Une alliance avec la N-VA pourrait être fatale au PS
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Publié le 26-05-2020 à 10h31 - Mis à jour le 12-06-2020 à 21h27
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À la mi-mars, les choses étaient claires, le coronavirus allait plonger la Belgique dans le confinement. Et comme La Libre le révèle à l’époque, une tentative d’unir PS et N-VA dans un gouvernement fédéral enfin stable est en cours. Le samedi 14 mars, ils sont cependant très nombreux au PS à contacter leur président ou ses plus proches conseillers pour marquer leur mécontentement et prier Paul Magnette de maintenir le refus de gouverner avec les nationalistes.
Magnette pensait que l’urgence sanitaire permettrait de faire passer la pilule. Il estimait aussi qu’en ayant l’accord de quelques ténors du parti, ce serait suffisant. Le dimanche 15, entendant sa base et ses barons, il recule et la formule actuelle de gouvernement minoritaire soutenu de l’extérieur l’emporte.
Désormais, la Belgique se déconfine pas à pas. Les pouvoirs spéciaux pourraient être de l’histoire ancienne dans un très proche avenir et le gouvernement minoritaire soutenu de l’extérieur, devenir obsolète. L’Open VLD ayant enfin un nouveau président, tous les partis sont en ordre de marche. Alors la crise politique qui avait été mise sous l’éteignoir ressort de partout. Alors, et c’est inévitable, on reparle de Vivaldi et d’alliance entre le PS et la N-VA.
Le PS va-t-il se résoudre à s’unir aux troupes de De Wever ? À moins d’un renversement de situation énorme, on peut affirmer que cela n’arrivera pas. En premier lieu, parce que la base et les barons du parti - à l’exception notable d’Elio Di Rupo et de quelques-uns - restent opposés à cette idée. Magnette ne leur fera pas deux fois le coup de négociations discrètes, échaudé par sa tentative du mois de mars. Et même en passant par un congrès, le risque est trop grand pour le PS d’afficher de lourdes divisions et de voir son président minorisé. La survie du PS est en jeu.
La N-VA, quoi qu’elle en dise, n’a pas joué la carte de la main tendue et de la concession acceptable pour les socialistes. Elle s’est même permis le luxe de mettre sur pied une campagne de dénigrement de l’enseignement francophone.
Pour Paul Magnette, il sera difficile de faire du Charles Michel
En 2014, après avoir dit pendant toute la campagne électorale que son parti ne s’associerait jamais avec la N-VA, Charles Michel (MR) s’était vu contraint, quelques semaines plus tard, de dire qu’il s’était trompé sur les nationalistes. Paul Magnette, qui ne porte pas l’ancien Premier ministre dans son cœur, se voit mal faire la même chose.
Le MR, de son côté, semble ne plus rien vouloir d’autre qu’un gouvernement fédéral avec la N-VA et le PS - mais sans les verts. Et le nouveau président de l’Open VLD, Egbert Lachaert, semble tenir la même ligne. En conclusion, si le PS doit s’unir à la N-VA, ce serait dans un contexte de "suédoise bis" plus les socialistes. Mais à ça aussi Magnette a toujours dit non.
Pour le PS, il n’y a donc pas beaucoup d’autres choix que celui d’un retour aux urnes. Mais les socialistes ne veulent pas trop l’afficher car le parti qui provoque le scrutin en tire rarement les bénéfices. Du reste, même si l’argument de la crise sanitaire peut être assez solide pour justifier des élections, ce retour aux urnes pourrait tourner au fiasco : ouvrir une voie royale pour le Vlaams Belang et rendre impossible toute autre alliance que celle du PS et de la N-VA.