"Inacceptable", "fausse bonne idée": la "coalition miroir" proposée par le CD&V ne fait pas l'unanimité...
Interrogé dans "De Morgen", Joachim Coens, président du CD&V, a proposé d'entamer des discussions sur la base d'une coalition "miroir" qui rassemblerait les partis au gouvernement flamand, soit la N-VA, le CD&V et l'Open Vld, et les partis au gouvernement wallon, soit le PS, le MR et Ecolo.
- Publié le 05-02-2020 à 11h27
- Mis à jour le 05-02-2020 à 14h33
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Interrogé dans "De Morgen", Joachim Coens, président du CD&V, a proposé d'entamer des discussions sur la base d'une coalition "miroir" qui rassemblerait les partis au gouvernement flamand, soit la N-VA, le CD&V et l'Open Vld, et les partis au gouvernement wallon, soit le PS, le MR et Ecolo.
"Pourquoi ne partirait-on pas des majorités qui sont déjà formées au niveau régional? On peut former un ensemble un gouvernement miroir. Ce serait une solution pour sortir de l'impasse. Pour le PS, ce n'est pas non plus illogique. Sous la législature précédente, ils devaient mener l'opposition au gouvernement fédéral depuis le gouvernement wallon. Cela n'a pas été une bonne expérience", a déclaré le président des chrétiens-démocrates.
Outre qu'elle allie le PS et la N-VA, ce qui paraît toujours impossible, cette formule se heurterait également aux écologistes francophones. Ecolo a dit dès le mois de juillet qu'il ne discuterait pas avec la N-VA. En outre, Ecolo et Groen ont fait le choix de monter ensemble dans un gouvernement fédéral ou de siéger ensemble dans l'opposition.
"Si Ecolo ne veut pas participer, parce qu'ils ne veulent pas parler avec la N-VA ou parce qu'ils ne veulent pas se séparer de Groen, nous pourrons alors le constater. Mais ce mécanisme permet au moins mettre les choses en mouvement", a-t-il encore dit.
Les Verts ont d'ailleurs réagi et ont rejeté cette idée d'une coalition miroir. "Hey @joachimcoens, les bruxellois.e.s existent aussi, hein. La Belgique a besoin d'un gouvernement qui porte un projet cohérent et progressiste, pas juste une addition de partis qui occuperaient des postes par défaut", a tweeté la co-présidente des Verts francophones, Rajae Maouane.
"Oublions un peu facilement Bruxelles et mettons sur pied un projet pour notre pays encore moins cohérent", a raillé sur Twitter la députée Jessika Soors (Groen). "Ou qu'est-ce qui est passé par la tête quand il a lancé sa proposition impraticable, pas même une semaine après sa mission d'informateur? ".
"Nier la Région bruxelloise"
Une coalition miroir telle que la préconise le CD&V en revient à nier la Région bruxelloise, ont fait remarquer le bourgmestre de Bruxelles et vice-président du PS, Philippe Close, et le ministre-président socialiste bruxellois Rudi Vervoort. "Je me permets de rappeler au CD&V que cette Région existe et, qu'il n'y a pas si longtemps, le CD&V y avait même des ministres. Ce pays est constitué de trois Régions et trois Communautés. Parmi elles, il y a la Région bruxelloise, avec des partis francophones et néerlandophones, qui fonctionne bien", a souligné M. Close.
Le socialiste s'étonne de cette sortie du président du CD&V alors que l'un des siens, le vice-Premier ministre Koen Geens, a été chargé d'une mission par le Roi en vue de former un gouvernement fédéral.
"J'ai l'impression d'assister à un règlement de comptes au CD&V. Je me demande pourquoi Joachim Coens ne laisse pas travailler Koen Geens. M. Geens a reçu une mission difficile, ce n'est pas avec des déclarations provocantes pour une partie du pays que l'on va y arriver", a ajouté M. Close.
De son côté, disant lui aussi s'étonner de la déclaration de Joachim Coens, le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort a affirmé que l'"oubli inquiétant" de l'existence de la Région bruxelloise "de la part d'un ex-informateur achève de discréditer cette 'fausse bonne idée' qui ne réglait rien".
M. Vervoort en a appelé au respect de la réalité institutionnelle belge et de l'existence de la Région de Bruxelles-Capitale.

Pas bien accueilli chez DéFi et au cdH
La proposition du président du CD&V Joachim Coens d'entamer des discussions sur base d'une coalition miroir rassemblant les partis au gouvernement flamand (N-VA, CD&V et Open Vld), et les partis au gouvernement wallon (PS, MR et Ecolo) ne passe pas la rampe chez DéFI et au cdH. "La coalition miroir proposée par M. Coens efface Bruxelles, qui dispose de sa propre majorité, merci pour elle. Elle consacre un confédéralisme de fait, alors que les élections fédérales ont leur propre légitimité et montre que le CD&V n'a toujours pas d'avis clair sur la crise", a ainsi commenté le président de DéFI, François De Smet.
De son côté, le président du cdH, Maxime Prevot a estimé que cette proposition de Joachim Coens constituait une "regrettable piqure de rappel à ceux qui pensaient que le respect de Bruxelles était acquis par tous".
Toujours sur Twitter, la cheffe de file du cdH bruxellois, Céline Fremault a jugé "inacceptable", "la fausse bonne idée du président du CD&V" qui nie la réalité institutionnelle de la Région bruxelloise et traduit une volonté de confédéralisme que l'on trouve déjà dans la résolution adoptée en '99 au Parlement flamand.