En Wallonie, Défi fait campagne sur la popularité de son hyperprésident Maingain
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Publié le 06-09-2018 à 11h25 - Mis à jour le 14-09-2018 à 15h39
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Avec la marque "Olivier Maingain", le parti amarante entend renforcer l’assise et la légitimité de ses candidats inconnus.Il ne faut pas se balader bien longtemps dans les villes et villages du sud du pays pour se rendre compte à quel point le phénomène est saillant. Le parti Défi profite à fond du nom, du visage et de la popularité de son député-président Olivier Maingain. Voyez plutôt. À Chaudfontaine par exemple, commune située dans la province de Liège, on peut lire sur une affiche grossièrement placardée sur la façade d’un petit commerce : "Stop ! À l’urbanisation excessive de Chaudfontaine. Défi Chaudfontaine, la volonté du changement avec le parti d’Olivier Maingain."
De façon plus organisée et systématique, on découvre également au cœur des communes wallonnes la présence d’affiches individuelles des candidats Défi locaux et provinciaux accompagnées, pour la grande majorité d’entre elles, d’affiches électorales dites "génériques" fournies par les fédérations provinciales du parti. Ces dernières arborent le nom et le visage du président ainsi que le slogan de campagne de l’ex-FDF : "La volonté du changement". Au passage, on notera ces détails (qui font tout !) sélectionnés pour illustrer le fond de ces affiches génériques : des maisons quatre façades, un clocher, des champs et… des vaches.

Le nom de Maingain plus connu que celui de Défi
"Il s’agit d’un choix stratégique fait en interne du parti et en concertation avec nos militants", assure Jonathan Martin, président de Défi Wallonie. Et le même de s’expliquer : "S’il est vrai que la crise de l’été 2017 (Benoît Lutgen décidait de tirer la prise des exécutifs fédérés, NdlR) a permis de faire émerger le nom du parti en Wallonie, force est de constater que le nom du président, lui, a émergé encore beaucoup plus depuis ce moment-là. Selon les derniers sondages, Olivier Maingain est la deuxième personnalité préférée des Wallons. À l’heure actuelle, nous faisons donc le constat que pas mal de Wallons connaissent mieux Olivier Maingain que le nom du parti lui-même."
Pour mémoire, le parti amarante est structurellement présent en Wallonie depuis la fin 2009. Mais, il faut bien le dire, il a littéralement végété au cours de ses premières années d’existence wallonne. Aujourd’hui, Défi oscille entre cinq et sept pour cent des intentions de vote en Wallonie, si l’on en croit les derniers sondages. En juillet dernier, La Libre avait par ailleurs relevé le nombre de transfuges (une quinzaine) issus d’autres partis politiques accueillis par Défi pour confectionner ses listes en Wallonie en vue du scrutin communal du 14 octobre. Ces transfuges avaient suscité pas mal de réactions négatives et de critiques dans le chef des adversaires politiques de Défi. Le week-end dernier, dans La Libre, le président du CDH Benoît Lutgen en remettait une couche en déclarant pour la énième fois qu’en Wallonie, Défi était à ses yeux " le camion-balai des frustrés et des déçus".
S’il ne nie pas l’existence de cette série de transfuges, Jonathan Martin souligne surtout la présence sur leurs listes wallonnes d’un grand nombre de personnalités issues de la société civile, bien ancrées dans leurs bastions locaux, mais qui se présentent pour la première fois devant l’électeur et qui sont donc vierges de toute expérience politique. "Dans ces circonstances, associer l’image du président peut contribuer à renforcer l’assise et la crédibilité du responsable local, déclare-t-il. Beaucoup de nos candidats et chefs de file étaient d’ailleurs fortement demandeurs de cette association d’images sur le terrain."
Le parti d’un président… qui ne se représentera plus
Reste cette question : le jour fatidique venu, le Wallon ne risque-t-il pas de chercher - en vain - le nom d’Olivier Maingain une fois dans l’isoloir ? "Vous avez raison. À entendre les gens sur les marchés, on a parfois l’impression qu’Olivier Maingain va se présenter dans les 262 communes wallonnes", concède celui qui assure n’entretenir aucune rivalité personnelle avec le président bruxellois dans cette campagne wallonne.
"Et c’est un débat qui a eu lieu en interne du parti mais nous nous sommes rendu compte que les arguments en faveur de ce choix étaient plus nombreux que ceux en sa défaveur." Le parti d’Olivier Maingain ne pourra toutefois pas miser encore des années sur cette stratégie. Pour rappel, l’hyperprésident s’est engagé à quitter son poste… après les élections de mai 2019.