La Croix-Rouge et ses directeurs face au désastre des inondations : "Tout l’argent sera distribué, jusqu’au moindre centime et de la meilleure manière"
Le directeur francophone de l’organisation admet que, parfois, Flandre et Wallonie fonctionnent différemment.
Publié le 03-08-2021 à 20h46 - Mis à jour le 13-08-2021 à 18h06
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Les intempéries qui ont frappé le pays durant le mois de juillet constituent la pire crise à laquelle la Croix-Rouge de Belgique a dû faire face depuis la Seconde Guerre mondiale. C'est en tout cas l'avis de Pierre Hublet, l'administrateur délégué francophone de la Croix-Rouge de Belgique. "C'est une ampleur que nous n'avons jamais rencontrée auparavant. Quelque part, cela nous a tous un petit peu dépassés, surtout au tout début", reconnaît d'emblée l'homme fort de l'organisation humanitaire coté francophone, répondant ainsi aux critiques émises quelques jours plus tôt.
Le 29 juillet, le bourgmestre de la commune de Pepinster, fortement touchée par les pluies torrentielles qui ont fait déborder la Vesdre, s'en prenait à l'association humanitaire. Selon Philippe Godin (PS), la Croix-Rouge n'est pas parvenue à fournir une aide efficace sur le terrain. "On ne voit rien venir, il n'y a pas de volonté dans le chef de la Croix-Rouge, déplorait le bourgmestre. La Croix-Rouge dit qu'elle va venir évaluer la situation mais je pense que, 15 jours après les événements, celle-ci a eu largement le temps d'évaluer les besoins sur le terrain" ajoutait-il encore.
"Nous faisons pourtant au mieux"
Pour la première fois depuis le début de la catastrophe, Pierre Hublet sort de sa réserve. Jusqu'alors, il avait préféré s'exprimer par voie de communiqué, voulant éviter de rentrer dans la polémique. "J'admets que tout n'est pas parfait. J'entends aussi qu'il y a beaucoup de souffrance et d'émotion qui sont exprimées. Je crois que cela a dépassé tout le monde. Tant les autorités publiques que la Croix-Rouge. Nous faisons pourtant au mieux", revient-il.
Le constat était partagé par son homologue néerlandophone Philippe Vandekerckhove, sur les ondes de la VRT. Mais ce dernier allait un pas plus loin et remettait en cause l'organisation des différents niveaux de pouvoir. "La coordination au niveau des autorités était un peu lourde, ce qui a ralenti l'action sur le terrain", reconnaissait le responsable flamand, ajoutant que ni les autorités ni la Croix-Rouge francophone n'avaient une bonne vue d'ensemble des besoins à ce moment-là.
"On travaille en complémentarité avec nos homologues flamands. La coordination se fait toujours sur le lieu de crise. Ce sont donc les francophones qui ont la responsabilité de la coordination. Mais je suis en réunion tous les jours avec les collègues flamands, et ça se passe bien. Mais il n'y a pas de lourdeur institutionnelle, ça c'est sûr, estime pour sa part M. Hublet. Ce qui est vrai, c'est que la coordination vient d'ici (en Wallonie - NdlR) et que les bénévoles flamands viennent en appui. On est une Croix-Rouge nationale, avec des modes de fonctionnement qui sont parfois peut-être un peu différents en Flandre et en Wallonie. Mais cela se passe bien entre nous."
Quatre axes pour dépenser les dons
Deux semaines après les intempéries, la Croix-Rouge a reçu un afflux massif de dons à la suite des nombreux appels lancés à la population. Pas moins de trente millions d'euros sont déjà arrivés sur le compte de l'organisation. "Nous ne nous attendions pas à recevoir autant, mais cela montre l'ampleur de la crise qui nous touche. C'est fantastique de voir la solidarité entre les Belg es", se réjouit l'administrateur délégué francophone, précisant que les dons viennent de l'ensemble du pays, et concernent tant les privés que les entreprises.
Aujourd’hui, seul 1,5 million a été dépensé pour les premiers secours. Pour la suite, la Croix-Rouge indique avoir fait appel à une équipe internationale spécialisée dans les évaluations de besoins lors des grandes crises. Celle-ci a rencontré un panel de 1500 sinistrés pour identifier les besoins.
La phase d'urgence aiguë s'achève. Place désormais au traitement des besoins les plus importants à court, moyen et long terme. Ceux-ci concernent quatre axes : les besoins primaires, l'aide médico-sanitaire et psychosocial, l'hébergement et la mobilité. "Tout l'argent sera distribué, jusqu'au moindre centime et de la meilleure manière. L'important n'est pas d'aller vite, mais d'aider les gens au mieux", conclut le francophone.