Vincent Van Quickenborne sur l'affaire Conings: "Nous ne voulons pas faire avec l’extrémisme de droite la même erreur qu'avec Sharia4Belgium"
Pour le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, le gouvernement tire les leçons de l'affaire Conings.
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Publié le 26-05-2021 à 21h36 - Mis à jour le 27-05-2021 à 09h26
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Après sa prise de fonction au sein du gouvernement fédéral, en octobre 2020, le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open VLD), assurait que l’une des plus grandes menaces qui planent sur notre pays provient de l’extrémisme. "Et quand je parle d’extrémisme, nous ne ciblons pas uniquement le terrorisme islamiste, la menace de l’extrémisme de droite est également grandissante", exposait alors le libéral.
L’affaire Jürgen Conings semble lui donner raison. Des propos qu’il serait prêt à réitérer aujourd’hui ? Oui, mais avec un peu de nuance. "J’ai toujours dit que toutes les formes d’extrémisme violent doivent être combattues fermement. Depuis quelque temps, les services au niveau national, mais aussi au niveau international, alertent sur le danger que représente la montée de l’extrémisme de droite. Mais nous surveillons toute forme d’extrémisme. Peu importe que cela vienne de la gauche, de la droite ou des djihadistes."
"Aucune complaisance" avec l’extrémisme de droite
Bien que l’affaire du militaire en fuite mette en exergue des cas d’extrême droite interpellant, Vincent Van Quickenborne affirme que le radicalisme le plus préoccupant concerne majoritairement le djihadisme. "La majorité des 700 personnes figurant dans la base de données commune de l’Ocam sont de nature djihadiste. Nous avons pu constater ces dernières années une augmentation de l’extrémisme de droite sur la liste de l’Ocam. Nous ne voulons pas faire la même erreur qu’avec Sharia4Belgium, qui n’avait pas immédiatement été pris au sérieux. Il s’agit ici de prendre la menace de l’extrémisme de droite avec toute la vigilance et le suivi nécessaires. Aucune complaisance."
Si la complaisance n’est guère tolérée, force est de constater que Jürgen Conings a pu continuer ses activités même s’il était fiché pour ses accointances avec l’extrême droite. Vincent Van Quickenborne refuse de commenter cet épineux dossier, mais il dit vouloir donner plus de poids à l’Ocam pour éluder les potentiels cas de radicalisme au sein de l’armée, mais aussi dans les rangs de la police. "Les personnes figurant sur la liste de l’Ocam devraient se voir automatiquement refuser l’accès à certains lieux ou à certaines professions. Nous voulons donner plus de poids à cette liste. Si une personne y est inscrite, des mesures doivent être prises automatiquement pour l’empêcher d’accéder aux services de sécurité, aux infrastructures critiques et aux armes et munitions, par exemple. Cela se passe généralement bien, mais il dépend en fait de l’employeur que des mesures soient prises ou non. Cela devrait juste être une obligation."
Pour mener à bien ces opérations de lutte contre la radicalisation, le ministre de la Justice défendait, dès son entrée en fonction, la possibilité de davantage outiller les agents de la Sûreté de l’État. Un dossier sur lequel il avance "grandement", assure-t-il. "Pour avoir accès aux espaces secrets sur le Net et les réseaux sociaux, nos services de sécurité doivent être en mesure de gagner la confiance de leurs cibles. Ils se heurtent souvent aux limites de ce qui est légalement admissible dans le cadre de leurs fonctions. Le gouvernement développe un cadre adapté à l’infiltration par des agents et des informateurs pour faire face à ces restrictions. Par exemple, l’utilisation de discours extrémistes ou haineux doit être autorisée dans certains forums afin de mieux comprendre le recrutement de terroristes potentiels. Mais attention, il ne s’agira pas d’un chèque en blanc. Ces opérations seront encadrées par des magistrats."
Une leçon à tirer pour le gouvernement
En attendant, le cas de Jürgen Conings alimente l’actualité. En Flandre, certains appellent même Ludivine Dedonder à démissionner. Un avis partagé par Vincent Van Quickenborne ? "La ministre de la Défense a pris immédiatement des mesures. Des enquêtes sont en cours. Je crois qu’avec ce gouvernement nous tirerons les leçons", conclut le ministre, précisant que la collaboration entre les départements Justice, Intérieur et Défense, dans cette affaire, est optimale.