Pourquoi le gouvernement fédéral ne peut pas faire de don à la Wallonie
Le Premier ministre veut doter le pays d’un mécanisme de solidarité intrabelge.
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- Publié le 30-09-2021 à 20h53
- Mis à jour le 30-09-2021 à 20h54
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L'aide du gouvernement fédéral sous forme d'un prêt de 1,2 milliard d'euros à la Wallonie pour l'aider à se reconstruire après les inondations de la mi-juillet était la seule solution possible. C'est du moins ce qu'a affirmé, jeudi, le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) lors de la conférence de presse de présentation de l'accord intervenu entre son gouvernement et le gouvernement wallon. "Je suis lié par la Loi spéciale de financement qui dit ce qui est possible et ce qui ne l'est pas en la matière. Et le fédéral ne peut pas procéder via un système de don."
La Wallonie a donc bien été contrainte d'acter cette décision et de s'en accommoder. Pour le ministre wallon du Budget, Jean-Luc Crucke (MR), ce prêt présente néanmoins plusieurs avantages. "Les règles de la solidarité ont été submergées par les lois du marché. Mais disposer de cette somme est essentiel et nous permet de diversifier nos sources de financement. Le fait de rembourser ce prêt sur 15 ans avec un stand still de cinq ans (NdlR, une suspension du remboursement) est intéressant. Cela nous permet de nous relever et d'envisager l'avenir avec sérénité. Le deal est correct. Il n'y avait pas d'autres solutions si on voulait que les choses aillent rapidement et éviter les problèmes communautaires qui ne sont jamais loin. Alexander De Croo a pris ses responsabilités."
Pour le ministre wallon du Budget, en plein conclave budgétaire, cet accord est aussi "un signal donné à tous ceux qui veulent croire en cette région dévastée".
"On se bouscule"
La Wallonie sollicitera-t-elle aussi la Flandre qui s'était proposée pour lui prêter de l'argent? "S'il est vrai que le gouvernement flamand en a parlé, il ne nous a pas écrit officiellement. Ce que je trouve intéressant dans cette histoire, c'est que l'on se bouscule pour nous prêter de l'argent. C'est que nous ne sommes pas de si mauvais gestionnaires", ironise Jean-Luc Crucke.
D'autres mesures sont d'ailleurs prévues pour la reconstruction. Le gouvernement fédéral va contacter la Commission européenne pour savoir si des "fonds supplémentaires peuvent être mis à disposition dans le cadre de NextGenerationEU, l'instrument temporaire de relance européenne", explique aussi Alexander De Croo.
Un taux de TVA réduit à 6 % pour la démolition et la reconstruction dans les zones sinistrées sera appliqué jusqu’à la fin de l’année 2022. Le gouvernement fédéral s’engage à réévaluer la mesure à ce moment-là pour envisager une éventuelle prolongation.
Il est également prévu, pour les employeurs qui décideraient d’investir dans les zones d’aides et les zones franches, une réduction de 25 % du précompte professionnel sur les salaires des nouveaux travailleurs qu’ils embaucheront.
Les mesures de soutien mises en place dans le cadre de la crise Covid, comme le recours au chômage temporaire, seront également proposées aux entreprises touchées par les inondations.
Précisons encore que la protection civile continuera de mener, en collaboration avec la défense, les actions de soutien qu’elle effectue actuellement - par exemple, la vidange des cuves à mazout endommagées. Elle participera aussi au nettoyage des berges. Les zones de police locales seront renforcées dans les endroits les plus touchés afin de sécuriser les quartiers. Quant à la Défense, elle continuera à distribuer des repas.
Un mécanisme de solidarité permanent
Des intempéries comme celles que la Belgique a connues cet été pourraient bien à l'avenir se reproduire. Les spécialistes du changement climatique considèrent aussi que des sécheresses et de fortes chaleurs sont également à craindre avec pour conséquences des incendies importants. Alexander de Croo souhaite donc que, pour l'avenir, un mécanisme structurel de solidarité intrabelge soit mis en place. "L'aide apportée aujourd'hui à la Wallonie est une aide adéquate. Mais c'est la première fois que nous devons en passer par là. Il faudrait que dans le futur nous puissions, comme le fait l'Allemagne, disposer d'un mécanisme permanent." C'est pour cette raison que le Premier ministre a invité officiellement les ministres-Présidents des Régions et Communautés à en débattre au sein du Comité de concertation.