Après la conférence sur l’emploi, on attend les mesures "concrètes"
Le ministre du Travail annonce un plan d’action concret. Sur quelle base ?
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Publié le 08-09-2021 à 22h00 - Mis à jour le 09-09-2021 à 21h43
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Voilà, c'est fait. La première grande conférence annuelle sur l'emploi concoctée par le ministre fédéral du Travail Pierre-Yves Dermagne (PS) s'est clôturée mercredi en fin d'après-midi. Deux journées de débats, consacrés surtout aux fins de carrière, qui doivent nourrir la réforme du marché du travail annoncée par le gouvernement De Croo. Le ministre Dermagne l'a promis en fin de conférence : "Cette première conférence ne peut pas rester lettre morte. Il faut maintenant transformer tout cela en plan d'action. Il faut des actions concrètes."
Bien, mais en quoi cette conférence va-t-elle aider à réformer le marché du travail ? Quelles solutions va-t-elle apporter aux problèmes majeurs que sont la pénurie de main-d’œuvre ou la trop faible participation des travailleurs de plus de 55 ans au marché du travail ? En écoutant les interventions des partenaires sociaux mercredi se dégageait une certaine impression de déjà entendu, avec toutes les divergences que cela suppose entre recettes patronales et syndicales.
Le droit de ralentir
Au terme des débats, Pierre-Yves Dermagne a néanmoins pointé plusieurs axes qui se sont dégagés de ces échanges : les travailleurs âgés doivent pouvoir ralentir en fin de carrière ; ils doivent bénéficier de plus de formation et de bonnes conditions de travail tout au long de la carrière ; ils doivent transmettre leur savoir-faire aux plus jeunes.
De ces axes, le socialiste déduit quatre lignes de force pour son plan : travailler sur toute la carrière et pas seulement la fin ; être attentif à la question du genre, en vue d’améliorer le taux d’emploi des femmes, inférieur à tout âge à celui des hommes ; adapter le travail au monde actuel (télétravail…) ; et enfin agir sur les discriminations qui frappent les travailleurs âgés.
Un beau programme, certes, mais qui ne dit pas grand-chose des mesures concrètes qui seront prises en vue d’augmenter le taux d’emploi jusqu’à 80 %, objectif que s’est fixé la Vivaldi. M. Dermagne annonce tout de même qu’il déposera sur la table du gouvernement, en septembre, une proposition concernant le droit individuel à la formation des salariés.
"Un choix étrange"
Le patronat ne semble d’ailleurs pas très emballé par cette première édition de la conférence sur l’emploi. Dans un communiqué commun envoyé mercredi en fin de journée, la Fédération des employeurs de Belgique (FEB), l’Union des classes moyennes (UCM) et son pendant flamand Unizo, le Boerenbond (agriculture) ainsi qu’Unisoc (secteur social) se sont d’abord étonnés que la priorité de la conférence était les fins de carrière harmonieuses, "un choix étrange car pour atteindre un taux d’emploi de 80 % et relever les énormes défis auxquels notre marché du travail est confronté, on ne peut pas se limiter à la fin de carrière".
Les organisations patronales réclament une action rapide et l’initiation de réformes majeures à plus long terme : remédier d’urgence à l’inadéquation entre les emplois vacants et les chômeurs ou inactifs ; miser sur l’apprentissage tout au long de la vie ; miser sur l’agilité et la flexibilité ; être moins rigide dans les coûts salariaux et les coûts de licenciement…
Des pistes qui, on s’en doute, ne seront pas nécessairement les mêmes côté syndical. Le ministre Dermagne a promis de préparer sa réforme en concertation avec les interlocuteurs sociaux. La partie est loin d’être gagnée.