Le Vlaams Belang avance tranquillement ses pions, l’œil rivé sur 2024
Le Vlaams Belang poursuit sans tambour ni trompettes mais inlassablement un travail de fourmi. Le président Tom Van Grieken espère concrétiser son grand dessein à l’horizon 2024: conquérir le pouvoir en Flandre.
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Publié le 08-03-2020 à 20h24 - Mis à jour le 11-03-2020 à 17h33
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Le Vlaams Belang poursuit sans tambour ni trompettes mais inlassablement un travail de fourmi. Le président Tom Van Grieken espère concrétiser son grand dessein à l’horizon 2024: conquérir le pouvoir en Flandre.
C’est incontestable : au lendemain du 26 mai 2019, le parti ultra-nationaliste s’est senti pousser des ailes. Du jamais vu : le virage à droite de la Flandre, aussi brutal qu’inattendu, a provoqué un tsunami jusqu’au cœur même de la N-VA qui a perdu d’un coup 25 % de son électorat. Le Vlaams Belang version 2.0 n’a pas l’intention d’en rester là : le parti radical compte sur son meilleur allié (la N-VA) pour conquérir le pouvoir dès 2024.
Pour Van Grieken et ses lieutenants, la priorité du moment c’est de rendre le parti salonfähig (c’est-à-dire fréquentable) en vue d’une possible alliance avec son rival, la N-VA. Pour ensuite accéder au pouvoir en Flandre et faire imploser le cordon sanitaire d’un seul coup.
Dans les campagnes
Mais il y a encore du pain sur la planche avant le triomphe espéré. La priorité absolue, c’est de poursuivre le travail en aval. Comment s’y prendre pour “séduire” massivement et durablement les électeurs dans les campagnes ?
Le Belang tisse sa toile tous azimuts : il faut réanimer les sections locales en espérant se substituer au… CD&V. En même temps, des appels sont lancés sur les réseaux sociaux afin de consulter la base. Interrogé par le magazine Knack , Chris Janssens, le chef de groupe du Belang au Parlement flamand, soulignait : “Nous voulons impliquer le plus de monde possible. Nous avons beaucoup évolué aussi. Notre objectif est de devenir le plus grand parti flamand. Il faut développer une stratégie sur le long terme, l’œil rivé sur l’échéance 2024.”
Le numéro deux du Belang estime que son parti doit encore davantage “soigner son image sur Facebook” et qu’ “une plus grande diversité de thèmes doit être abordée à l’avenir.”
Le parti souhaite dorénavant élargir son domaine d’expertise (sur les migrants, l’islam, la sécurité, l’indépendance de la Flandre) à d’autres sphères telles que les priorités socio-économiques, la culture ou le bien-être animal. Soucieux de mener à bien ce travail de fond, le Belang a l’intention d’organiser quatre journées d’étude permettant à chacun de participer à une discussion “franche, ouverte et constructive.” La première se tiendra au mois de juin prochain au parlement flamand.
Vases communicants
Vincent Scheltiens, historien et professeur à l’Université d’Anvers, estime que le Vlaams Belang profite de la déception des électeurs pour répandre ses idées. “En réalité, N-VA et Belang sont des vases communicants, il n’existe pas de muraille de Chine entre les deux partis. Il faut dire aussi que les populistes enchaînent les succès électoraux en Flandre mais aussi ailleurs en Europe. Ils se nourrissent de l’impuissance des vieux partis et de l’Europe face aux crises économique et migratoire.”
Comment stopper cette poussée ? “Le vrai problème de la social-démocratie est qu’elle a perdu son identité et qu’elle a fait son deuil de la régulation publique. S’il faut trouver un point commun à la myriade de partis populistes déferlant sur l’Europe, c’est l’opposition au “système”, la déconstruction sans plan d’avenir”.
“Eigen Volk eerst"
Notre interlocuteur estime aussi que la N-VA et le Belang font du nativisme social, une politique qui vise à privilégier les autochtones selon l’adage connu : “Eigen Volk Eerst.”
Vincent Scheltiens : “La Flandre indépendante n’est pas un thème électoral qui rapporte gros ni au Belang ni à la N-VA. La Flandre tire sa force de sa diversité à l’image de ses habitants. Le citoyen ne souhaite pas tant la scission du pays, il pense à ses finances et veut pouvoir bénéficier d’une allocation de retraite d’au moins 1 300 euros. Il ne se préoccupe pas de savoir s’il faut ou non scinder le pays ou encore proclamer l’indépendance de la Flandre” .