Christie Morreale :"Depuis l’annonce du CST, quatre fois plus de personnes s’inscrivent à la vaccination"
La ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale (PS), martèle que la vaccination reste la meilleure défense contre le Covid-19. Le Covid Safe Ticket a un impact positif sur la vaccination au sud du pays. Et 60 000 troisièmes doses ont déjà été administrées en Wallonie.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/f394a229-cc41-4a6d-bbe2-7a0025d5130c.png)
- Publié le 23-10-2021 à 07h00
- Mis à jour le 25-10-2021 à 16h50
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/VRCFJUDXAJFWTFVJA6HANKBEYM.jpg)
La Wallonie vient de franchir le cap symbolique des 70 % de sa population ayant reçu au moins une dose d’un vaccin contre le Covid-19 (et 82 % des adultes). Mais la ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale (PS), ne cesse de marteler son message : il faut continuer à vacciner, encore et encore, pour passer l’automne sans nouvelles fermetures de secteurs d’activité.
Les contaminations et les hospitalisations liées au coronavirus augmentent. Cela vous inquiète-t-il ?
On observe surtout une hausse des contaminations, et elle était attendue. Les modèles mathématiques montrent qu'on est dans une période charnière à cause de la saisonnalité du virus, de la reprise des contacts, de la fin du télétravail, etc. Tous ces éléments font qu'on savait qu'on allait arriver à une augmentation des contaminations. La question qui nous occupe est de savoir si cela va être suivi d'une pression sur les hôpitaux. Pour l'éviter, on doit continuer à augmenter le taux de vaccination et mettre un boost pour les personnes les plus fragiles.
Ce boost, c’est la troisième dose de vaccin. Combien ont déjà été administrées en région wallonne ?
Plus de 60 000 personnes immunodéprimées ont déjà reçu leur troisième dose. Il en reste à peu près le même nombre. On a invité toutes les personnes immunodéprimées à recevoir une troisième dose, et on termine les invitations pour les plus de 65 ans. Les gens doivent bien avoir conscience que, s’ils ont reçu un courrier, c’est qu’il est important qu’ils se fassent vacciner car ils ont moins de défenses et on est dans une période à haut risque.
Mais y a-t-il, à terme, un risque de saturation des hôpitaux comme l’année dernière à pareille époque ?
Nous espérons que le système pourra tenir, que la vaccination va amortir le choc. Il faut donc, un : que les gens non vaccinés aillent se faire vacciner. Deux : reprendre des règles de distanciation physique, d’hygiène, les gestes barrières. Et nous espérons qu’avec le Covid Safe Ticket (CST) en plus, nous aurons suffisamment de cordes à notre arc pour passer l’automne sans devoir refermer des secteurs.
Le CST entre en vigueur le 1er novembre en Wallonie. Constate-t-on déjà un impact sur la vaccination ?
Oui, je suis contente de voir l’augmentation des inscriptions des personnes pour la première dose. Avant que l’on annonce notre intention d’adopter le CST, aux alentours du 20 septembre, on avait à peu près 600 personnes par jour qui étaient primo-vaccinées. On est ensuite passé en moyenne à 1 200 par jour. Et depuis l’annonce de la mise en place imminente du CST, on est quasi à 2 600-2 700 personnes par jour. On a quatre fois plus de personnes qui s’inscrivent à la vaccination.
Le CST semble donc motiver les gens à se faire vacciner. Était-ce l’un des effets recherchés ?
Le premier objectif du CST, c’est de réduire les risques et de rassurer certains secteurs - comme l’Horeca, la culture, l’événementiel, qui sont les premiers concernés par les risques de fermeture. Et puis, effectivement, le corollaire, c’est une adhésion encore un peu plus importante à la vaccination. Et cela, c’est positif.
Pourrait-on alléger les règles de quarantaine dans les écoles, comme Bénédicte Linard (Écolo), la ministre de la Santé en Communauté française, le demande ?
On est ouverts à une évaluation. On va en discuter mercredi lors de la conférence interministérielle Santé. Mais on va envisager la quarantaine dans un cadre global qui tienne compte de l’éducation de manière générale, de la sensibilisation à la vaccination pour les 12-17 ans, du tracing, etc. J’ai le sentiment que, vu les contaminations, il est important de s’assurer que personne ne transmette la maladie sans le savoir à des populations plus fragiles, notamment au sein des familles. C’est l’un des éléments clés.
On entend parfois que la gestion de la crise sanitaire a un impact plus négatif sur les enfants que le virus lui-même. Qu’en pensez-vous ?
