"Pas acceptable" pour Bouchez, "il va devoir rendre des comptes" pour Ducarme : au MR, la sortie du ministre de la Santé irrite
Denis Ducarme, député MR, membre de la même majorité que le ministre de la Santé s'inquiète " d'une forme d’imperméabilité de Frank Vandenbroucke aux enjeux psychosociaux et économiques de cette crise". Il juge que Vandenbroucke " va devoir s’expliquer sur une telle communication qui nous indique que les bases scientifiques ne sont pas là". Le président du parti libéral, Georges-Louis Bouchez, s'inquiète tout autant.
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- Publié le 30-11-2020 à 12h46
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Dans une interview à la VRT, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (sp.a) a expliqué que “faire du shopping ne comportait pas vraiment de risque quand tout était bien contrôlé”. Mais il a précisé “qu’à un moment, on avait besoin de prendre une décision choc, il fallait un électrochoc et cela impliquait que l’on ferme immédiatement les commerces non essentiels”, admettant qu’il s’agissait d’une mesure “psychologique”.
Des propos qui font bondir Denis Ducarme, député MR, membre de la même majorité que le ministre de la Santé et lui-même ex-ministre des Indépendants. “Il y a une forme d’imperméabilité de Frank Vandenbroucke aux enjeux psychosociaux et économiques de cette crise. Quand on a fermé les commerces et l’horeca, j’ai cru comprendre que c’était appuyé sur une base scientifique. Vandenbroucke se prévalait d’ailleurs d’être professeur d’université. Le fait d’entendre dans cette interview que les bases des décisions de fermer les commerces reposaient sur la volonté de prendre des mesures chocs, c’est très inquiétant. Alors on peut prendre toutes les décisions qu’on veut ”, s’insurge Denis Ducarme. “ C’est une mesure choc sans base scientifique. Je suis très sceptique sur la capacité des citoyens et des indépendants à accepter des mesures aussi douloureuses que celles-là, alors que dans l’Horeca ils en prennent encore pour deux mois dans la vue. Le manque de respect de M. Vandenbroucke pour les commerçants est intolérable”
Denis Ducarme affirme ne pas comprendre cette communication du ministre de la Santé. “ Cela nous déforce! Et ce alors que les décisions de vendredi allaient dans le sens qu’il souhaitait.”
Le député libéral estime “qu’il y a un vrai problème sur la tonalité et le manque d’empathie ” du socialiste flamand.
“S a déclaration implique de devoir rendre des comptes et de s’expliquer sur une telle communication qui nous indique que les bases scientifiques ne sont pas là” , conclut-il. “ Cela doit se faire en particulier à la Chambre, mais aussi auprès des indépendants qui ont dû fermer, ainsi qu’auprès des citoyens .”
Georges-Louis Bouchez: "Je demande une objectivation des décisions par des données scientifiques"
Les propos de Denis Ducarme ne percent pas les murs du MR de manière isolée. Sur le fond, il s'agit bien de la ligne de son parti, membre de la coalition Vivaldi et qui a débattu, en bureau de parti ce lundi, du cas Vandenbroucke. “L'interview de Frank Vandenbroucke est extrêmement surprenante, et ces déclarations ne sont pas acceptables pour les commerçants. Car il n’a pas été dit, au moment où la décision a été prise qu’on fermait les commerces pour la symbolique sans que ce soit nécessairement indispensable. Ce n’est pas très correct ”, prolonge Georges-Louis Bouchez, président du MR. “Le MR demande, et nous l’avons déjà fait, une objectivation des décisions par des données scientifiques. C’est indispensable pour ne pas perdre l’adhésion de la population.”
Le président du MR réclame par ailleurs “un peu plus d’empathie” à l’égard du public". “C’est compliqué aujourd’hui de dire à un commerçant: vous avez fermé mais ce n’était peut-être pas indispensable. On pourrait se passer de ce genre de propos. D’autant que cela a toujours été l’argument du MR, sur base des données que nous avions, que de dire que les commerces n’étaient pas une zone importante en termes de contaminations. Cela a été mis en avant par David Clarinval, ministre des Indépendants.”
"Dire que rien n’est envisageable pour les prochaines semaines, c'est excessif"
L’évolution, selon Georges-Louis Bouchez doit donc se faire sur base de chiffres, avec des adaptions régulières. “Quand j’entends que quelle que soit l’évolution d’ici 15 jours, on est prêt à rien évaluer ou rien revoir, je pense qu’on doit faire preuve de plus d’ouverture", conclut Bouchez. "Yves Van Laethem a dit ce lundi matin qu’on pourrait atteindre autour de Noël les objectifs fixés par le ministre de la Santé lui-même. Il ne faut pas créer de faux espoirs, mais il est excessif de dire que rien n’est envisageable pour les prochaines semaines. Se montrer sentencieux et sans marge de manœuvre n’est pas de nature à donner un peu d’espoir à la population."