Philippe Moureaux, en particulier, faisait alors, avec le concours du monde associatif, régner un véritable terrorisme de la pensée et disqualifiait à l’avance en les accusant de racisme tous ceux qui voulaient dénoncer la montée du communautarisme islamiste ou l’insécurité. On a vu le résultat…
Alain Destexhe a-t-il raison d’appeler à la constitution d’une aile plus à droite au sein du MR ?
Je le rejoins sur un point au moins : le véritable enjeu du parti, c’est de mettre davantage en avant sa spécificité libérale. Le MR devra demain œuvrer à la réduction substantielle de la taille de l’Etat, des impôts et des dépenses publiques et à responsabiliser les individus. En matière d’enseignement, il faudrait congédier ces thèses pédagogiques qui contaminent encore le Pacte d’excellence et qui font qu’aujourd’hui notre enseignement est l’un des plus mauvais et des plus inégalitaires du monde occidental. Il faut aussi développer un "écologisme de marché" qui repose sur les innovations technologiques et non sur des subsides. Ou encore rouvrir l’immigration légale au niveau européen grâce à des dispositifs régulateurs qui favorisent une immigration utile à la société et profitable au tiers-monde.