La main tendue de Jan Jambon à la Wallonie suscite bien des soupçons
La Wallonie attend surtout une réponse du gouvernement fédéral.
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- Publié le 28-09-2021 à 19h59
- Mis à jour le 29-09-2021 à 17h24
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Mardi, le gouvernement wallon a entamé un conclave très important qui doit lui permettre de constituer son budget pour l'année 2022. Très important, parce que le gouvernement travaille sur plusieurs tableaux. Le premier vise à gérer les recettes et dépenses ordinaires en poursuivant la trajectoire initiée en 2019 et qui doit ramener les finances wallonnes à l'équilibre en 2024. Le second étant la gestion des moyens colossaux qui permettront à la Wallonie de se relancer après le Covid et surtout de reconstruire tout ce que les inondations de la mi-juillet ont détruit. Avec, en toile de fond, une dette qui explose pour atteindre les 21 milliards d'euros dont 7 sont liés au Covid et aux inondations.
Les 600 millions du fédéral
À propos des inondations, la Wallonie s’est engagée à assumer financièrement de nombreuses dépenses. Celles qui ne seront pas prises en charge par les assurances, celles pour les personnes non assurées ainsi que toutes celles qui sont liées aux infrastructures publiques à reconstruire.
La semaine dernière, le secrétaire d’État à la Relance du gouvernement fédéral, Thomas Dermine (PS), déposait sur la table du gouvernement De Croo une proposition d’aide à la Wallonie pour la reconstruction de ses infrastructures tournant autour des 600 millions d’euros. Il considère que l’État fédéral doit pouvoir venir en aide à l’une de ses régions frappée par un drame.
Le ministre wallon du Budget, Jean-Luc Crucke (MR), a jugé le montant insuffisant. Il n’en a pas moins salué la proposition de Thomas Dermine.
La demande d'aide a provoqué les remarques désobligeantes de deux membres éminents de la N-VA. Du président du parti, Bart De Wever, dont les propos n'étaient pas sans rappeler ceux tenus par les pays européens les plus riches à l'égard de la Grèce pendant la crise financière. Et puis ceux de Sander Loones, député fédéral, qui se demandait l'intérêt de donner de l'argent à la Wallonie, considérant qu'il n'y avait aucune certitude quant à la bonne utilisation de ces moyens. Des propos souvent entendus à l'égard de pays pauvres gérés par des dictateurs.
Quelques jours plus tard, c’est la Flandre qui s’est manifestée par la voix de son ministre-Président, Jan Jambon (N-VA). Ce dernier a, en effet, proposé d’accorder un prêt à la Wallonie ou une garantie.
Du côté wallon, on évite pour l’instant de trop condamner cette proposition flamande tout en n’en tenant pas vraiment compte. Le ministre-Président wallon, Elio Di Rupo (PS), répondra probablement à l’invitation faite par Jambon d’en discuter. Par pure politesse ou par réel intérêt ? On penche aujourd’hui plutôt pour la première.
Sincérité, cynisme ou maladresse ?
Certains considèrent au passage que la proposition flamande émanant d’un ministre-Président N-VA va à l’encontre de la sentence de Sander Loones, puisque, si la Flandre se montre disposée à prêter de l’argent à la Wallonie, c’est que cette dernière n’est pas si mal gérée que cela. On retient aussi qu’aujourd’hui encore de nombreux Flamands bénévoles apportent leur aide aux sinistrés de la mi-juillet. C’est peut-être en partie cette solidarité citoyenne importante qui a poussé le gouvernement dirigé par Jan Jambon à faire cette proposition.
En Wallonie, c’est la discrétion qui domine chez les élus. Un peu abasourdis, certains penchent pour une proposition sincère mais maladroite du premier des Flamands, d’autres y voient au mieux une pure stratégie politique et au pire la marque certaine du cynisme habituel affiché par la N-VA. Quelques-uns encore rappellent que c’est Jambon, lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, qui a procédé à la réforme de la Protection civile et que cela aurait rendu plus difficile le sauvetage des sinistrés pendant les inondations. Bref, les élus wallons sont circonspects.
En attendant, le gouvernement wallon attend une réponse du fédéral. Une réponse qui ne vient pas alors que le conclave a démarré et qu’une aide financière conséquente permettrait aux finances wallonnes de respirer un peu et d’atténuer le coût important généré par le Covid et par les inondations.