Ihsane Haouach pourrait être entendue par la Sûreté de l’État cette semaine
En démissionnant de son poste de commissaire du gouvernement fédéral auprès de l’Institut pour l’égalité entre les femmes et les hommes, Ihsane Haouach n’a pas, pour autant, mis fin à la polémique entourant sa nomination.
- Publié le 11-07-2021 à 20h23
- Mis à jour le 12-07-2021 à 21h22
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Bien qu’elle affirme avoir démissionné suite, notamment, à des attaques incessantes à son égard sur les réseaux sociaux, une information parue dans la foulée de sa démission a remis le feu aux poudres. Selon plusieurs sources, un "rapport" de la Sûreté de l’État - il s’agit en fait d’une "note", dans le jargon de la Sûreté, un "rapport" est un document interne qui n’est pas destiné à sortir du service, contrairement à une "note" - ferait état de liens entre Mme Haouach et des membres de la confrérie des Frères musulmans.
Rappelons qu’il s’agit d’une société secrète, non hiérarchisée, qui a des ramifications diverses et variées et qui prônait dès sa création l’application de la charia par un gouvernement mondial.
S’il ne fait désormais aucun doute que cette note concernant Mme Haouach existe bel et bien, il est difficile, pour l’heure, de savoir ce qu’elle contient. Après recoupements, on y trouverait des informations rapportées par des tiers et qui concernent la participation de Ihsane Haouach à plusieurs réunions et autres repas organisés par des associations ou autres qui auraient des liens avec les Frères musulmans, sans que l’on sache quelles associations sont visées par cette note. Une partie de ces informations seraient au conditionnel et selon nos sources, les conclusions ne seraient pas précises quant à une appartenance avérée de Mme Haouach. La Sûreté préciserait qu’elle ne dispose d’aucune preuve prouvant une appartenance de l’ancienne commissaire du gouvernement à la mouvance frériste. On ne sait, pour l’instant, pas, par contre, quand cette note a été rédigée et si une enquête approfondie a pu être menée par la Sûreté de l’État. Il semble nécessaire aussi de préciser qu’il est admis que de très nombreux musulmans qui fréquentent des associations liées de près ou de loin à la confrérie des Frères musulmans ne sont pas au courant de ces liens et participent à certaines activités en toute bonne foi. On ne peut donc, pour l’heure, pas exclure que ce soit aussi le cas de Ihsane Haouach qui, rappelons-le, dans une interview donnée au journal Le Soir, précisait qu’elle ne connaissait pas les Frères musulmans.
La modification d’une interview
Mme Haouach serait d’ailleurs entendue par la Sûreté de l’État cette semaine pour clarifier sa position et la confronter aux informations partielles que contient le rapport de la Sûreté. Il est nécessaire de rappeler aussi qu’il n’est rare de faire l’objet d’une note au niveau de la Sûreté de l’État. Un don à une association aux accointances un peu douteuse peut suffire à la Sûreté pour ouvrir une fiche à votre nom.
Néanmoins, un élément pose encore problème dans cette affaire. Le 8 juin 2021, l’Observatoire des fondamentalismes de Bruxelles publie une interview d’Ihsane Haouach réalisée dans le cadre d’un rapport commandé par le Forum européen des femmes musulmanes (EFOMW), une organisation internationale qui serait liée aux Frères musulmans. Dans ce rapport présenté comme un "travail journalistique", 11 femmes belges musulmanes évoquent "la place de la femme musulmane dans la société belge". Dans la partie consacrée à Ishane Haouach, cette dernière disait notamment que "notre communauté est à la traîne, nous sommes une réelle force politique mais nous ne sommes pas unis, il n’existe pas de véritable lobby. Il n’y a qu’à regarder les dernières élections politiques et le nombre de musulmans qui ont élu des représentants de partis politiques qui ont voté des lois qui ne sont pas en faveur des musulmans (abattage rituel, voile, cours de religion…) Nous ne sommes pas du tout organisés pour faire pression". Surprise, trois jours plus tard, ce passage et d’autres étaient supprimés ou réécrits. Pourquoi et par qui ? Difficile à dire. Tant Mme Haouach que l’auteur du rapport de l’EFOWM - contactée par La Li bre, elle a précisé qu’elle n’était pas disponible pour nous répondre ce dimanche - n’ont pu nous éclairer sur ce sujet. Tant que cette zone d’ombre subsistera, une ambiguïté qui ne servira pas la cause de Mme Haouach persistera.
Quant à la note de la Sûreté de l’État, la semaine qui vient devrait permettre d’en savoir plus. Plusieurs députés devraient demander qu’elle soit rendue publique et il n’est pas exclu que le Premier ministre soit contraint de faire toute la clarté devant la Chambre.