Début du déconfinement, port du masque, contrôles, festivals d'été... Ce qu'il faut attendre du Conseil national de sécurité de ce mercredi
Du côté politique, on nous indique officieusement qu’au départ, il était question d’une prolongation du confinement jusqu’au 3 mai. La décision de la France, de le prolonger au 11 mai, aurait rouvert le débat.
Publié le 14-04-2020 à 19h53 - Mis à jour le 15-04-2020 à 11h25
:focal(1275x645:1285x635)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/7SU3HKFBYNEEDHF54LAKHGCIRE.jpg)
Ce mercredi après-midi aura lieu un Conseil national de sécurité, qui doit se prononcer sur la poursuite des mesures de confinement au-delà du 19 avril, alors que, mardi, la Belgique a dépassé le seuil des 4 000 décès (4 157).
La Belgique enregistrait, mardi matin, 262 décès, survenus au cours des dernières 24 heures, de cas avérés ou suspectés d’avoir été atteints du Covid-19 : 125 ont eu lieu en Flandre, 108 en Wallonie et 29 à Bruxelles. Parmi ces décès, 90 ont eu lieu à l’hôpital et 171, suspectés d’avoir été atteints du coronavirus, en maison de repos. Parmi tous les décès, 52 % ont eu lieu à l’hôpital. Ces 24 dernières heures, 242 nouveaux patients ont par ailleurs été admis à l’hôpital et 161 en sont sortis, pour un total de 5 536 hospitalisations. Parmi ces personnes, 1 223 sont aux soins intensifs (-11 par rapport au bilan précédent), dont 915 sous assistance respiratoire (-25). La tendance est clairement à la baisse, même si elle n’est pas "abrupte", a constaté le porte-parole Emmanuel André, insistant sur la nécessité de continuer à respecter les mesures de confinement, d’hygiène et de distance sociale.
Les deux experts fédéraux se sont toutefois refusés à tout commentaire sur les décisions susceptibles d’être prises au Conseil de sécurité de ce mercredi - de nombreux groupes de travail (Risk management group, Stratégie de sortie, etc.) devaient rendre leurs conclusions mardi -, mais il semble que l’on se dirige de toute façon vers une prolongation des mesures au-delà du 19 avril. Et au-delà du 3 mai ?
Décision française influente ?
Du côté politique, on nous indique officieusement qu’au départ, il était question d’une prolongation du confinement jusqu’au 3 mai. La décision de la France, de le prolonger au 11 mai, aurait rouvert le débat. Donc le 3 mai ne serait plus forcément la date butoir… Il ne semblerait toutefois pas question d’un durcissement des mesures, comme le ministre de l’Intérieur, Pieter De Crem (CD&V), l’a laissé entendre dans Het Laatste Nieuws. Mais il a déjà prévenu que les contrôles seraient renforcés. Par ailleurs, les participants - la Première ministre, les ministres-Présidents des entités fédérées, les ministres compétents ainsi que des experts - devront aussi déterminer jusqu’à quand les grands événements sont interdits. Mais cette date apparaissait mardi encore floue. Le ministre-Président flamand Jan Jambon avait déjà annoncé qu’une décision serait prise concernant les grands festivals d’été, mais prévus jusqu’à la fin juillet. Autre sujet qui a fait polémique et qui sera, selon nos informations, sur la table : des adaptations pour les jardineries et les magasins de bricolage. Ouvrir dans les mêmes conditions que les grandes surfaces ? Instaurer un système de take away ? Les autorités doivent trancher. Par ailleurs, quid des écoles après la fin du confinement ? Ce sera aussi au menu. Enfin, la question du port du masque devra être tranchée. Il faudra une clarté pour éviter des initiatives locales qui divergent avec les mesures générales, estiment les sources politiques que nous avons interrogées.
Pour l’épidémiologiste et spécialiste en santé publique Yves Coppieters (ULB), il apparaît logique de poursuivre les mesures actuelles jusqu’au 3 mai. "Ce qu’on attend pour mettre en place le déconfinement, c’est que le nombre d’hospitalisations et les admissions en soins intensifs baissent drastiquement. Il faut qu’on soit dans la phase descendante de la courbe et on n’y est pas encore. Faut-il encore attendre quinze jours ou un mois ? Vu la situation épidémiologique qui évolue favorablement, on peut se permettre des tranches d’observation de 15 jours et pendant cette période, voir l’évolution de la chute des hospitalisations, s’assurer que les hôpitaux retrouvent leur capacité de fonctionnement. Les modèles théoriques montrent qu’on pourrait arriver dans 15 jours à une confirmation de la baisse des hospitalisations et des admissions en USI qui permettrait que l’arrivée de nouveaux cas soit acceptable pour gérer les Covid-19 mais aussi pour que les hôpitaux puissent reprendre leurs activités de base." En revanche, cela lui "paraît peu raisonnable d’envisager des tranches de prolongation d’un mois pour continuer le confinement", comme le fait la France. Adopter ou modifier des mesures de 15 jours en 15 jours est plus proche du potentiel rythme de changement d’une épidémie, dans un sens ou dans l’autre, précise-t-il.
"Il faut des informations claires"
Pour lui, "le Conseil de sécurité devrait se concentrer sur les 15 prochains jours, et confirmer que la stratégie fonctionne, confirmer l’importance que la population continue à adhérer à cette stratégie, et se donner cette période pour structurer la stratégie de déconfinement (préciser comment cela va se passer, pratiquement, pour chacun) . (Mercredi) , il faut donner des dates, car il faut vraiment projeter les gens dans le temps, car sinon tout le monde va devenir nerveux. Et en termes de perspectives sociale, familiale, culturelle, économique, les informations doivent être claires. Le message ce mercredi ne doit a priori pas encore être centré sur le déconfinement, et s’il y a des dates et des perspectives communiquées, ce seront par exemple des perspectives de remises au travail, de reprise de l’école, de vision par rapport à des voyages hors du pays, ou projeter la population sur la reprise des différents secteurs qui peuvent assurer un cadre de travail ou d’accueil protégé pour les personnes concernées. Il faut se projeter sur une vision à moyen terme, des perspectives structurantes et structurées."
À noter que selon l’épidémiologiste, les écoles ne sont sans doute pas prioritaires pour une réouverture, même si le sujet est complexe : "Relancer les écoles, c’est surtout relancer l’économie, et permettre aux parents de retrouver le monde du travail, donc c’est intéressant. Mais si l’on regroupe des enfants pendant un mois et demi, ces enfants vont augmenter la transmission du virus. Même si eux ne vont a priori pas développer de formes graves, ils risquent de ramener le virus à la maison et de le transmettre à des populations plus à risque."