À Bruxelles, les citoyens veulent pouvoir intervenir dans la gestion des crises
36 Bruxellois tirés au sort et 10 députés ont rédigé en ce sens 22 recommandations.
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Publié le 30-10-2021 à 15h56 - Mis à jour le 30-10-2021 à 16h53
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La conclusion qui ressort du rapport rédigé de concert par les 36 Bruxellois tirés au sort et par les 12 députés (moins deux PTB qui ont choisi de boycotter le processus) est sans appel : le citoyen veut que les décideurs politiques le consultent régulièrement lorsqu’ils sont amenés à prendre des décisions en amont des crises et durant celles-ci. La pandémie de Covid-19, les inondations de la mi-juillet, la crise climatique, les enjeux énergétiques… les sujets de débat abordés durant le mois d’octobre au sein de l’hémicycle francophone bruxellois (Cocof) ne manquaient pas.
Une structure permanente de citoyens
Au terme de cinq rencontres balisées autour de la manière d’impliquer la population à la prévention et à la gestion de crise, 22 recommandations ont été formulées par cette dénommée "commission délibérative mixte".
La première de ces recommandations témoigne sans conteste de la volonté des citoyens de s’imposer structurellement dans la gestion de la chose publique, singulièrement en temps de crise. La commission recommande en effet d’instaurer une structure permanente de citoyens et de citoyennes, au niveau de la Région de Bruxelles-Capitale, renouvelée une fois tous les deux ans et chargée d’émettre des avis quant à la prévention, à la gestion - dans la mesure où l’urgence le permet - et à l’évaluation d’une crise. Selon la nature de la crise, la structure de citoyens fait appel à des experts, acteurs économiques, sociaux et environnementaux mais aussi en santé publique et en sécurité afin de se faire conseiller et, à terme, de conseiller le gouvernement lui-même.
En réalité, l'idée circulait déjà publiquement depuis un petit temps. L'épidémiologiste de l'ULB Marius Gilbert s'est, par exemple, souvent exprimé ces derniers mois dans la presse en faveur d'une plus grande intégration des citoyens au processus décisionnel. "Écouter les experts ne suffit pas", estime-t-il. C'est aussi l'avis de Bernard De Vos, délégué général aux droits de l'enfant, qui plaide pour une véritable implication des jeunes citoyens dans la prévention et la gestion des crises.
"Dans un contexte où les crises se font de plus en plus fréquentes, nous ne pouvons pas faire l'économie d'une préparation sérieuse aux crises qui veille à intégrer les citoyens et citoyennes à chaque étape", martèle Magali Plovie (Écolo), présidente du Parlement francophone bruxellois et de la commission délibérative.
Être prêts à agir
Depuis le commencement, l’écologiste défend la démocratie délibérative dans la capitale et le principe même du tirage au sort de citoyens. Sur la forme, d’ailleurs, l’intéressée constate que députés et citoyens ont dû apprendre à changer leurs modes de fonctionnement pour construire ensemble leurs propositions.
Parmi les autres recommandations phares figure la création d’une réserve de citoyens volontaires, mobilisables en temps de crise. Ce serait, par exemple, le cas s’il fallait envoyer urgemment des renforts dans des zones sinistrées à cause d’inondations. Citoyens et députés souhaitent également étendre l’accessibilité aux formations de sécurité et de gestion de crise dans le but d’augmenter la capacité de réaction de la population face aux crises. La commission recommande par ailleurs d’élaborer à l’avenir un plan uniformisé de communication de crise, en impliquant les citoyens. Elle se dit enfin favorable à la création d’une cellule citoyenne dans l’organigramme des administrations publiques.
Reste à voir ce que le Parlement fera de ces 22 recommandations. En principe, il est tenu d’apporter un suivi à celles-ci dans les neuf mois à venir ou de se justifier s’il n’y donne pas suite.