Mathieu Michel met les points sur les "i" : "La digitalisation de l’État est fondamentale pour la relance"
Le secrétaire d’État à la Digitalisation, Mathieu Michel, défend le volet digital du plan de relance.
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- Publié le 07-02-2021 à 08h32
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Le plan de relance belge, destiné à utiliser la manne européenne de 6 milliards d’euros, a été fortement critiqué. Saupoudrage, projets sans envergure structurelle, manque d’imagination… La Belgique, et ses différents niveaux de pouvoir, serait passée à côté d’une occasion historique. Certains s’étonnaient plus particulièrement de la place accordée à la digitalisation des services publics dans le volet fédéral du plan. En quoi la numérisation administrative relancera-t-elle notre économie tétanisée par la pandémie ? Mathieu Michel (MR), secrétaire d’État en charge de la Digitalisation et de la Simplification administrative, a souhaité mettre les points sur les "i".
"La digitalisation de l’État est essentielle dans le plan de relance", tranche-t-il d’emblée. Dans le classement Desi (Digital Economy and Society Index) établi pour 2020 par la Commission européenne - un "ranking" qui compare les États membres dans la course à la numérisation -, la Belgique arrive en 9e position. Ce qui n’est pas si mal. Mais… "Parmi les critères qui permettent d’établir le classement Desi, celui de la digitalisation des services publics est le plus mauvais résultat de la Belgique (16e). Cela s’explique par le fait que notre pays est hétérogène dans sa gouvernance, du fait de ses multiples institutions. Cela n’aide pas à avoir une structure digitale facilement accessible."
"Le pétrole du XXIe siècle"
Le secrétaire d’État fait le lien entre deux de ses compétences : "Aujourd’hui, la digitalisation, c’est la simplification administrative. En digitalisant les services publics, on soulage les citoyens et les entreprises." Grâce à la digitalisation de l’État, il y a aussi des opportunités de développements économiques. "Dans le domaine des données, par exemple. Il faut libérer les données publiques en matière de santé, de météorologie, de mobilité… Ces données, pour peu que leur usage reste strictement encadré, sont en fait le pétrole du XXIe siècle. Le chiffre d’affaires du marché de la donnée en Belgique, c’est 12 milliards d’euros par an…. Et c’est un marché en croissance. La ressource de Facebook, de Google, ce sont les données."
Dans le plan de relance, rappelle le secrétaire d’État MR, environ 400 millions sont affectés à la digitalisation. Pour des projets spécifiques à certains départements administratifs (Justice, Santé…) et pour des projets transversaux "destinés à établir des passerelles entre les départements administratifs". Or, l’un des principes à la base du plan de relance belge est que, pour un euro public investi, le secteur privé en investit entre deux et quatre. C’est "l’effet multiplicateur", vanté notamment par Thomas Dermine (PS), le secrétaire d’État à la Relance. Un mythe économique ou une réalité ? En ce qui concerne la digitalisation, Mathieu Michel se dit confiant. "L’effet multiplicateur dans la digitalisation des services publics est difficile à évaluer. Mais il y en aura un."
Des écrivains publics numériques
Effet potentiellement pervers du coup d’accélérateur dans la numérisation administrative : la fracture numérique pourrait laisser sur le bord du chemin certaines catégories de citoyens peu ou pas connectés. Mathieu Michel en a conscience et a voulu anticiper ce risque dès le début de son mandat. "Le digital va accélérer qu’on le veuille ou non. Mais avant de décoller, il faut attacher sa ceinture. J’ai un plan pour éviter la fracture numérique et je propose, par exemple, de créer un système d’écrivains publics numériques. Ce dossier va d’ailleurs sortir dans les prochaines semaines. Il repose sur un brevet octroyé à des gens, des fonctionnaires, des aides familiales…, qui pourront aider les autres dans leurs démarches sur Internet."