Bouchez suscite le ras-le-bol au bureau du PS : "Si on m'en donne le mandat, je changerai de majorité en Wallonie", glisse Elio Di Rupo
" Plusieurs élus bruxellois, hennuyers, liégeois, ont fait part de leur ras-le-bol face au comportement de Bouchez, confie un membre du bureau du PS. Notre problème ne concerne pas le MR dans son ensemble mais est lié directement à la personnalité de son président. Il irrite comme le Didier Reynders de la belle époque…"
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Publié le 25-05-2020 à 17h07 - Mis à jour le 28-05-2020 à 08h08
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Ces derniers jours, la tension entre le PS et le MR n'a fait que monter.
Le président libéral Georges-Louis Bouchez a accusé Paul Magnette (et le président du SP.A, Conner Rousseau) d'avoir orchestré "un petit coup d'Etat" en prenant l'initiative de consulter les présidents de parti afin de dégager un début de solution au fédéral. A son tour, le président du PS a laissé entendre ce week-end dans la presse flamande que Georges-Louis Bouchez n'était pas fiable et changeait d'avis en permanence.
Simple querelle politique ? Cela passera ? Pas sûr. Le malaise est de plus en plus tangible chez les socialistes francophones. En bureau de parti, ce lundi, plusieurs municipalistes et députés ont provoqué une bronca contre Georges-Louis Bouchez.
"Comme le Reynders de la belle époque…"
"Plusieurs élus bruxellois, hennuyers, liégeois, ont fait part de leur ras-le-bol face au comportement de Bouchez, confie un membre du bureau du PS. Notre problème ne concerne pas le MR dans son ensemble mais est lié directement à la personnalité de son président. Il irrite comme le Didier Reynders de la belle époque… On sent que quelque chose est en train de se passer dans notre parti mais aussi dans d'autres formations. En Flandre, notamment, les autres présidents de parti sont agacés par son style."
Un autre élu socialiste, qui a assisté à la scène au boulevard de l'Empereur, confirme : "Nous sommes partenaires du MR à la Région wallonne et à la Fédération Wallonie-Bruxelles et nous ne sommes pas toujours d'accord sur tous les dossiers mais nous demandons un minimum de respect de la part de Georges-Louis Bouchez. Entre partenaires de majorité, il faut aller au-delà des divergences politiques, mais il a manifestement choisi de faire de la 'participopposition', voire de l'opposition pure et dure vis-à-vis du PS."
Le syndrome montois
Les socialistes estiment que Georges-Louis Bouchez est frappé de schizophrénie politique : "D'un côté, il sollicite le PS pour que l'on négocie une nouvelle majorité fédérale mais de l'autre il nous dénigre dans la presse en permanence. Parler de coup d'Etat ? Franchement… Il a pris le ton de Jean Gol quand ce dernier menait une fronde anti-socialiste mais cela avait abouti à isoler le PRL. Il avait fallu attendre le retour de Louis Michel pour améliorer les relations et les majorités arc-en-ciel (libéraux, socialistes, écologistes, NdlR) avaient pu voir le jour en 1999 grâce à lui. Je me demande ce que pensent les ministres libéraux en Wallonie et à la Fédération de la manière dont il traite le PS et fait vaciller les majorités. Le MR finira seul alors que ce parti n'a jamais eu autant de ministres ni autant de pouvoir… Les libéraux ont même le 16, rue de la Loi, depuis 2014 ! Georges-Louis Bouchez, qui se 'trumpise', entraîne tout le MR dans la même logique catastrophique qui avait conduit à l'éviction des libéraux de la majorité communale montoise en 2017 par sa faute."
Le sourire d'Elio…
Présent au bureau de parti de ce lundi, Elio Di Rupo, ministre-Président du gouvernement wallon, a réagi lui aussi durant cette réunion houleuse. Constatant la colère de plusieurs "barons", il a annoncé dans un sourire énigmatique qu'il était prêt à prendre des mesures radicales s'il le fallait : "Si le parti me donne le mandat de changer de majorité en Wallonie, je le ferai". Autrement dit, Elio Di Rupo laisse entendre qu'il pourrait reléguer le MR dans l'opposition (mais il devrait alors reconstituer une autre majorité).
On n'en est pas là, bien sûr, la menace n'était pas sérieuse mais les socialistes semblent vraiment à bout de nerfs. Suite à la publication de cet article, Elio Di Rupo dément avoir prononcé cette phrase précise en bureau de parti. Il insiste sur le fait que l'ambiance est bonne entre les partenaires PS, Ecolo et MR au sein de la majorité wallonne. Toutefois, nous maintenons nos informations recoupées auprès de plusieurs membres du bureau de parti du PS, ce lundi.
Face à la bronca de ses troupes hostiles à Georges-Louis Bouchez, le président Paul Magnette est resté calme mais a pris acte de ces critiques et a assuré les comprendre. "Il faudrait veiller à ce que tout cela n'aille pas trop loin…", a-t-il commenté.