Vers un changement de nom pour le MR ? "Il faut rappeler qui nous sommes : des libéraux"
Georges-Louis Bouchez, le patron du MR, veut remettre les valeurs libérales au cœur du nom de son parti.
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- Publié le 17-08-2021 à 17h43
- Mis à jour le 18-08-2021 à 11h23
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Près de vingt ans après s’être réunis sous la bannière du Mouvement réformateur (MR), les libéraux francophones envisagent très sérieusement de changer le nom de leur parti. En 2002, la création du MR, qui reposait sur l’association du PRL, du FDF, des libéraux germanophones et du MCC, correspondait à une tentative stratégique d’union des forces au centre et au centre droit du jeu politique.
Le qualificatif "réformateur", un peu vague, permettait de concilier les différentes sensibilités doctrinales qui parcouraient la nouvelle formation. Daniel Ducarme (le père du député Denis Ducarme), président des libéraux à l’époque, souhaitait créer un grand parti démocrate sur le modèle américain.
Deux décennies plus tard, le MR semble avoir vécu. Le président Georges-Louis Bouchez voudrait changer le nom de son parti dans les prochains mois. Quelle pourrait être la nouvelle étiquette ? Dans les couloirs de l’avenue de la Toison d’or (le siège du parti à Bruxelles), il se murmure que le "Mouvement des libertés" fait partie des formules sur la table.
Les libertés concrètes
Le jeune Montois pense depuis quelque temps recourir au pluriel "libertés" dans la redéfinition de l'image du MR. Il estime que le concept "liberté", au singulier, reste trop abstrait et lointain. "Parler des libertés plutôt que de la liberté a encore plus de sens aujourd'hui, confie un libéral bien informé. Car, pendant la crise sanitaire, on a souffert de la mise en suspens des multiples déclinaisons des libertés. Parler des libertés permettrait de mettre en avant toutes les facettes de nos valeurs : libertés économiques, religieuses, liberté de mœurs, liberté de se déplacer… Ce serait ainsi plus accessible à chacun, plus ancré dans le quotidien."
Georges-Louis Bouchez avait par ailleurs fondé sa campagne interne, lors des élections présidentielles, sur la promesse d’un retour aux racines libérales de la formation politique, d’un retour au combat idéologique au sens noble. Sur ce terrain, le langage est une arme à ne pas négliger. Depuis son arrivée à la tête du MR, en novembre 2019, il a mis en avant dans ses apparitions publiques le slogan "Fier d’être libéral". Et, dans ses interventions médiatiques ou même dans ses courriers aux militants, il emploie fréquemment l’expression "parti libéral" plutôt que "Mouvement réformateur".
"Rappeler qui nous sommes"
L'adoption d'un nouveau nom tel que le "Mouvement des libertés" s'inscrirait comme la suite logique de ce positionnement plus combatif. "Lorsqu'on a créé le Mouvement réformateur, on était au début des années 2000, c'est-à-dire à une époque où tout le monde se disait pragmatique, explique un poids lourd du parti. Parler des réformateurs plutôt que des libéraux semblait plus neutre et rassembleur à une époque où les différences entre la gauche et la droite s'estompaient en apparence. Mais nous sommes revenus à une ère beaucoup plus idéologique, en partie en raison de la pression des formations populistes. On peut ne pas aimer ce genre d'idées mais, quand on évoque le Parti socialiste, tout le monde voit de quel courant politique on parle. Il faut par conséquent rappeler qui nous sommes : des libéraux."
Omer Vanaudenhove en modèle
Ce changement de nom ne devrait pas être que cosmétique. Dans un premier temps, le 18 septembre, Georges-Louis Bouchez va faire valider la modernisation des statuts de sa formation politique. Ensuite, il lancera une grande réflexion programmatique sur le fond qui devrait être accompagnée, sur la forme, par l’adoption d’une nouvelle appellation insistant sur les valeurs libérales.
L’un des modèles libéraux de Georges-Louis Bouchez est Omer Vanaudenhove, chef de 1961 à 1968 du Parti de la liberté et du progrès (PLP), l’ancêtre du MR. Omer Vanaudenhove, à la tête d’une formation qui était encore unitaire, avait provoqué en 1961 une évolution majeure de la carte politique belge en ouvrant philosophiquement son parti aux électeurs de la droite catholique. Georges-Louis Bouchez, par les réformes menées sous son mandat présidentiel, rêve de laisser dans l’histoire des libéraux une empreinte de cette ampleur.