Au Vlaams Belang, la nouvelle garde prend les rênes
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Publié le 27-05-2019 à 20h32 - Mis à jour le 28-05-2019 à 15h28
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Qu’on le veuille ou non, avec 23 sièges au Parlement flamand, 18 à la Chambre et trois au Parlement européen, le Vlaams Belang est, désormais, le deuxième parti de Flandre. "Super Sunday" résonne encore dans le soir d’or pour l’extrême droite flamande dont la performance électorale (18,5 %) n’égale pas celle du Vlaams Blok en 2004 (24,2 %) mais, tout de même, montre qu’il a repris du poil de la bête.
Sa première priorité fut de se délester du poids du passé. Les pionniers ont compris l’enjeu. Cela fait près de cinq ans que Filip Dewinter tenait le crachoir à la Chambre, il cède aujourd’hui la place à Tom Van Grieken, le nouvel homme fort du parti d’extrême droite. Bon prince mais lucide aussi, Filip Dewinter s’est dit "prêt à passer sans plus attendre le relais aux jeunes générations". Et l’avocat anversois et député européen Gerof Annemans avait déjà quitté la scène politique belge. Avec Van Grieken aux commandes, le parti radical ambitionnait d’être davantage salonfähig, fréquentable.
Dans les campagnes flamandes
Le parti donna néanmoins carte blanche à Filip Dewinter pour jouer à fond la carte de l’immigration dans la métropole. La veille y était assurée. Entre-temps, Tom Van Grieken ébaucha une stratégie susceptible d’attirer de nouveaux et jeunes électeurs en province. Le parti contestataire réussit à attirer de nombreux mécontents dans les campagnes flamandes. Lorsque le thème de l’immigration y fut abordé, c’est encore Van Grieken que l’on vit à la manœuvre pour expliquer "qu’il faut fermer les portes aux immigrés, pas parce que nous sommes racistes ni par haine envers ceux qui frappent à notre porte, mais par amour pour ceux et celles qui vivent sous notre toit". C’est marqué noir sur blanc dans le programme électoral du Vlaams Belang. Le parti précise d’ailleurs "s’opposer à l’entrée de nouveaux migrants dans notre pays pendant dix ans". Le président aura à justifier ou plutôt à nuancer des prises de position telles que "la multiculturalité ne fonctionne pas", des propos tenus lors d’un débat dans l’émission De Zevende Dag. Van Grieken réussit à imposer un discours identitaire en menant de front un programme socio-économique clairement de gauche. Et la mayonnaise prit… Fin tacticien, communicateur chevronné utilisant les médias sociaux à l’envi, Tom Van Grieken réussit à attirer de nombreux électeurs en province, parmi lesquels de nombreux primo-votants.
Ma maison, mon jardin
Le Belang a gagné de nouveaux électeurs en Flandre occidentale, dans la région de Dixmude notamment, au grand dam du bourgmestre CD&V Lies Laridon. Mais aussi en Flandre orientale, dans les régions de Louvain et de la Dendre, ainsi que dans le Limbourg (Leopoldsburg, la ville du bourgmestre Wouter Beke, mais aussi à Bilzen, Maaseik et Maasmechelen, par exemple).
Les autres partis accepteront-ils la main tendue de Tom Van Grieken? À ce jour, il n’y a que la N-VA qui entrouvre la porte au Belang. Bart De Wever n’a jamais été un fervent défenseur du cordon. Il a l’appui du politologue Bart Maddens ou encore de l’ancien recteur de la KU Leuven, Rik Torfs. Ce dernier affirme que "le cordon a fait en sorte que, ces dernières années, la gauche flamande a été dominante en raison du maintien du cordon sanitaire, ce qui ne se justifie pas dans un pays démocratique comme le nôtre".
Dans la Flandre profonde, les gens ont tendance à se replier sur eux-mêmes. La peur et la colère prennent le dessus. Le Belang parle au portefeuille des gens aussi. Les migrants, on ne peut pas tous les accueillir… Beaucoup insistent sur "une certaine légitime défense", parce que "les étrangers sont en train de tout nous rafler".
Le président Van Grieken s’affiche désormais avec deux cadres du parti qui ont pris du galon. Il s’agit des députés Barbara Pas et Chris Janssens. La première est ingénieur de formation, native de Tamise. Le second est traducteur de formation. Il est originaire de Genk.