Grâce au nucléaire, le MR et la N-VA se rapprochent (un peu)
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- Publié le 14-11-2021 à 21h18
- Mis à jour le 29-11-2021 à 19h08
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Le MR fait-il le jeu de Bart De Wever ? Dans la multiplication de ses déclarations sur le dossier nucléaire, Georges-Louis Bouchez vient de franchir une ligne politique qui a bousculé l'alter ego flamand de son parti, l'Open VLD. Mercredi, sur La Première, le président des libéraux francophones s'est montré particulièrement compréhensif à l'égard de l'attitude de la ministre flamande du Climat, Zuhal Demir (N-VA).
Campée sur ses compétences régionales, cette dernière refuse d'octroyer le permis nécessaire à la construction d'une centrale au gaz à Vilvorde. Ce dossier est sensible puisqu'il est lié au projet de sortie de l'énergie nucléaire pour 2025. La N-VA, au pouvoir en Flandre mais dans l'opposition au fédéral, met ainsi Alexander De Croo dans l'embarras en hypothéquant la réalisation de l'un des points les plus emblématiques de l'accord de majorité de la Vivaldi. "Zuhal Demir a pris une décision en faveur de l'environnement, plutôt que l'inverse", a toutefois déclaré Georges-Louis Bouchez.
"Un incident grave"
Le ton très libre du président du MR commence à agacer en Flandre. Certains libéraux flamands estiment qu'il est allé een brug te ver, un pont trop loin… Citée par nos confrères du Tijd , vendredi, une source Open VLD affirme que la fougue du jeune Montois complique le travail du Premier ministre, qui est pourtant de la même famille politique. "Bouchez n'est pas un partenaire fiable", entend-on. Un député libéral siégeant au Parlement flamand estime également que les déclarations de Georges-Louis Bouchez en faveur de Zuhal Demir sont "un incident grave" : en plus de parasiter la vie de la coalition fédérale, voilà qu'il se permet de commenter le travail du gouvernement flamand…
Dégel des relations
Au-delà de ces difficultés, la perspective visible d'une réconciliation entre le MR et la N-VA inquiète certains informateurs. " Le dossier nucléaire va rapprocher le MR et la N-VA", confiait récemment l'un d'entre eux. Comme le MR, les nationalistes flamands se disent ouverts à la prolongation de la durée de vie de centrales au-delà de 2025, voire à la construction de nouvelles unités ultramodernes.
Fin juillet 2020, alors que la N-VA et le PS avaient la main pour tenter de mettre fin à la crise gouvernementale au fédéral, Bart De Wever avait voulu éjecter les libéraux francophones des discussions. Paradoxalement, ce "coup" politique avait facilité la mise en place de la Vivaldi, une coalition… sans la N-VA. Depuis lors, les relations entre le MR et les nationalistes flamands sont restées glaciales. Ces deux formations s’étaient pourtant bien entendues en 2014 afin de former une coalition de centre droit (MR, N-VA, Open VLD, CD&V) dirigée par Charles Michel.
D'où cette idée, qui commence à circuler : si les élections de 2024 en donnaient la possibilité arithmétique, ne faudrait-il pas mettre en place le même type de majorité au fédéral ? "Les positions du MR et de la N-VA sont semblables sur 80 % des dossiers. C'est seulement l'institutionnel qui les divise", constate un fin observateur de la vie politique. Pour rappel, le MR de Georges-Louis Bouchez a pris un virage "unitariste" tandis que la N-VA prône le "confédéralisme" (en fait, un fédéralisme poussé à l'extrême).
Une "suédoise II" (avec l’appui éventuel de Vooruit, les socialistes flamands) est-elle possible pour la prochaine législature ? On n’en est pas là. Georges-Louis Bouchez ne manque aucune occasion de faire remarquer en Flandre que la N-VA a voulu gouverner au fédéral avec le PS, mais sans le MR.
De Wever veut un deal avec la gauche
Bart De Wever, lui, reste sur l'idée d'une nouvelle réforme de l'État dont le prix sera une alliance avec la gauche francophone. Dans le dernier numéro du magazine Humo, le président de la N-VA le dit clairement : "Ma seule option est de faire un deal avec la gauche wallonne. Je ne peux pas gérer convenablement le pays avec elle, mais, par contre, je peux le transformer en une confédération."