Affaire Chovanec: Jan Jambon a-t-il menti ?
Finalement, qui était au courant du décès de Jozef Chovanec en février 2018 ? Le mur de silence semble se fissurer.
Publié le 26-08-2020 à 20h39 - Mis à jour le 27-08-2020 à 13h11
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Une révélation du ministre Pieter De Crem (CD&V) a particulièrement soulevé l’indignation parmi les députés: l’actuel ministre de l’Intérieur a affirmé avoir reçu la confirmation que son prédécesseur, Jan Jambon - devenu depuis lors ministre-Président flamand - avait été mis au courant du décès de Jozef Chovanec, et ce, quelques jours après les faits.
L’information vient des Affaires étrangères qui ont informé qu’une rencontre a eu lieu le 2 juillet 2018 entre un directeur du Service public et l’ambassadeur de Slovaquie, pays d’où est originaire M. Chovanec. Durant cette réception, l’ambassadeur avait alors indiqué avoir déjà eu un contact avec M. Jambon le 2 mars, soit quinze jours après les faits, toujours selon les informations rapportées par Pieter De Crem ce mercredi en commission. En d’autres termes, le ministre N-VA aurait donc bien été au courant de l’affaire à cette époque déjà.
Deux versions qui s’opposent
Pourtant, Jan Jambon avait auparavant nié avoir entendu parler des faits. "Jan Jambon n’avait jamais entendu quoi que ce soit sur l’incident jusqu’aux informations d’il y a quelques jours", avait affirmé son porte-parole la semaine dernière sur Twitter.
Ce mercredi, la position a paru nettement moins affirmée. "Nous allons investiguer et le ministre donnera ensuite toutes les informations nécessaires à la commission", a commenté son cabinet à la suite des échanges en commission de la Chambre.
Quelques heures plus tard, l’ancien ministre de l’Intérieur s’est exprimé pour réitérer sa position initiale, insistant sur le fait qu’il n’était pas au courant de l’affaire Chovanec. "Il n’y a pas eu un mot à ce sujet au sein de mon cabinet", a-t-il déclaré à la chaîne privée VTM.
Un rapport trop neutre ?
Dans un communiqué écrit envoyé encore par après, le ministre-Président flamand s’est montré moins affirmatif. Il a expliqué ne pas se souvenir des images rapportées la semaine passée, mais a reconnu que son cabinet a pu être au courant de l’affaire. "Aujourd’hui, il s’avère que le dossier a été traité par mon cabinet à l’époque, mais les véritables proportions de l’incident n’ont pas été portées à mon attention, ni à celle de mon cabinet", a-t-il déclaré.
Selon l’ancien ministre de l’Intérieur, l’information aurait été minimisée et n’avait alors pas attiré l’attention des membres de son équipe. "Un rapport de police a été demandé par le cabinet, dans lequel un compte rendu des faits a été donné de manière neutre, mais sans les terribles détails montrés sur les images de la semaine dernière. Le rapport ne pouvait en aucun cas permettre de déduire une action policière problématique", a-t-il encore avancé en réaction aux déclarations de Pieter De Crem. Le ministre-Président flamand a par ailleurs précisé avoir pris contact avec ses anciens collaborateurs pour obtenir de plus amples informations.
Deux versions qui s’opposent donc, et qui ont provoqué de nombreuses réactions chez les députés. L’ancien ministre de l’Intérieur devra venir s’expliquer devant les parlementaires la semaine prochaine, toujours devant la commission de l’Intérieur et de la Justice.
Le numéro un de la police à disposition
Également cité à plusieurs reprises durant la commission, le commissaire général de la police fédérale, Marc De Mesmaeker, n’a pas souhaité réagir. L’homme n’était pas à la tête de la police fédérale à l’époque. Il a succédé à Catherine De Bolle (désormais à la tête d’Europol) en juin 2018, soit quatre mois après le décès de Jozef Chovanec. Il indique toutefois qu’il se tient à la disposition de la commission conjointe, répondant ainsi aux députés qui ont manifesté leur volonté d’entendre la hiérarchie policière dans cette affaire. Pour rappel, le numéro deux de la police fédérale, le directeur général de la police administrative, André Desenfants, s’est retiré de ses fonctions le temps de l’enquête.