Dans les coulisses du Codeco : "Il a fait sourire tout le monde", "Weyts n’en fait qu’à sa tête", "Frank, tu stigmatises les écoles francophones"
Les membres du Comité de concertation ne pensaient pas revoir ce genre de scène. Mais, face à la quatrième vague épidémique qui déferle sur la Belgique, le Codeco a dû renouer avec l’adoption de mesures restrictives.
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Publié le 17-11-2021 à 21h33 - Mis à jour le 18-11-2021 à 06h50
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La réunion de mercredi s’annonçait particulièrement délicate : le PS avait fait monter la pression préalablement en optant publiquement pour une vaccination obligatoire pour toute la population.
Elio Di Rupo (PS), le ministre-Président wallon, avait annoncé qu'il mettrait cette proposition de Paul Magnette sur la table du Codeco. Et il l'a fait… mais le point a été aussitôt enterré. "Elio a voulu aborder le sujet en partant de la question de la vaccination du personnel soignant mais on le voyait venir. C'était tellement visible qu'il a fait sourire tout le monde", s'amuse un membre du Codeco.
Cette tentative a été déviée par Vincent Van Quickenborne, le vice-Premier ministre Open VLD, qui semblait agir de concert avec le Premier ministre, très sceptique à l'égard d'une obligation générale. "De Croo a été agacé par le PS qui a fortement exprimé son point de vue sur la vaccination avant le Codeco", analyse un témoin avisé.
Selon cette source, les socialistes Rudi Vervoort, ministre-Président bruxellois, et Pierre-Yves Dermagne, vice-Premier ministre, ne sont pas venus en aide à Elio Di Rupo dans ce débat miné… "Le PS a joué aux apprentis sorciers", déplore l'un des négociateurs du jour. "Comme avant le conclave budgétaire de la Vivaldi, les socialistes se sont livrés à un drôle de jeu, en faisant des effets d'annonce", peste un autre.
Un autre sujet a crispé les membres du Codeco : la question de la ventilation et des taux de CO2 dans les écoles. "Frank (Vandenbroucke) voulait mettre des appareils de mesure dans toutes les classes, note un décideur politique. Il trouvait qu'on n'en faisait pas assez." Se sentant visé par le ministre fédéral de la Santé, Pierre-Yves Jeholet (MR), ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, lui a répondu sèchement : "Frank, comme toujours, tu stigmatises les écoles francophones !"
Ben Weyts "n’en fait qu’à sa tête"
Mais l'agacement se trouvait également du côté flamand de la table. En cause ? Toujours ces appareils de détection du CO2 dont l'usage pourrait être davantage généralisé. Frank Vandenbroucke, inquiet de la remontée importante des contaminations, a décoché quelques flèches vers Ben Weyts (N-VA), le ministre flamand de l'Enseignement.
"Clairement, il y a une grande méfiance entre les deux hommes, nous confirme-t-on à bonne source. Il est vrai que Ben Weyts n'en fait qu'à sa tête. Vandenbroucke le lui a dit devant tout le monde, d'ailleurs. Sur la mesure du taux de CO2 dans les classes, Jan Jambon (N-VA, ministre-Président flamand) a répondu qu'il était prêt à travailler sur ce point mais que cela relevait de la compétence de la Flandre, pas du fédéral. Il y a eu une petite guerre de compétences…"