On a mis l’éducation au cœur de nos priorités, avec la santé publique. On a mis en place des règles - comme la sensibilisation des adultes - qui permettent aux enfants de ne pas porter le poids de la gestion de l’épidémie. Mais il faut trouver un équilibre global dans la société qui permette aux enfants de continuer à vivre dans une certaine normalité, tout en ayant à l’esprit que la normalité est relative vu la crise que l’on traverse.
Les PSE (Promotion de la santé à l’école) ne veulent plus assurer le tracing dans les écoles, tellement ils sont débordés. Confirmez-vous que la Région wallonne, via l’Aviq (l’agence wallonne de santé), va reprendre cette tâche après le congé de Toussaint ?
Oui. Les PSE ont visiblement du mal. L’Aviq va le faire pour le compte de la Communauté française. Cela va demander des efforts en termes d’organisation, on va engager une quarantaine de personnes supplémentaires. Évidemment, la facture sera transférée après à la Communauté française.
Budget wallon : "La Santé est exemptée de nouvelles économies"
Le gouvernement wallon a décidé de réaliser 150 millions d’euros d’économies par an. Avez-vous identifié dans vos attributions les postes sur lesquels vous allez réaliser une partie de ces économies ?
Oui, ce seront des efforts de lissage dans le temps. L’épidémie a empêché de prendre certaines mesures dont les dépenses pourront être lissées dans le temps. Cela dit, la Santé est exemptée d’économies. C’est la même chose au fédéral. La Santé jouit d’une sorte d’immunisation. On ne peut pas dire au lendemain de la crise sanitaire qu’on va réduire les places pour les personnes en situation de handicap ou qu’on va rogner dans les budgets du personnel des soins de santé.
Comment la Wallonie a-t-elle traversé la crise sanitaire sur le terrain de l’emploi - l’une de vos compétences ministérielles ?
Le taux d’emploi en Wallonie est revenu au niveau d’avant la crise (65,4 % pour les 20-64 ans à la fin du 2e trimestre 2021). Cela veut dire que les mesures qu’on a prises pour soutenir l’emploi étaient positives et utiles. On avait des craintes que l’on se retrouve avec des fermetures d’entreprises et des milliers de travailleurs sur le carreau. Ce n’est pas le cas. On s’est endettés au profit des travailleurs, et cela a donné des résultats.
La réforme du Forem, l’office de l’emploi en Wallonie, a été votée mardi en commission du Parlement régional. Quelle logique sous-tend cette réforme ?
La réforme de l’accompagnement des demandeurs d’emploi est une réorganisation des services du Forem afin de passer d’un système de guichet à un système de coaching et de conseils personnalisés. On avait un système qui était le fruit de la réforme de l’État, qui faisait de l’accompagnement un peu linéaire et du contrôle systématique. On en arrivait à des situations absurdes où un agent contrôlait une personne qui était en train de suivre une formation… On a préféré concentrer les moyens sur un suivi personnalisé, qui s’adapte au profil du chercheur d’emploi.
Qu’est-ce que cela va changer ?
On va, par exemple, avoir un système de matching dans lequel les demandeurs d'emploi se positionnent sur un métier et le Forem envoie des offres d'emploi qui correspondent plus précisément à leur profil et leurs compétences. On va donc beaucoup investir dans la numérisation des services. Le but est aussi de mieux positionner le demandeur sur ses compétences et ses qualifications. Si la personne n'a pas de diplôme, elle va pouvoir dire quelles sont ses compétences et passer une sorte de certification pour les valoriser.
Et pour les personnes moins qualifiées, plus éloignées du marché de l’emploi ?
On va faire un coaching intensif. Le demandeur qui a besoin d’un suivi plus particulier aura un conseiller de référence au Forem. Il pourra aussi avoir un suivi plus spécialisé, grâce à un pool de conseillers par sphère d’activité - numérique, construction, soins, etc. On va adapter le travail du Forem à la personne. Aujourd’hui, par exemple, on constate qu’une femme peu qualifiée va être directement orientée vers le secteur du nettoyage, alors qu’on cherche énormément de personnes dans d’autres secteurs qui, moyennant une petite formation, mèneront à des métiers plus stables, moins pénibles et plus rémunérateurs. C’est le cas, notamment, des machinistes dans le secteur de la construction.
Et qu’en sera-t-il du contrôle ?
On n’aura plus un contrôle automatique. Les conseillers auront des balises et signaleront, par exemple, si la personne ne vient pas aux rendez-vous qui lui sont fixés ou est de mauvaise volonté. En Flandre, cela fonctionne de cette manière. On a moins de sanctions, mais un meilleur accompagnement, ce qui est l’objectif.