Pourquoi la Belgique envoie du remdesivir, un médicament inefficace et très coûteux, à l'Inde ?
L'Inde a bien fait appel à l'Union européenne pour se fournir en remdesivir. La Belgique, qui en détient mais ne l'utilise quasiment pas, a donc décidé d'en envoyer. Mais est-ce vraiment utile ? Et pourquoi en racheter ?
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- Publié le 26-04-2021 à 18h35
- Mis à jour le 26-04-2021 à 19h11
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La Belgique a décidé d’envoyer l’équivalent de 3 millions d’euros de remdesivir (produit d'abord utilisé contre Ebola) à l’Inde pour soutenir le pays, qui fait face à une vague de contamination au coronavirus sans précédent. Ces dernières 24 heures, plus de 350 000 nouveaux cas et 2 800 décès ont été recensés dans le pays. L’aide internationale est donc primordiale.
Cependant, envoyer 9 000 flacons de ce médicament pour 3 millions d’euros, soit plus de 330 euros l’unité, c’est plus qu’étonnant. L’Organisation Mondiale de la Santé avait d’ailleurs décidé, fin 2020, de ne pas recommander l’administration de ce produit, faute de preuves concrètes de son efficacité contre le Covid-19. Ce qui n’avait pas empêché la Belgique de se fournir pour près de 4,3 millions d’euros de doses, “au cas où”, auprès du géant pharmaceutique américain Gilead.
L’Inde a quant à elle décidé d’utiliser massivement le remdesivir. Après vérification auprès du Ministère des affaires étrangères belge, de la Commission européenne comme du côté de la diplomatie indienne, on nous confirme que le pays a également bien fait appel à l’Union européenne pour s’en procurer.
La question des stocks...
La Belgique transfère donc une partie des doses qu’elle détient, a annoncé la ministre de la Coopération au développement Meryame Kitir (Vooruit), mais a également fait un appel d’offres européen pour “reconstituer un stock”, nous dit-on à son cabinet. Étonnant encore, étant donné la faible utilisation qu’en fait la Belgique. “Comme pour les masques, il faut garder un stock stratégique”, nous répond-on.
Par contre, rien n’est encore officialisé sur le fait que la Belgique passe ou non par le mécanisme de Protection civile européen, qui permet d’assurer jusqu’à 75 % des coûts logistiques pour un tel don.
Quelle utilité sanitaire?
“Ce médicament n’a pas montré ses preuves dans les essais randomisés. Ça ne diminue pas la charge virale et il faut le donner très tôt. Ça influence peu les morbidités et n’a pas d’effet sur la mortalité. Donc sur un plan sanitaire, il aurait mieux valu préconiser les anticorps monoclonaux qui ont prouvé une efficacité contre le Covid-19 pour les gens à risques”, commente Yves Coppieters. “L’Inde a une industrie pharma très développée. Donc je pense que c’est plutôt une action de type diplomatique. Mais d’un point de vue sanitaire, le remdesivir, sur base des données scientifiques, ne va pas fondamentalement changer les choses”, ajoute-t-il. “Ce n’est pas la décision la plus pertinente. Il faudrait mieux trouver des moyens, de l’oxygène et autres pour ces zones les plus touchées”, conclut-il.
“C’est assez lamentable car inapproprié par rapport à leurs besoins actuels. Mais personne ne les emploie plus ici et ils encombrent manifestement”, nous signale une autre source proche des autorités belges, qui ne voit pas l’intérêt de ce médicament au prix exorbitant. Mais si l'Inde est demandeuse.
