Les partis francophones sont (presque) tous d’accord pour refédéraliser la Santé
La Santé sera probablement au cœur de la prochaine réforme de l’État.
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- Publié le 13-05-2020 à 10h09
- Mis à jour le 13-05-2020 à 10h10
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La Santé sera probablement au cœur de la prochaine réforme de l’État.
La position est quasi unanime : le fédéralisme belge, tel qu’hérité de la sixième réforme de l’État, est à revoir. Une grande réorganisation institutionnelle est dans l’air et la pandémie, qui met les pouvoirs publics sous pression, a aiguisé encore un peu plus les velléités réformatrices. Mais dans quel sens mener cette refonte des structures de l’État ? Régionaliser ou refédéraliser ? Là est la question.
Ce week-end, dans La Libre, Alexander De Croo, vice-Premier ministre Open VLD, plaidait pour la refédéralisation des soins de santé : "L’idée d’une refédéralisation commence à vivre en Flandre et est encore plus d’actualité désormais, confiait-il. Dans les soins de santé, la situation est très compliquée. Les problèmes de gestion et de cohérence y sont énormes." Mais samedi, en télévision, Bart De Wever, président de la N-VA, a opposé à Alexander De Croo le scénario inverse : tout aux Régions.
Le MR prêt à aller loin
Et du côté francophone, quelles sont les positions ? Au MR, on le sait, c’est la refédéralisation qui a la cote. "Je suis favorable à une refédéralisation en matière de Santé, explique le président libéral Georges-Louis Bouchez. On peut aller jusqu’à envisager une refédéralisation de l’entièreté des compétences qui y sont liées. Quand ça va mal, les ministres régionaux se tournent vers le niveau de pouvoir fédéral. On l’a vu face au coronavirus. L’idée, pour moi, serait de ne conserver qu’un seul ministre de la Santé. Mais, avant de se lancer dans une réforme de l’État, les francophones devraient d’abord réorganiser leur propre paysage institutionnel."
Chez les socialistes, on reste plus prudent. Le PS estime toutefois que la crise sanitaire a mis en évidence les limites de la répartition des compétences actuelles entre les Régions et le fédéral. "Il faudra, après la crise, mener une évaluation et une discussion sereine sur cette organisation pour la rendre plus efficace au service du patient et du corps médical", explique le porte-parole du président Paul Magnette. Le PS insiste par ailleurs sur la solidarité interpersonnelle en matière de soins de santé (notamment) et exige, en tout état de cause, que leur financement reste au niveau du pouvoir fédéral.
Pour Écolo, la refédéralisation en matière de Santé ou une diminution du nombre de ministres ne doit pas être un tabou, "tant que l’objectif est l’efficacité et la protection de la santé de la population et la revalorisation des professionnels du secteur", précise la directrice de la communication des verts. Écolo souhaite également un meilleur fonctionnement des lieux de concertation : les plans Santé-Environnement, les plans Santé-Alimentation…
Quelle est la vision des humanistes ? "Je n’ai jamais été favorable au transfert de tout ou partie de la compétence Santé vers les entités fédérées, annonce d’emblée Maxime Prévot, le président du CDH. C’est contraint par certains partis du Nord et pour sortir des crises communautaires que nous avons dû concéder, comme tous les autres partis francophones, certains transferts. Et, aujourd’hui, nous sommes au milieu du gué. Je plaide depuis plusieurs années pour une refédéralisation de cette matière. Le partage de compétences est une ineptie et est peu efficace pour mener de bonnes politiques publiques."
Prévention, dépistages…
Quels dossiers devraient revenir dans l’escarcelle fédérale, selon le CDH ? "Je pense notamment à la politique de prévention, les dépistages, la lutte contre les épidémies, la lutte contre l’alcool, le tabac… Cela permettrait de retrouver une véritable politique de santé publique, qui tend à être délaissée aujourd’hui." Maxime Prévot précise qu’il souhaiterait que la refédéralisation en matière de Santé soit le fruit d’une réflexion organisée dans un organe paritaire rassemblant les patients et futurs patients, le monde médical et les représentants des soins de santé.
Enfin, chez Défi, c’est également la refédéralisation qui est prônée. Début avril, dans La Libre, François De Smet, le président du parti, annonçait clairement la couleur : "Tout cela (la crise liée au coronavirus, NdlR) nous conforte dans l’idée qu’il faut refédéraliser toutes les compétences liées à la sécurité d’existence comme la Santé et la Sécurité sociale."F.C.