"On va avoir un gros problème politique" : retour sur un super-kern émaillé par un clash avec la N-VA
Les nationalistes ont quitté la réunion. Les neuf autres partis ont validé des mesures pour un milliard d’euros.
- Publié le 13-06-2020 à 07h03
- Mis à jour le 13-06-2020 à 07h13
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Les nationalistes ont quitté la réunion. Les neuf autres partis ont validé des mesures pour un milliard d’euros.
Gros clash en fin de réunion du super-kern vendredi soir. Alors qu’un accord sur de nouvelles mesures d’aide pour surmonter la crise sanitaire et économique était sur le point d’être validé par les dix partis qui soutiennent le gouvernement fédéral dans le cadre du coronavirus, la N-VA a claqué la porte de la réunion. "Je ne peux pas marquer mon accord là-dessus", a lâché Peter De Roover (le chef du groupe N-VA à la Chambre), à la stupeur générale. L’accord s’est donc conclu à neuf.
"Pendant les cinq heures de réunion, on n’avait pourtant pratiquement pas entendu le son de sa voix", raconte un négociateur. Selon une autre source, ce sont les mesures en matière d’aide sociale que la N-VA n’a pas digérées, ainsi que le refus apposé à ses revendications en faveur d’une flexibilité accrue du marché du travail. "On va avoir un gros problème politique" (en vue de la formation prochaine du gouvernement), disait un troisième.
Soutien à l’investissement
L’ensemble des mesures validées vendredi représenteraient un coût d’environ un milliard d’euros, selon une évaluation donnée durant la réunion par le ministre du Budget, David Clarinval (MR). "Les nouvelles mesures de soutien qui font l’objet d’un accord peuvent être rangées en deux catégories", indique le communiqué de la Première ministre, envoyé à 21h48. "La première […] concerne le soutien à l’investissement." On y retrouve, pour l’essentiel : un nouveau système de tax shelter Covid-19 temporaire jusqu’à la fin de l’année pour les PME touchées par la crise (il s’agit d’une déduction d’impôt pour des investissements dans les PME) ; l’augmentation de 50 à 100 % de la déductibilité des frais liés à l’organisation d’événements et de catering jusqu’au 31 décembre (le secteur de l’événementiel réclamait sa part de l’aide) ; le report de l’acompte de la TVA de décembre 2020 (il s’agit d’un paiement anticipé qui est reporté d’un mois, à janvier 2021) ; ou encore la réduction d’impôts pour les dons effectués en 2020 à des institutions agréées passera de 45 à 60 % (sont visés le secteur associatif, ONG et ASBL d’intérêt général).
Congé parental renforcé
La deuxième catégorie de mesures validées vendredi concerne l’organisation du travail. Retenons, entre autres : la création d’un chômage Corona adapté qui consiste en une transition entre le chômage temporaire pour force majeure Corona et le chômage économique classique (sorte de prolongation du chômage temporaire sous conditions, notamment l’obligation pour le chômeur de suivre deux jours de formation par mois de chômage) ; la possibilité pour les entreprises en restructuration ou en difficulté de procéder à une réduction des heures de travail dans l’attente d’une reprise de l’activité normale et afin d’éviter des licenciements (c’était une demande des partenaires sociaux - patrons et syndicats) ; ou encore l’amélioration de l’accessibilité du congé parental corona (jusqu’au 30 septembre avec une allocation revalorisée à 150 % pour les familles monoparentales et les familles avec un enfant handicapé).
110 millions pour les CPAS
Enfin, ces mesures sont complétées par une aide supplémentaire de 100 millions d’euros pour les CPAS. L’enveloppe sera dédiée aux personnes en difficulté afin d’étendre le bénéfice des mesures sociales déjà décidées la semaine dernière, notamment pour combattre la précarité énergétique. Pour combler les frais de fonctionnement liés à une charge de travail supplémentaire, les CPAS recevront une aide additionnelle de 10 millions d’euros.
De l’investissement pour les libéraux et les centristes, du social pour les socialistes, de l’associatif pour le CDH (qui regrettait toutefois que l’exonération des cotisations sociales pour l’Horeca n’ait pu être validée), le congé parental pour les écologistes, etc. Chacun y a trouvé son compte. Il s’agissait là sans doute du dernier super-kern lié au coronavirus. Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, a confirmé vendredi que le gouvernement ne demanderait pas la prolongation des pouvoirs spéciaux. Ils prendront donc fin le 26 juin.