La Belgique, champ de bataille de l’Europe et trésor d’histoire
Un réseau fédère désormais tous les sites du patrimoine militaire du pays. Pour la recherche et le tourisme.
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Publié le 12-11-2021 à 06h50 - Mis à jour le 12-11-2021 à 07h48
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La Belgique a été le champ de bataille de l’Europe et, de l’Yser à Bastogne, un nombre incalculable de sites, musées, bunkers, forts et monuments rappellent combien notre pays a vu les armées étrangères se battre sur son territoire, faire couler le sang, ébranler les empires.
Curieusement, aucune plateforme n’avait jusqu’ici fédéré sur le plan national cet immense trésor d’histoire et de mémoire. C’est chose faite depuis lundi. Le War Heritage Institute (WHI) - l’institution fédérale chargée du patrimoine militaire et de la mémoire - et la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS), ont inauguré, lundi, au musée royal de l’Armée à Bruxelles, un réseau qui va permettre de relier toutes les initiatives lancées dans les régions et communautés du pays.
Le WHI bénéficie d'un budget annuel de 13 millions d'euros de la Défense. Surtout, trois militaires y ont été détachés pour mener à bien ce projet. Ludivine Dedonder, qui fut échevine du Tourisme à Tournai, considère le WHI comme "un partenaire indispensable de la Défense car il explique notre histoire". Elle souligne combien cette initiative "rassemble les forces vives" pour assurer la transmission de la mémoire aux nouvelles générations, mais aussi pour exploiter "le potentiel du tourisme mémoriel" de chaque site.
Le réseau inauguré lundi est avant tout un site internet (www.belgiumbattlefield.be), qui permet aux touristes, historiens et étudiants de localiser facilement les batailles menées sur le territoire belge. Des fonctions de recherche permettent de sélectionner des sites selon une province ou une période, ce qui pourrait donner des idées de week-end aux amateurs. Le site internet énumère aussi les événements ponctuels, comme l'exposition "Trains et espionnage" qui s'ouvre le 12 novembre au Mons Memorial Museum ou la Fête médiévale de Bouillon, qui aura lieu l'été prochain. Le site est en français et en néerlandais et gagnerait à inclure l'anglais pour attirer davantage de touristes.
Steenkerque ou Malplaquet
"Belgium, Battlefield of Europe" donne aussi la chance à des structures plus petites de rejoindre un réseau plus puissant. Chaque année, près de 30 000 personnes visitent le fort d'Eben-Emael, mais qui connaît, à 35 km de là, le fort de Flémalle et son musée, qui ne sont fréquentés que par 350-400 personnes par an ? Pourtant, grâce à la 3D, des bénévoles y ont reconstitué l'ambiance de la Seconde Guerre mondiale dans ce fort tel qu'il était en 1940, complet et armé. "Des Flémallois ignorent son existence, mais on a eu un spécialiste venu de Californie et d'autres de Suède", explique Grégory Bovy, guide de l'ASBL qui gère ce site.
L'internaute peut aussi découvrir des batailles moins connues comme celle de Steenkerque (1692) ou encore celle de Malplaquet (1709), qui se déroula à cheval sur l'actuelle frontière franco-belge. "J'ai eu la chance de voir La Liste de Schlinder et d'en parler avec des gens qui avaient vécu la guerre. Les générations actuelles n'ont plus cette chance. D'où l'importance de perpétuer la mémoire" de ces innombrables batailles et guerres, félicite Jean-Philippe Preumont, de la Région Wallonne.