Maxime Prevot (CDH): "Que le duo Magnette - De Wever revoie les libéraux cet après-midi, c'est de bon augure"
A bonnes sources, une réunion entre les libéraux et le duo Paul Magnette - Bart De Wever a lieu cet après-midi. Pour Maxime Prevot, président du CDH et membre du "Club des 5" (CD&V, CDH, PS, SP.A et N-VA), c'est une bonne chose. "Les jeux ne sont pas faits. Le processus a été fragilisé par les fuites dans la presse, mais durant cette période estivale, il faut que tous les partis puissent être constructifs pour sortir de crise, qui a décrédibilisé la classe politique de notre pays. Il faut travailler, encore, et se préparer à la formation d’un gouvernement", dit-il.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/16e12df7-ddb4-42fc-bfe1-285390232bf8.png)
Publié le 07-08-2020 à 15h01 - Mis à jour le 11-08-2020 à 13h07
:focal(1275x804.5:1285x794.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/46GMY2Y2WND6FN6N7L7SL3TKAE.jpg)
Il se fait plutôt discret depuis quelques mois. Mais chacune de ses sorties, dit-il, "se voulait constructive. Cela ne sert à rien de parler à tort et à travers. Il y a aujourd’hui une urgence, celle de répondre aux conséquences de la crise dramatique que nous connaissons sur les plans sanitaire, social et économique, sans oublier les enjeux climatiques qui eux n’ont pas disparu". Entretien avec Maxime Prévot, président du CDH, et membre du « Club des 5 », comme on l’appelle, du nom de ces 5 partis (PS, SP.A, CD&C, CDH et N)-VA) à la manœuvre depuis quelques semaines pour tenter de frayer un chemin – enfin- jusqu’à une formation gouvernementale...
Quel est le statut de ce « Club des 5 » qui s’est réuni encore réuni jeudi ?
Les cinq partis qui se sont effectivement vus jeudi pendant quelques heures sont cinq formations qui se veulent vraiment constructives, mais qui, contrairement à ce que je lis ici et là, n’ont pas d’accord en tant que tel. Contrairement à ce que dit la presse, il n’y a pas d’accord entre nous. Il n’y a d’ailleurs pas de note écrite que j'aurais avalisée, ni même encore reçue. De même, si les discussions entamées avec le duo Paul Magnette – Bart De Wever ont toujours été ouvertes, courtoises et constructives, je ne donnerai pas de blanc-seing à une note qui ne soit pas équilibrée. Cette démarche est bien comprise de la part des préformateurs, qui font preuve de compréhension, et certainement pas d’arrogance.
Tout de même, ce qui fuite, sur les facilités, sur des nouvelles compétences partagées entre Régions, etc. ne va pas dans le sens d’une simplification, constat qui semble pourtant s’imposer avec évidence...
La note devra évoluer, c’est évident, pour tenir compte des différentes sensibilités, et des réserves que nous émettions. Pour paraphraser la sémantique de cette crise, je dirais qu’il y a dans la note qui est en discussion des zones verte, orange et rouge, tant sur le plan institutionnel que sur le plan socio-économique d’ailleurs. Quand on voit l’ampleur de la crise, la résurgence du virus, la population fragilisée, le gouffre budgétaire qui nous attend, et la crise climatique qui est là et bien là, je crois – et c’est la posture du CDH depuis le début – que chacun doit assumer des responsabilités. Les querelles d’ego doivent être remisées au placard, il faut discuter. Cette note n’est pas à prendre ou à laisser, il y a beaucoup de respect sur ce point de la part de Paul Magnette et de Bart de Wever.
Je vous repose la question : sur le plan institutionnel, il y a tout de même des couleuvres difficiles à avaler pour les francophones
Le volet institutionnel doit servir la cause de la gestion de la pandémie et de la crise socio-économique. On a besoin d’une réforme de l’État, j’en suis persuadé. Quand j’étais ministre de la Santé en Région wallonne, j’avais déjà dit que la 6è réforme de l’Etat avait engendré certaines aberrations. Il faut pouvoir faire des ajustements et annihiler les inefficiences du fonctionnement de notre lasagne institutionnelle. On doit le faire sans tabou. Vous savez, « réforme de l’Etat », ce ne sont pas des gros mots. L’objectif de cette réforme doit donc, je le redis, améliorer le fonctionnement de notre Etat face aux défis socio-économique, sanitaire et environnementaux qui nous attendent. L’objectif, pour le dire autrement, n’est pas de retirer des droits à des citoyens. Il faut éviter les conclusions hâtives. Les jeux ne sont pas faits. Le processus a été fragilisé par les fuites dans la presse, mais durant cette période estivale, il faut que tous les partis puissent être constructifs pour sortir de la crise, qui a décrédibilisé la classe politique de notre pays. Il faut travailler, encore, et se préparer à la formation d’un gouvernement.
Vous avez dit « il faut discuter ». La réunion, dans cette optique, du duo Paul Magnette et Bart de Wever avec les libéraux cet après-midi à 15h00, que nous venons d’apprendre à bonnes sources, comme on dit, est une bonne nouvelle ?
C‘est de bon augure, en effet. Je peux juste vous dire qu’il est important pour la stabilité de ce pays que les deux plus grands partis du Nord et du Sud se parlent, travaillent ensemble, sans quoi on va réduire le débat politique dans les mois et années à venir à : "pour ou contre la N-VA". Cela n’a pas de sens. C’est, je pense, faire preuve de maturité que les consultations puissent se poursuivre. Il reste beaucoup de travail pour équilibrer le tout, mais c’est une bonne étape dans le cadre de la formation d’un gouvernement. Et, comme pour l’Arizona, nous montrerons que nous sommes constructifs de notre côté…
Quel est l’objectif du CDH dans ces négociations ?
Depuis octobre, nous avons répondu présent à toutes les sollicitations des chargés de missions royaux. Avec nos modestes 5 députés, on a accepté d’en être pour débloquer la paralysie qui s’était manifestée à certains moments, dans l’intérêt du pays. Et je le dis en toute sincérité : on est au devant de graves problèmes, il faut des solutions.
On pourrait aussi vous prêter des ambitions au niveau régional ?
Pour être très clair, je ne lie pas le destin d’un exécutif à un autre.